[INS : Loki's PJ] Carpe Tenebrarum

Aaron Blake.

C'est ainsi qu'ils me nommèrent. Car c'est ainsi, en fait, que je me nomme. Karl Matthaüs n'était qu'une chimère ayant pris apparence humaine pour un temps. Karl n'est plus, vive Karl!

Tout a commencé il y a quelques semaines, maintenant. Je fus le dernier à sortir de la salle de concert où mon groupe et moi avions joué. Tard. Et seul.
Enfin presque, car à mon bras il y avait Chiara. Elle avait de mauvaises fréquentations un peu possessives. Les voitures tunées et les casquettes de travers ne seyant guère à une jeune femme de sa classe, je décidait de la convertir à la maléfique parole du black/death metal que je pratiquais. Cinq personnes ne furent pas de cet avis. Ils m'attendaient. Celui qui avait été éconduit par Chiara, a mon profit, était visiblement plus remonté que les autres. Ils ne me laissèrent aucune chance, tout juste eurent-ils la délicatesse d'éloigner ma douce.

C'est étrange. Maintenant que je me contemple dans le grand miroir au cadre doré et rococo de mon bureau, je m'aperçois que je n'ai jamais autant craint la mort que depuis que je suis immortel. Quelle ironie.
Personne ne peu réellement distinguer ce qui est désormais ma véritable nature. Peut-être ce teint un peu trop pâle, quoique. Peut-être encore ce regard un peu trop... vitreux? Blanc? Oui, peut-être. Mais qui le croirait... Personne. Ma hiérarchie y veille. Gare à celui qui se fait repérer.

Ce fut une surprise pour Chiara. Ils m'avaient laissé pour mort, lardé et troué, et le lui avait laissé entendre. Leur "chef" m'avait dit :"elle m'appartient, chevelu de mes deux, tu as essayé de me la prendre, tu vas crever! Metalleux de merde!". Elle m'avait sauté dans les bras après quelques secondes de stupéfaction. Et puis, ayant du temps libre pendant une des missions que nous sommes obligés d'accomplir, j'avais résolu, avec mes nouveaux compagnons de labeur (qui ne sont pas musiciens, mais tout aussi démoniaques que je le suis désormais), d'aller assister à un concert de rap. Allez savoir pourquoi.
Ce fut une sacrée surpise pour son ex et ses copains. Ils n'eurent pas vraiment le temps de se demander par quel miracle (ou malédiction...) je me tenais debout devant eux. Cela finit dans un bain de sang, et surtout de flammes, d'anthologie. Hormis les cinq grossiers qui m'avaient manqué de respect, nous dûmes obtenir un assez bon résultat d'une centaine de morts à peu de choses près. C'est à ce moment que je ressentis un sentiment inconnu jusqu'à lors. Le plaisir de tuer.

Être un démon n'a pas que des inconvénients. C'est heureux, parce que nous sommes potentiellement immortels bien que jamais je n'ai entendu parler d'un démon qui ne soit pas mort du tout depuis sa.... "création". Et vivre ad vitam aeternam une vie remplie de désagrément n'est pas une perspective alléchante. Certes, il est des obligations pénibles, comme de se voir l'objet d'une sanction pour faute pendant une mission. Il me faut donc désormais sacrifier au rite éculé de l'hémophagie. Eculé, oui. Mais quel régal! Ce qui me parraisseait répugnant lorsque j'étais humain me procure maintenant un plaisir énorme.
Mais je ne crains pas le soleil. Ni l'ail. Ni la vision d'une croix. Et à l'inverse de ce que décrit Anne Rice, je possède encore toutes mes facultés... Intimes. Ce qui, d'ailleurs, n'est pas sans poser quelques problèmes.

Il n'en reste pas moins que je suis un cadavre. Je n'ai pas besoin de respirer, et ce bien que cette fonction continue par automatisme. Mon coeur bat. Mais ce n'est pas mon sang qu'il fait circuler. Je ne ressens plus les effets négatifs des températures extrêmes. Je pourrais en revanche brûler ou être congelé, mais mon corps se contenterait de me fournir l'information sans la douleur, ce qui peut-être à double tranchant. Je peux m'abstenir de sommeil pendant aussi longtemps que je le veux, tant que j'ai une activité normale. Mais si d'aventure, par exemple au cours d'une mission, je prends trop de mauvais coups, il me faut alors dormir dans un cerceuil. Plutot kitsch, mais efficace. Et comme celui des reptiles, mon corps est à température ambiante.

Je suis donc mort, et du fait immortel, je peux projeter du feu, disparaitre en nuée de gaz invisible, je suis fort comme quatre hommes, j'habite dans le château que j'ai toujours rêvé d'avoir quand j'étais en vie, j'ai une femme qui pourrais travailler dans les plus prestigieuses agences de mannequins du monde, j'ai même noué de manière tout à fait fortuite un lien avec rien de moins que Kronos lui-même. Ce qui, également, peut poser quelques problèmes. Et encore une fois, cela m'amène à Chiara.

