1) Votre pays d’origine ? Ussura.
Je viens du Douma de Molhyna, et je suis la fille du gouverneur d’Einiseisk.
2) A quoi ressemblez-vous physiquement ?
À qui, plutôt ? Je ressemble à ma mère, Palladia. J’ai ses pommettes hautes et larges, ses cheveux épais, d’un blond presque blanc. J’ai ses lèvres pleines et sa taille élancée. De mon père, je possède l’attachement à nos terres et la clémence, que d’aucuns appellent faiblesse, envers les plus démunis.
3) Avez-vous des manies, des tics spécifiques ?
J’ai tendance à me rouler en boule avant de me coucher, une manie de tigre et de loup et à regarder fixement mes interlocuteurs, une manie de hibou.
4) Quelle est votre motivation principale ?
Je veux mettre fin à la terreur de l’Oprechina. J’ignore ce qui a transformé Vladimir, notre knias, en monstre sanguinaire et je ne peux croire que ce soit la volonté de Matushka. Je ne peux croire que cet homme, que j’ai rencontré il y a sept ans, alors que je n’étais qu’une adolescente et qui s’est penché vers moi en m’appelant « petite sœur », soit devenu un tyran. Mon père pense qu’il est aussi fou que l’était son frère. Pour lui, c’était inévitable qu’il devienne comme ce monstre. Moi, je ne sais pas s’il peut être sauvé, mais les rêves que je fais me laissent penser que oui : je vois un corbeau emprisonné au sommet d’une tour en ruines, balayée par un vent, qui charrie des spectres de glace. Pour mon père, la meilleure des choses à faire est de profiter des velléités d’indépendance des Kosars pour faire sécession. Ainsi, la ville et la région échapperaient à la folie du knias et de ses séides. Je ne crois pas en son plan. Il dépend de bien trop d’éléments et plongera le douma dans le sang.
5) Quelle est votre plus grande force ? Votre plus grande faiblesse ?
J’ai reçu très tôt les dons de Matushka. Je sais que le Pyeryem est puissant, en moi et je le ressens chaque fois que je suis en contact avec ses enfants. C’est là ma plus grande force. Ma plus grande faiblesse ? Je n'ai malheureusement pas reçu l'éducation d'une future dirigeante.
6) Avez-vous des goûts et dégoûts particuliers ?
J’aime la musique et le chant, j’aime sentir le vent gonfler mes ailes et le crissement de la neige sous mes pattes, j’aime les longues nuits d’hiver et l’odeur des sapins en été. J'aime chasser lorsque je suis animale. J'aime le smokva de Nana, notre cuisinière. Je déteste me sentir enfermée. Je déteste la pêche et l'huile de poisson au petit-déjeuner(beurk).
7) Quels sont vos principaux traits de caractère ?
Déterminée, courageuse, rancunière.
[8)ue redoutez-vous le plus ?
J’ai peur d’une guerre civile. J’ai peur que l’Oprechina finisse par réduire à néant la douma et ma famille.
9) Quelle est votre ambition première ? Votre principale passion ?
Je souhaite succéder à mon père à la tête de la région. J’en ai les épaules, même s’il semble en douter.
10) Quelle opinion avez-vous de votre pays d’origine ?
Vaste, magnifique et sauvage. J’aimerais simplement que les hommes se laissent moins aller à leurs pulsions et à la violence, et qu’ils cessent de croire que la volonté de puissance est dans l’ordre naturel des choses, parce que c’est faux.
11) Avez-vous des préjugés ?
Comme tout le monde, non ? Je n’aime pas les Kozars et les Tibesti me font un peu peur. Je crois que les nobles de certaines grandes villes ont un peu trop perdu leur connexion avec la terre.
12) Envers qui ou quoi êtes-vous le plus loyal ?
Je suis d’abord loyale envers Matushka et les « frères et sœurs » qu’elle m’a donnée. Ensuite, je suis loyale envers ma douma et ma famille, et je suis loyale envers moi-même, mes convictions.
13) Êtes-vous amoureux, marié ou fiancé ?
Ivan Alexandrovich Serenkov, un boïar voisin, a demandé ma main. Mais ce n'était pas un homme de bien. Il ne se souciait pas du sort des muzhiks et de l’avenir de la région, mais juste de son propre pouvoir. Je l'ai dit, publiquement (mon père ne voulait pas comprendre qu'il était hors de question que j’épouse cet homme). Et comme cela ne suffisait pas, je l'ai menacé. Publiquement, encore. Ivan a considéré cela comme une offense. C'en était une, je l'avoue. Il y a eu escarmouche. Ivan Alexandrovich Serenkov a été remis à sa place, mais mon père m'en a beaucoup voulu.
14) Qu’en est-il de votre famille ?
Mon père est le dirigeant d’Einiseisk. C’est un homme de paix, respectueux des valeurs de Matushka, mais il a peur de se confronter directement à l’Oprechina, ou du moins de se risquer à « s’afficher » comme opposant. Et je crois qu’il n’accorde pas beaucoup de crédit aux femmes. Maman vient de la capitale de notre Douma. En plus d’être intelligente et belle, c’est une peintre très talentueuse et ses icônes ont beaucoup de succès.
