Merci, merci
MAIS! J'instaure une dictature, sur ce seul sujet! La preuve:
D’un pas qu’il voudrait moins las, la voix du Grand Titou sort du Temple. Sous ses yeux se déploient bannières et banderoles, oriflammes et étendards, aux pieds d’un escalier cyclopéen. Ils sont légions, enferrés et surarmés, à brandir leurs couleurs ; il y a là les De Médicis, rescapés des Cités, les Trolls de la République, toutes les Ecoles de Magie et de Sorcellerie, une pléthore de Dragons, aux armoiries embrasées, des hardes de Démons en voyage touristique, les Gnomes et Gobelins de l’Avenue Ville-Marie, mille reîtres endeuillés, les loups garous de l’ouest et de l’est.
Et tant d’autres encore !
Que les royaumes de l’Olympe en regorgent jusqu’aux horizons qui sont les siens. Un silence religieux s’impose. Tous dévisagent la voix, ce Lacenaire qui prend place au sommet de l’escalier – ses chausses d’acier raclent contre le vieux marbre, sa maille cliquette contre son plastron d’argent. Le tout tient bon, malgré la rude bataille qui vient d’être menée. Même sa lame, bâtarde, que nul sang ne souille. Toutes les armées de son imagination sont là, impatientes.
« Messires ! Fées, aberrations, seigneurs et princes démons ! L’Olympe est au Grand Titou ! »
Acclamations, qui ébranlent la voûte étoilée, rugissements et cors.
« Un genou au sol, mes vassaux ! Vous, comme tous ceux qui passeront ici et entendront ma harangue, ployez et prêtez serment de vassalité ! Titou s’en va répandre son amour au travers des Cieux ! Soyez des siens, lames liges et écuyers ! Féaux et compagnons d’arme, partant à l’assaut des royaumes des morts, les ensevelir sous les papouilles et les ronronnements, qu’à jamais Son nom résonne sur les Plaines de Kadath et dans le Nid d’Aigle ! Que le Vieux sur sa montagne ploie, lui aussi, ainsi que tous les dieux sur cette terre et les autres !
Oui, allégeance !
Prêtez serment, car à Son regard nul n’échappe, pas même Zarathoustra ! Qu’on se le dise, nulle condoléance ne sera tolérée : serment de vassalité, rien d’autre ! Un mois révolu vous sera octroyé, ni plus ni moins ! Remettez vos armes entre mes mains, pour que moi, voix du Terrible Titou, puisse les déposer à Ses coussinets !
Et pour ceux qui auraient la mauvaise idée, ou qui seraient trop promptes à présenter leurs condoléances… les fers ! Ou le vœu d’allégeance ! »
Sur ce, nimbé des cris et des mugissements, Lacenaire s’en retourne au Temple de Zeus, vaincu et féal du Grand Titou.