Chiara a le tempérament que l'origine de son prénom laisse supposer. Mais de manière plus sérieuse, je ne peut décrire le plaisir qui m'envahit quand je la tiens dans mes bras, que je sens la chaleur naturelle de son corps se communiquer au mien qui l'absorbe comme... un vampire.
Bien entendu, au début j'ai tenté de lui cacher ma nature. Mais bien que très jolie, elle est loin d'être stupide. Je lui suis revenu trop différent d'avant ma mort. Le regard, le teint, et mille petites choses dans la vie d'un démon font que n'importe qui vivant au quotidien avec l'un d'entre eux finira forcément par se poser des questions. Si une femme vit avec un démon de Crocell, elle va sans doute s'apercevoir tôt ou tard que son cher et tendre n'allume pas du tout de cigarette après l'amour, mais préfère au contraire dormir dans le congélateur. Un Bélial, en revanche, dormira plus volontier dans un four à pain. Il paraît que les Bélials font leurs soirées pyjama dans des hauts fourneaux.
Elle ne m'a jamais posé de question. Au début, quand ses anciens acolytes sont morts brûlés vifs par mes soins, je l'avait mise à l'écart. Mais le désastre a pris une telle ampleur, et le contexte était tel que forcément elle a du réfléchir.
Maintenant elle a pris le pli, et je la soupçonne même d'y prendre du plaisir. Sauf, comme la dernière fois, où elle manque d'être violée et torturée dans une prison sud-américaine glauque. Et désormais réduite en cendres. Mais ce sont les aléas du métier.

Détenir un tel pouvoir, en tout cas comparativement aux humains, est vraiment très plaisant et avantageux. Dans un métier à risque comme le mien, il vaut mieux partir avec quelques biscuits, au cas où. Voyager léger aussi.
Mais la faiblesse n'est pas permise. C'est un métier de solitaire, même entre démons, et du fait, encore plus vis-à-vis des relations que nous pouvons avoir avec les humains.
Ce qui me ramène à Chiara.

Elle dort, au moment où je couche ces mots sur cet épais livre remplis de pages blanches et relié de cuir. Je l'ai quittée il y a quelques heures, et même si je n'ai pas besoin de dormir, je vais retourner vampiriser sa chaleur. Je ne sais pas si elle connait précisément ma nature. Que je sois quelque chose de "surnaturel", oui. Mais un vampire? Pourquoi pas un loup-garou?
Parfois elle a d'imperceptibles mouvements d'hésitation, voire de recul, parfois je peux même sentir de brefs accès de peur. Peut-être se sent-elle prise au piège. Elle doit le penser, de temps en temps. Mais les choses sont comme elles sont, au jour d'aujourd'hui. d'une ceratine manière, je suis aussi prisonnier d'elle.
Car c'est elle ma faiblesse.

C'est magnifique....
J'adore ce perso... il est si craquant
Vite, une photo

Et j'veux en savoir plus sur sa relation avec Chiara.... :P

Moi je sais des choses, mais pas mon personnage...
En tous les cas, j'adore l'histoire de ton perso, je la connaissais déjà un peu mais tu l'as super bien raconté !
Vivement demain ! :P
Il faudra que je raconte l'histoire de MORT' aussi !

MERQUIIIIIII!!!!!

yaeh !!! excellent.. donc si je ne me trompe pas en piochant dans ma memoire d'ancien pratiquenat INS/MV, tu es suous les ordre de Simigina???? au debut j'ai cru que c'etait FUFUR cause metal et avec le feu BELAIL... mais bon en gros tu es multi tache (de sang)
ok le jeu de mot etait pourri je sors :P

AAAAHHHH!!!!! Aaron Blake, mon petit Samigina. Excellente description

Pour Layleen, la tronchotèque viendra ce soir comme ça vous pourrez enfin mettre un visage sur le vampire et sa dulcinée.

Et pour les relations entre Chiara Charisimi et Aaron Blake elle vont peu à peu s'étoffer sachant que pour un démon il est strictement interdit d'avoir la moindre relation avec une humaine et cela peut-être cause de bannissement éternel et croyez-moi vaux mieux pas qu'Andromalius soit au courant de cette relation surtout depuis quelques temps...

Trrrrô bon.
V'là du Panache, mon bon Môssieur!

Tronchotèque

AaronBlake


Chiara Charisimi


Et voilà

Je n'ai jamais vu mon supérieur. Samigina a la réputation d'être hautain, voire méprisant. Ce n'est pas plus mal. Il est très bien ou il est, je suis très bien ou je suis. D'ailleurs, quelque chose me dit qu'il ne fait pas bon être convoqué chez un prince-démon, encore moins de l'obliger à se déplacer... Sauf pour certains d'entre eux, comme Valefor, qui prends un malin plaisir à montrer son opulence à tout le monde. Le plus gros problème, c'est Andromalius.

Si un résumé de ma situation parvenait aux ignobles oreilles de ce drôle, il va sans dire que l'appuis de Kronos serait la seule chose qui puisse m'éviter d'être réincarné en fer à repasser ou en rustine pendant cinq ou six cent mille ans. Peut-être faudra-t-il que je me méfie de mon équipe... M.O.R.T a une facheuse tendance à vouloir plastiner tout ce qui lui tombe de vivant sous la main, et je pense qu'il se laisserai peut-être suffisament aveugler par son "art", qu'il veut ultime, pour oublier d'être discret... Kraan, lui, est une brute épaisse et en ce qui le concerne... il aura peut-être besoin qu'on le remette à sa place tôt ou tard. Jean Kulle, lui, est inoffensif. Mais il travaille pour Kobal. Ce qui me fait le plus peur à son niveau, c'est le lapsus malheureux, la blague un peu trop révélatrice, la vanne un peu trop "parlante," qui mettrait la puce aux mauvaises oreilles.