J’ai des cousins et cousines, mais je ne les vois pas très souvent. Le seul dont je sois proche, c’est Leos Dmitrov Korsakovitch. Leos est mon plus jeune oncle du côté de ma mère : il n’a que vingt-huit ans. C’est un poète et un compositeur de talent. Il s’est installé à Pavtlow il y a deux ans, et c’est sur lui que je compte pour m’héberger.
15) Comment vos parents et vos proches vous décriraient-ils ?
Je crois que mon père vient juste de réaliser que je ne suis pas une enfant, mais bel et bien une adulte capable de dire « non ». Cela ne l’a pas plus poussé à tenir compte de mes opinions – et j’imagine que ma mésaventure avec Ivan n’a pas arrangé les choses. Pour lui, je reste une idéaliste, qui vit dans un monde de symboles et d’animaux sauvages et ne comprend pas bien ce qu'est la réalité. Je crois que maman pense que je devrais passer plus de temps à cultiver mes talents humains (le chant) et aurait souhaité m'envoyer dans sa famille, pour y apprendre la musique aussi. Elle pense que je suis un peu trop "sauvage". Malgré tout, je crois qu’elle est assez fière de moi.
16) Respectez-vous un certain code de l’honneur ?
Je crois en la parole donnée.
Je respecte aussi la vie et ne tue que pour me nourrir.
17) Êtes-vous croyant, si oui, quel dogme suivez-vous ?
Je révère avant tout Matushka et suis ses codes. Je ne manque jamais de verser une fois l’an mon sang sur sa terre pour la nourrir. J’assiste de temps à autre à des cérémonies orthodoxes, mais honnêtement, cela m'ennuie. Le prêtre de notre famille m'ennuie encore plus, d'ailleurs. Mon unique ferveur va à Grand-Mère Hiver…
18) Êtes-vous membre d’une guilde ou d’une société secrète ?
Non
19) Que pensez-vous de la sorcellerie ?
La magie Pyeryem est un don, mais aussi une responsabilité.
Il y a d’autres formes de magie, qui viennent des Leshii et d’autres esprits de l’Ussura. Certaines se respectent, d’autre doivent être combattues. Pour ce qui est de la sorcellerie, je connais de réputation celle des Montaginois, et je la pense profondément mauvaise. J’ai vu, également, des Vestenmannavnjar faire appel aux Runes. Quelque chose me dérange, en cela, mais je ne saurai dire quoi.
20) Quel conseil vous donneriez-vous ?
Apprends aussi des hommes, puisque tu vis parmi eux.
21) Comment voudriez-vous mourir ?
En sachant que tout est rentré dans l’ordre.
Rouslana et le tigre
J’avais sept ans quand le tigre et le chasseur se sont affrontés, l’un à coup de griffe et de crocs, l’autre armé d’une hache et d’un énorme épieu. Un autre chasseur a rejoint le premier. Sans ses flèches, le tigre l’aurait tué. Mais finalement, c’est lui qui a été blessé. Je l’ai suivi jusqu’à sa tanière, une piste de sang de plus en plus visible dans la neige. J’ai effacé ses traces et l’ai rejoint, au bord d’un ruisseau gelé. Il m’a permis de l’approcher, de casser les flèches qui perçaient ses flancs et de laver ses plaies. Je l’ai recouvert de ma grande cape de fourrure et de laine, et j’ai glissé mon bonnet sous sa tête. Je suis restée avec lui et j’ai prié Matushka pour qu’elle lui accorde encore un peu de vie. Grand-Mère Hiver m’a entendue. Le tigre a survécu.
À présent, nous sommes liés.
Rouslana et le hibou
J’avais douze ans. Je me promenais avec mon oncle, venu nous rendre visite, près du Lac Vigile, quand j’ai entendu un sifflement. Venue d’une des rives, une pierre a percuté un jeune hibou blanc en plein vol et il s’est brisé une aile. Il est tombé, sifflant de panique, dans les eaux glaciales du lac. Sans réfléchir, j’ai plongé et je l’ai récupéré. Il en a été quitte pour plusieurs mois dans ma chambre, avec une attelle – et moi, pour une pneumonie qui a failli m’emporter. Nous sommes amis, depuis. Il me prête sa forme, et moi, je laisse toujours ma fenêtre ouverte, au cas où il déciderait de venir profiter d’un peu de chaleur pendant les longues journées d’hiver.
Rouslana et le loup
Il y a deux ans, l’année de mes dix-sept ans, des paysans ont décidé d’effectuer une battue, persuadés que des loups s’en étaient pris à deux jeunes filles parties chercher des baies et les avaient dévorées. J’ai décidé de découvrir ce qu’il en était. Je suis arrivée trop tard. Seule une jeune louve avait survécu, mais elle était blessée et se traînait pour échapper à ses poursuivants. Prenant la forme du tigre, je me suis interposée entre les hommes et elle. Je me suis même battue pour la protéger. J’ai mis les paysans en déroute, et trouvé les coupables : des renégats et leurs chiens, qui avaient décidé de couvrir leurs traces en mettant la mort des adolescentes qu’ils avaient violées et tuées sur le dos des loups. Voici pourquoi elle et moi sommes liées.
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