Rien ne transparait encore chez Chiara. Elle semble même redoubler de vitalité ces derniers temps. Nos nuits sont longues et exquises, ses gémissements emplissent parfois un peu trop ma deumeure, mais quel volupté... Il est vrai qu'au yeux de certains moralisateurs, mon comportement quand elle est loin de moi peut passer pour de la pure goujaterie. Mais il n'en est rien. Je ne fais que "consommer" pour éviter que ma santé soit altérée. En plus, pour récupérer, je dois dormir dans un cerceuil. Or, se faire livrer un cerceuil en express à l'autre bout de la France ou du monde ne passe pas inapeçu. De quoi aurais-je l'air en allant le retirer à la poste?

Elle ne me dit rien. Je continue à faire des disque avec Carpe Noctem, mon groupe. Dans le manoir que j'occupe, même s'il aurait besoin d'un coup de pinceau par-ci par-là, on a suffisament de place pour le matériel d'enregistrement et la salle de répétitions. Le peu que ça me rapporte me sert d'argent de poche. Je pourrais m'adonner au grand banditisme, et en cas de problème disparaitre aussi vite que je suis arrivé. Mais il y a Chiara.
Alors je me contente de ce que j'ai sans en rechercher plus, sachant que tou le reste est aux frais de la princesse.

Carpe Noctem aussi est un problème.
A l'origine, ce groupe avait été créé pour tenter d'étendre le règne de Satan sur Terre. Du satanisme pur jus. Les trois autres ont un peu tiqué quand je leur ai fait part de ma volonté de prendre quelques distances avec le satanisme. Eux, ils sont toujours à fond. Maintenant que j'y suis, pour moi, tout a changé. Je ne suis plus vivant mais je suis asservi. Mon fardeau n'est plus ma vie, mais ma mort. Je ne peux décemment pas continuer à hurler des choses auxquelles je n'adhère plus. Peut-être serais-je un jour obligé de saborder le groupe. Peut-être devrais-je même faire disparaitre les trois autres musiciens. On ne sait jamais, faire tout un ramdam en me traitant de "vendu" dans la confidentielle presse spécialisée pourrait me valoir encore d'autres ennuis.
Car la presse, c'est Nybbas. Prince-démon des médias. Et démon ou ange, surtout de grade un (c'est à dire rien), quel bonheur de casser quelqu'un. Du coup, certains anges plus à l'affût que les autres, il y en a toujours, ne manqueraient pas de me remarquer. Et par là-dessus, Andromalius, encore lui, ne manquerait pas de me demander des explications sur la nature de mes relations avec ces humains, ce que je pourrais expliquer, car il est tout à fait véridique que je me sers d'eux. Mais il remonterais jusqu'à Chiara. Et là, la tâche serait plus ardue.

Si l'on regarde les choses en face, le problème, pour quelqu'un comme moi, ce n'est ni les démons, qui pour beaucoup cherchent le moyen de vous écrabouiller pour mieux se faire valoir, ni les anges, qui cherchent à vous écrabouiller... pour se faire valoir.
Le problème, c'est les humains. Car c'est toujours à cause d'eux que des personnes a fort potentiel, comme moi, ont des problèmes. Mais un problème, ça se règle. Je connais des solutions, dont certaines sont plus radicales que d'autres, qui le sont moins à cause de ce "sacro saint" principe de discrétion.

Lors de notre petite escapade à Toulon, mes collègues et moi, J'ai du parer au plus pressé et au lieu d'y mettre les forme comme seul quelqu'un de ma condition sait le faire, je me suis vu forcé d'être plus pressant. Lorsque la jeune fille a ouvert la porte à laquelle j'avais sonné au hasard, le peu de sang qui me restait n'a fait qu'un tour. Je me suis trouvé en proie à une "fringale" hors du commun. Peut-être que le fait de manquer de sang fait ressurgir des instincts plus basiques. Mais que c'était bon.
Elle était pleine de vie, de chaleur, elle était ferme et douce, elle avait une jolie voix de mésange, alors je l'ai saisie, lui ai plaqué une main sur la bouche, et l'ai entrainé dans la première pièce qui se présentait, car les enfants dont elle avait la garde étaient en train de regarder un dessin animé au salon. Je lui ai dit de se taire sinon je tuais les petits. Elle s'est tue et est arrivée au paroxysme de la peur quand elle a compris en croisant mon regard étrange, pour un humain, que je le ferais vraiment, et qu'en plus j'y prendrait du plaisir. Elle s'est quand même débattue quand je lui ai arraché ses vêtements, et pendant que je la violais, mais je n'ai rien dit. C'était tellement jouissif, ce corps menu et lisse, et chaud surtout, qui se débattait pendant que j'en prenais possession...
Je n'ai pas pu résister. Au moment de la fabuleuse conclusion scellant charnellement notre union impie, j'ai broyé sa trachée artère avec mes dents et j'ai bu, j'ai bu jusqu'à la dernière goutte son sang fluide et pur, non entaché par le vécu que peuvent avoir les humains plus vieux. Chaque pulsation de son coeur m'abreuvait, me disait "viens, prends", elle expirait sous mes assaults avec tellement de grâce... Que Satan me pardonne, mais c'était divin.
Je l'ai laissée là, sur la table blanche de la cuisine, tellement belle d'être morte pour me donner sa vie. J'espère que les parents ont apprécié le spectacle en rentrant, tout comme leurs enfants, si jamais ils se sont demandé ce qu'elle devenait ou s'ils voulaient boire un jus d'orange.
D'ordinaire, je me contente de SDF, de malfrats, des pauvres èrres. Je dois avouer que gouter à cette jeunesse m'a ouvert de nouveaux horizons. Et ce qu'il y a de mieux, c'est que je ne ressens aucune culpabilité.

Après tout, ce n'était qu'une humaine.

Loki a écrit:

Elle s'est quand même débattue quand je lui ai arraché ses vêtements, et pendant que je la violais, mais je n'ai rien dit.

Mendo m'a dit que ton perso souffrait d'un besoin compulsif mais de la à violer et tuer une jeune fille...
La draguer t'y a penser ????

Au tant j'accroche avec le reste de l'histoire, au tant là, ce me fait

Non, je crois vraiment Ailean que je ne jouerais pas à INS car je dois être un peu trop sérieuse pour ce genre de délire...
Et pourtant en tant que maitre de jeu, oui, j'avoue avoir fait subir ce genre de supplice à certains pnj (dont l'une des femmes de Mendo) mais en tant que joueur, j'ai plus de mal...

Sinon, c'est dommage, on ne voit pas trop le visage de Aaron mais Chiara est drolement belle.... :P

Dans le jeu, ça ne s'est pas passé comme ça. Il se trouvait que je jouait contre le chronomètre sous peine de perdre deux autres pp. Alors j'ai dit à Ailean "tiens, ben j'arrête la voiture, et vais sonner à la première porte". Et ce petit vicieux a mis en scène cette situation, il savait que je sauterais sur l'occasion pour "faire le plein". Mais il n'y avait pas de détails, j'ai juste dit que j'entrais, la prenais de force, la vidait de son sang, et ressortais sans tuer les enfants. Je prenais ce dont j'avais besoin, en somme.

J'ai décidé de partir dans une direction précise avec Aaron Blake, et une telle scène est un passage obligé. Je ne veux choquer personne, mais décrire un perso. Le passage que tu viens de lire est exactement le genre de chose qui me répugne.

Pour être franc j'ai du mal avec les scènes de viol dans les film, je suis toujours obligé de me répéter que ce n'est qu'un film.
Eh oui...

Layleen a écrit:

Non, je crois vraiment Ailean que je ne jouerais pas à INS car je dois être un peu trop sérieuse pour ce genre de délire...

Le Mal a milles facettes et en voici une. Comme l'a précisé Loki, je suis pas adepte de la description des scènes de ce genre donc oui j'ai élagué. Bon alors pourquoi une jeune fille frêle de 18 ans et pas une vieille rombière de 50 ans avec des pustules et tout et tout et beh j'en sais rien. Je dois bien avouer que Loki m'a pris un peu dépourvu et qu'il a bien fallu que je trouve un personnahe minute. Le jeune fille blonde aurait pu faire craquer le semblant d'humanité qui restait dans ce corps maudit...raté .

Il faudrait un jour que je te fasse un perso pour In Nomine Satanis pour te montrer comment un Démon peut être beaucoup plus humain qu'un Ange. En effet pourquoi Samaël était-il devenu Satan ? Tout simplement pour s'être trop rapproché de l'humanité et de la préférer à Dieu. Donc avec une psychologie de comptoir, les démons cherchent donc à libérer les humains des carquants de la religion : homosexualité par exemple. Donc jouer un démon ne revient pas à faire l'adage du bon vieux tryptique Pille-Viole-Tue.

Je rappelle pour notre aimable démon qu'il est toujours possible de virer une ou ses deux limitations en cas de réussite totale d'une mission mais perdre ainsi 2 PP...cupidité, cupidité, cupidité.

C'est vrai pour rejoindre Layleen que je m'attendais à une approche plus Lestat de la demoiselle. Mais si on se refère à Coppola, les vampires sont parfois un peu brutaux et manque d'une certaines corrections quand le besoin devient vital

D'où la précision sur ce point... L'extrême raffinement côtoierait-il toujours la plus brutale des bestialités?

Je pensais que tu l'avais mise surl e chemin de Karl (Aaron) exprès....

Ce fut l'enfer sur Terre, cette nuit. L'extase absolue.

Cette date était prévue depuis longtemps. Le Club Dunois. Jouer dans cette salle, où ont joué les plus grands groupes de metal et de metal extrême est une consécration pour un groupe comme le mien. Mais si je m'étais attendu à ça...
Nous sommes arrivés à la salle en début d'après-midi. L'affiche du mini festival "Terror From The Depths" était placardée sur la façade, et quatre fois plus grand que sur les panneaux de la ville. Six groupes évoluants dans des styles variés, du trash hardcore au heavy atmosphérique. Quel sentiment de fierté nous a envahi lorsque nous vîmes, en lettres aussi grandes que les autres groupes, inscrit "CARPE NOCTEM - Black Metal". Nous passions les derniers, et étions donc résolus à finir ce qui resterait du public.
Celui-ci commençait déjà à afflluer bien que le début des hostilités fut prévu pour vingt heures. Nous pouvions voir, ici ou là, des grappes de jeunes ou de moins jeunes dont les styles de prédilection se devinaient à leurs tenues vestimentaires. Mais tous les metalleux savent qu'imaginer qu'ils n'écoutent que ce qu'ils affichent est une grosse erreur. Nous en avons eu la preuve cette nuit.
Nous n'avons pas traîné à décharger le matériel. Le plus gros du travail étant bien sûr la batterie, avec ses deux énormes grosses caisses prenant a elles seules la moitié de l'espace qui lui était alloué dans la camionnette. Il fallait faire diligence, tout de même, car l'ingénieur du son avait six groupes à sonoriser en cinq heures, compte tenu du fait que ces derniers en profitaient pour répéter. Nous étions l'un des deux plus irritants, car notre batteur ne jouait que sur sa propre batterie, contrairement a quatre autres groupes qui se débrouilleraient avec la même, ce qui signifiait que pour nous il fallait débarrasser la batterie commune, installer la nôtre, faire notre soundcheck, et re-déménager les casseroles. Mais tout fut prêt à l'heure dite.

Les portes furent ouvertes à vingt heures piles. Les costauds de l'entrée faisaient leur office, nous nous balladions plus ou moins incognito dans la fosse. Certains des plus purs et durs nous reconnaissaient, et nous demandaient des autographes, même si nous avions bien évidement moins les faveurs du public que les groupes évoluant dans un registre plus... Djeun's. Les mâles, en général, essayaient de prendre l'apparence que nous avions, et pour une petite part donnaient dans la caricature pure et simple. Mais ce mimétisme par rapport à une entité meneuse était flatteuse. Les femelles en revanche arrivaient avec des toilettes et des parrures toutes plus sombres et magnifiques pour celles qui en avaient les moyens et le temps. Quelques unes n'étaient pas farouches pour deux sous, et absolument enchantées à l'idée de visiter les coulisses après le concert. Pour une petite dizaine, je dois bien avouer que leur charme ne me laissa pas indifférent. J'aurais aisément pu laisser libre cours à l'un de mes travers bestiaux. Mais nous devions être innaccessibles, jouer les blasés, les possédés par leur propre musique... Les "stars", d'une certaine manière. Il s'avéra après le concert que l'une d'entre elles me rendit un petit service.
Et puis, Chiara m'attendait. C'était avec elle que je voulais partager cet après-concert.

Le premier groupe ouvrit à vingt heure trente. Le public était déjà chaud, la fosse aux deux tiers pleine. L'ambiance était moite, et les énormes ventilateurs dissimulés dans la pénombre du haut plafond entrèrent rapidement en action, ne faisant qu'éviter à la salle de devenir une étuve sans pour autant la rafraîchir. Tous les ingrédients étaient réunis.
Sans aucun temps mort et avec une sono impeccable, ce qui était étonnant pour un ingénieur qui ne sonorisait d'ordinaire jamais ce type de musique (ou peut-être justement à cause de cela), et pendant que le public s'étoffait toujours plus, les tirs de barrages des guitares unis aux déluges telluriques des sections rythmiques mettaient tout le monde à genoux. Plus la soirée avançait, plus le public hurlait, sautait, brandissait les poings à l'unisson, réclamait encore plus de puissance dont les artistes , galvanisés, s'empressaient de les écraser. Quand le cinquième groupe entra en scène, nous suivimes, mes comparses et moi, les deux premiers morceaux, puis nous avons rejoint les coulisses pour nous échauffer. Nous étions restés en retrait, dans la salle, malgré l'envie que nous avions de nous jeter nous aussi dans la mêlée.
Mais peut-être avons-nous senti que ce soir ce serait différent, que ce soir il nous fallait garder nos forces.
Quand nos prédécesseurs, et avant-derniers prestataires, eurent fait silence, le public devint étrangement calme. L'on pouvait entendre hurler de temps à autre le nom de notre groupe, qui finit par être scandé, psalmodié par la majorité de la salle. nous nous sommes regardés, puis levés en même temps. Olivier ouvrit la marche, serrant une baguette dans chaque main à s'en faire blanchir les jointures, suivi de David endossant sa guitare et se collant le médiator entre les dents, puis Hervé et moi, lui le poing crispé sur la base du manche de sa Guitare, moi tenant ma basse verticalement pour éviter d'accrocher quelque chose au passage, l'accès à la scène étant exigü. Il faut bien l'avouer, tout démon que je suis, j'avais un trac monstre, ce soir plus que les autres.
Puis, au moment où les plus vifs nous aperçurent, la salle entière se mit à hurler, siffler, applaudir.
Et réclamer que le règne de Satan arrive.
La fosse était pleine. Nous étions les derniers, il était plus d'une heure du matin, les fans avaient subis cinq assaults destructeurs, mais la fosse était pleine. Alors nous nous regardames, les regards étaient déterminés et exprimaient la plus implacable des volontés, et Olivier, de toute sa rage contenue, frappa les quatre coups de cymbales...

Que dire. De la scène c'était encore plus enivrant. Autant que le sang d'une jeune fille pleine de vie, les humains qui étaient devant nous réclamaient qu'on les achève, qu'on leur arrache toute leur énergie, pendant que Carpe Noctem hurlait sa haine du monde que Dieu avait créé pour mieux asservir et diriger, pour mieux faire de nous tous, hommes, anges et démons, de dociles brebis soumises au moindres caprices de ce créateur cruel et sadique qui exigeait de nous d'être le contraire de ce que nous sommes.
Au-dessus du public stagnaient d'épaisses volutes de vapeur et de fumée, nous nous sommes retrouvés trempés et ruisselants dès le deuxième titre, je ne sentait plus mes cordes tellement mes doigts étaient gonflés, les mains moites et suintantes. Fort heureusement, le public prit pour un effet de scène le fait que le manche de ma basse soit maculé de sang. La sudation mêlée au frottement a cet effet-là, chez moi. Olivier avait les cheveux intégralement plaqués sur la tête et le dos, pendant que les nôtres s'essoraient à chaque headbanging. Pas une fausse note, pas un retard, pas une erreur. Les retours étaient bons, le son était ultra puissant, chaque note écrasant tout, se démarquant de la masse sonore pour mieux la souligner, pour mieux s'harmoniser avec elle.

Ce fut un moment rare de comunion totale. Lorsque je suis rentré au manoir, Chiara était là, son regard de ciel d'été méditerranéen lisant la satisfaction sur mes traits. D'autant qu'une jeune fan, un peu ronde, m'avait redonné du rose aux joues. Au moins cinq litres et demi.
L'après-concert fut tout aussi à la hauteur, même si Chiara ne devrait pas se coucher aussi tard. J'avais envie d'elle de manière presque bestiale. Elle prit un plaisir immense qui fut à l'image du festival, en six parties. Peut-être fait-elle partie de ces femmes qui ont peur que leur homme les rejette, arrivé à un certain stade. Mais je ne suis pas un homme. Et à ce stade certain, Chiara n'est plus vraiment une femme non plus.

Elle n'arrive plus à dormir correctement que sur le coté ou sur le dos. Je peux surveiller son sommeil pendant des heures... Que j'aime cette faiblesse. Quand elle s'éveille et me sourit avec ce regard mystérieux, et qu'elle s'étire et s'étend vers moi pour m'embrasser, que je caresse son corps chaud, sorti de son cocon de sommeil, que je sens la vie pulser à la fois paisiblement et énergiquement en elle, je prends toujours plus conscience du fait d'aimer cette faiblesse. Tout comme j'aime à la folie cette force, ce sentiment de domination que j'ai ressenti pendant notre set, il y a quelques heures, le sentiment que si j'ordonnais à cette foule de combattre la lumière jusqu'à la mort ils m'obéiraient sans aucune hésitation.

Démon, aurais-je gardé cette caractéristique typiquement humaine qu'est l'ambiguité?

J'en reste sans voix tellement c'est bon...


Pourquoi pas dans la semaine, les sentiments de Chiara si j'ai le temps de les écrire

Tout pareil ! vraiment superbe !!!

C'est malin, j'arrive plus à mettre mes pompes.

... et ta casquette? pass'que c'est très bien

Cher journal intime,

Voilà bien longtemps que je ne t’avais pas ouvert. Dix ans pour être précise. Aujourd’hui pourtant je ressens le besoin impérieux de me confier à quelqu’un mais je ne connais personne à Paris depuis mon départ il y a sept mois de Crotone. Enfin si il y a bien Karl mais c’est de lui justement dont je veux parler. Donc voilà pourquoi je vais coucher sur ton papier mes pensées, en espérant que cela me libérera ou tout du moins me soulagera.

Tu sais que je suis parti d’Italie pour suivre une formation de chanteuse lyrique à Paris chez Armande Altaï. J’avais économisé pour me payer ce voyage et puis à 24 ans, il était temps pour moi de voler de mes propres ailes loin du cocon familial. J’arrive donc à Paris par un beau mois de Mai. La ville était fleurie, une splendeur. A peine avais-je posée le pied par terre que je tombais déjà amoureuse de la capitale. Après avoir flânée quelques heures dans ses rues, je me rends enfin pour l’entretien initial à l’obtention de ma formation. Dans la horde de candidates nourries aux téléréalités, je dépareillais un peu avec ma robe renaissance noire et pourpre. On me convoqua à l’entretien. A peine cinq minutes et j’étais déjà ressortie ; juste le temps de répondre à la question « vous voulez exercer dans quelle branche musicale ? » par un « Métal gothique, pourquoi ? » et de se voir répondre « on ne produit d’artistes satanistes chez nous, on aime la Musique ici. ». Je me retrouve comme ça sans rien, m’étant fait jeter comme une malpropre pour une raison on ne peut plus stupide. J’avais la haine mais la seule chose qui se présenta à moi pour que je l’extériorise fut une cannette de Coca. Un coup de docs plus tard, elle s’écrase contre un mur et sur celui-ci un poster noir indiquant « Carpe Noctem en concert à l’Underground ce soir 22h00 ». Carpe noctem, profiter de la nuit ; voilà un nom qui sonnait doux à mes oreilles. J’avais peut-être trouvé mon exutoire.

Le temps de prendre une petite collation dans un café et de parfaire son maquillage et me voilà devant la porte du bar. Son nom gravé dans une plaque de métal, ses fenêtres teintées et sa lourde porte en bois ; tout était réunis pour attirer dans ce lieu la faune dans laquelle j’avais l’habitude de ma mouvoir. Mes impressions se confirmèrent une fois dans l’antre. Cheveux longs, fringues noires et autres symboles mythologiques et mystiques se côtoyaient dans une bonne humeur dissimulée. Je m’approchais du bar et me commandais une bière stout, la seule qui pour moi mérite le nom de bière mais ça tu t’en moques et puis ce n’est pas le propos d’ailleurs. La scène ridiculement petite était plongée dans le noir pourtant une certaine tension était palpable. J’interrogeais mon voisin de comptoir sur le groupe. Il me répondit que c’était un groupe assez nouveau et me certifia qu’une fois entendu jamais plus tu ne pouvais l’oublier. A peine avait-il fini sa phrase qu’un bruit sourd se fit entendre. C’était une sorte d’ondulation qui vous prenait directement dans les tripes. Sur la scène, une ombre se dégageait. Un homme tenant vraisemblablement une basse était à l’origine de ce son. Il jouait à la fois avec son instrument et par répercutions avec nos perceptions. La foule était comme subjuguée, en admiration devant son gourou. Ce lien musical, tribal dura quelques minutes comme un prélude à quelque chose de grandiose. En un instant, toutes les rampes de la scène s’allumèrent en même temps enveloppant le bar d’une aura lumineuse, sacrale. Les instruments se mirent en action. Une musique que jamais auparavant je n’avais entendue s’éleva. Le genre de musique que l’on n’écoute pas mais que l’on vit. Mes yeux peu à peu se réhabituèrent après le flash qu’ils avaient reçu et c’est là que je le vis.

Karl.

C’était le bassiste et le leader du groupe et il dégageait un charisme presque animal. D’un regard il embrasa mes sens. Un picotement agréable me parcouru l’échine, mes poils s’hérissèrent et mon cœur ainsi que mon âme fondirent. Comme une gamine, j’étais tombée raide de cet homme. Tu sais bien que j’avais connu quelques autres aventures, mais là, cette sensation, jamais je n’avais ressenti ça. Pendant tout le concert je ne le quittai pas des yeux pour que tout son être s’imprègne en moi. Une fois que la guitare rendit son dernier rift, je rejoignis sans difficulté la loge des artistes. Un « Entrez » prononcé avec une voix fatiguée d’avoir hurlé pendant une heure répondit à mon toc-toc. Je pénétrais dans le saint des saints. Le groupe au complet était là ruisselant de sueur, une serviette autour du cou. Mon attention n’allait bien sur qu’à une seule personne. Je voulus dire quelque chose, me présenter, les féliciter mais un magma incompréhensible de mots sortis de ma bouche. Je rougis. Cela déclencha chez eux des éclats de rire. Karl s’avança vers moi et me dis : « Je vais me fumer une cigarette, tu m’accompagnes ? » et il se dirigea vers la porte de l’arrière cour du bar. Je lui emboîtais le pas. Dehors il ne dit pas un mot. Il observait les volutes de fumée de sa cigarette. Puis il me regarda. J’étais parcouru de sueurs froides provoquées par le froid de cette nuit mais aussi par mon désarroi. Il me sourit. Oh si tu savais l’impression que m’a fait ce sourire. Cela restera à jamais le meilleur moment de mon existence. Son visage s’approcha du mien doucement, très doucement. Je fermais les yeux maintenant.

Puis une voix dans la nuit détruisit à jamais la magie de ce moment. Trois espèces de parodies de rappeurs américains avec jogging et breloques les faisant ressembler à des sapins de noël se tenaient là, à quelques mètres de nous. Une fumée jamaïcaine les entourait. Celui qui devait être atteint par la myxomatose s’adressa à ses collègues. « Eh les gars, ça vous dirait pas de vous faire un vampire cette nuit. Bouh la chauve souris tu crois nous faire peur ! et puis une fois qu’on aura réglé ton compte, on va s’occuper de ta petite copine ». Il accompagna ses paroles de gestes obscènes. J’attrapais le bras de Karl pour lui intimer l’ordre de rentrer mais il se raidit et se dirigea vers eux en m’adressant un petit sourire. L’un des rappeurs fondit sur Karl à la vitesse de l’éclair et fut accueilli par un violent coup de pied au foie. Le second connu le même sort. Karl s’approchait du troisième. Ce dernier sortit quelque chose de sa poche mais je ne voyais pas quoi d’où je me tenais. Un BLAM retentit dans la nuit. Karl s’écroula. Le chef des rappeurs ordonna à ses sbires de ramasser des barres de fer qui se trouvait sur le sol, puis ils assénèrent sur tout son corps de violents coups. J’entendais ses os craqués et comme une conne je restais pétrifiée là incapable de hurler au secours. J’assistais impuissante à son agonie. Un dernier coup fit prendre un angle bizarre à son cou. Karl me fixait d’un regard sans vie…
Les MC m’embarquèrent dans leur voiture tunée sans que j’oppose la moindre résistance. La mort de Karl avait anéanti toute vie en moi…

Un bruit de voiture dans le garage, ça doit être Karl qui rentre de son concert. Depuis que je porte notre enfant, il refuse que je sorte pour l’accompagner ; par précaution me dit-il. Vite je dois te cacher sous la pile de mes magazines, je ne voudrais pas qu’il te trouve. Je te raconterai la suite la prochaine fois…

Si on m'avait dit que je faisais cet effet-là aux femmes...
:darkviol:

Bien vu Ailean! ça va être marrant de croiser les deux angles qui sont censés s'ignorer. Le plus dur va être de ne pas tenir compte de ce que l'autre dit, et aussi de rester cohérent.

ps: Je n'aime pas les casquettes, Lac!

Mars 2006,

Karl vient de partir de nouveau au petit matin à la suite d'un de ses coups de fil mystérieux. Je ne t'ai pas dit mais Karl est un être, comment dire, atypique... et pas seulement pour le look.

Pour faire simple, disons qu'alors que je le croyais mort, il est revenu me chercher dans la boîte de toufics des rappeurs qui l'avait tué... enfin qui croyait l'avoir tué. Quand je l'ai vu ouvrir la porte avec son sourire de prédateur, j'ai compris que quelque chose avait changé en lui même si cela était infime. Il était encore plus charismatique, plus ténébreux, plus... enfin je suis retombée amoureuse de lui.

Pourtant quelquechose en lui m'effraie et m'attire à la fois et je crois que c'est son regard. On dit que les yeux sont le reflet de l'âme et bien dans les siens danse parfois un feu infernal. Je ne l'ai pas vu assouvir sa vendetta contre nos bourreaux mais les seuls bruits que j'ai entendu au travers de la maigre porte ont suffi à me glacer d'effroi. Quand il a reouvert la porte, il était souillé de leur sang mais son visage affichait un grand sourire de satiété. Puis il m'a pris dans sa bras et m'a donné un baiser qui m'a littéralement fait chavirer. C'est alors que j'ai cru comprendre ce qu'il était devenu même si je n'ose le croire. Penses-tu qu'il existe des anges ? Si oui, Karl doit être un ange des ténébres comme dans the Crow.

Aïe l'enfant que je porte vient de tresaillir. Tu sais que parfois je sens comme une puissance dans mon ventre. C'est une sentation qui est bizarre à décrire. Comme les autres mères, je dois avoir un lien particulier avec mon enfant. Mais lui, comment dire, je crois qu'il n'a déjà plus besoin de moi. C'est comme si il était déjà animé par son esprit, qu'il avait déjà ses propres buts et que mon corps ne servait que de receptacle et de mangeoire. Quand je ressens ça, j'ai l'impression de me sentir inutile. Mon premier enfant qui devait être sacré n'est même pas né que déjà il veut m'oublier. Je sens les larmes me monter aux yeux. Ca m'arrive parfois de pleurer pour ça mais je le cache à Karl. Pourquoi je ne sais pas. Je ne veux pas que lui aussi se détache de moi sans doute. Comme parfois je me sens seule...

Mais bon voilà j'essuie mes larmes et je me remets. C'était juste un coup de mou, la fatigue de la grossesse sans doute. Et puis si il ne m'aimait pas pourquoi seraitil revenu vers moi et pourquoi m'aurait-il fait un enfant.

Je vais aller faire un tour pour prendre l'air, j'ai besoin de m'aérer l'esprit.

A quoi rime le fait d'être vivant ou mort... C'est sans doute simplement la même chose vue de deux points de vue opposés.

Lorsque j'ai quitté ma demeure en fin d'après-midi, je l'ai embrassée du regard et je l'ai vue telle qu'elle était: vieille, pas entretenue, terne, un air fatigué.
Quand je suis rentré tout à l'heure, en sortant de la voiture je me suis planté devant ce manoir et je l'ai vu tel qu'il était: masse sombre et menaçante se détachant sur le ciel nocturne étoilé, les fenêtres noires comme autant d'ouvertures sur les entrailles des ténèbres. L'aspect décrépit de la journée avait cédé la place à l'impression d'une boite de pandore commençant à céder sous la pression du mal qu'elle contient.

Chiara dormait. Elle dort beaucoup. Je vais aller poser la tête sur son ventre tout à l'heure, et je vais écouter ce que me racontera le fruit de notre union. Non pas que les conversations soient fabuleuses, mais je sais si tout se passe bien. Je le sens. Et si d'aventure il se sentait en danger, je le saurais tout aussi sûrement. Mais tout va bien.
Je ne sais pas comment Chiara le vit. Je pensais qu'elle était heureuse, mais... Contrairement à l'accoutumée, elle n'a pas assisté à mon départ cet après-midi. D'habitude, au moment où je vais la perdre de vue, elle me fait un signe de la main. Là, elle est restée à l'intérieur. Je ne sais pas à quelles idées attribuer l'air pensif que je surprends de temps à autres et qu'elle essaie de me cacher. Pensif, voire... préoccupé. Il faudra que je sache. Elle ne doit rien me cacher.

Elle n'en a pas le droit. Même si je ne peut rien lui dire, dans ma situation je n'ai pas droit à l'erreur. Je n'ai donc pas le droit de passer à côté de quoi que ce soit. Je doit toujours tout savoir sur tout ce qui m'environne. Le doute (encore et toujours) n'est pas permis.
Mais quand je considère ce qu'elle me donne... Je peux difficilement ne pas lui faire confiance. elle est tellement sincère dans ses attitudes avec moi, elle se donne toujours avec la même passion, le même feu... Ce sont des signes qui ne trompent pas.

En attendant, je n'ai reçu aucune convocation. Ni de la part de Kronos, ni de la part de Samigina et surtout d'Andromalius. Ce n'est pas plus mal, mais le feu ardent de la curiosité, défaut humain que j'ai semble-t-il conservé, me pousse à me poser des questions. Dans le meilleur des cas, Kronos est le seul à savoir que je suis passible de la plus lourde peine par deux fois. "Lien avec une humaine", et "paternité contre la loi démonique". Eventuellement passible par trois fois si Chiara apprends un jour de manière officielle que je suis un démon. Il va sans dire que cela la condamne du même coup. Ainsi que notre enfant.
Pourquoi Kronos garde-t-il cela pour lui? Qu'est-ce qu'il compte faire de ces informations? Pourquoi ne m'a-t-il rien dit dès le départ, à l'instant où il l'a appris, en Amérique du Sud, alors que les conditions étaient favorables?

En tout les cas, je vais continuer mon chemin. Quitte à être damné, autant aller jusqu'au bout. Dans l'absolu je ne sais pas ce que Chiara a dans la tête, comment elle voit notre vie, ou plutôt sa vie avec moi, puisqu'il est évident qu'elle n'aura d'autre choix que celui de se soumettre à mon mode de vie.
Etonnamment, ce n'est que récemment que je me suis interrogé sur la mesure dans laquelle notre enfant allait changer mon existence. Et je m'aperçois du même coup à quel pont j'ai été faible. A quel point j'ai été... humain.

Il va falloir que cela change.

Loki a écrit:

En attendant, je n'ai reçu aucune convocation. Ni de la part de Kronos, ni de la part de Samigina et surtout d'Andromalius.

Beh en fin de compte si, tu viens de recevoir une convocation officielle dans une carrière abandonnée avec le reste du staff démonique pour une nouvelle mission... soit trois mois après la dernière (celle avec les viking, Kim et Kate Beckinsale).

Loki a écrit:

Il va falloir que cela change.

Tu peux en dire plus

Non...