[INS : Loki's PJ] Carpe Tenebrarum

Mars 2006,

Je t'écris juste ce petit mot car je me sens de moins en moins la force d'écrire. Karl est de nouveau partit. Il m'a dit qu'il allait en avoir pour une semaine tout au plus mais il n'en a pas dit les raisons. D'ailleurs je ne lui pose jamais la question car j'ai confiance en lui.

Hier j'ai été comme à mon habitude faire un tour dans le parc non loin du château mais depuis un mois je ne ressens plus le même bien-être qu'avant. J'avais l'impression qu'on m'observait comme si une présence se terrait dans la pénombre des arbres.

Je deviens folle.

Le bébé. Je ne sais pas si cela peut en être la cause mais je ne souhaites pas en parler en Karl. Je ne veux pas qu'il s'inquiète pour moi et je ne vois personne à qui me confier.

Je me sens si seule parfois...

Petit échange par MP entre Loki et moi qui se déroule juste après la fin du scénario INS et la petite démonstration de ses pouvoirs par AaronBlake :

Episode 1 :

Les démons se quittèrent en cette fin d'après-midi avec chacun une lueur maléfiques dans les yeux qui glacait d'effroi les trois anges. Leur nouvelle mission leur plaisait. On leur laissait enfin assouvir leur penchant les plus inavouables. Ils allaient faire le Mal et ils allaient le faire bien. Les prochains jours de Lemallou n'allaient pas être du tout à son goût ; mais alors pas du tout...

Karl reprit la direction de son manoir. L'orage grondait sur Paris. Les éclairs d'un bleu divin zébraient le ciel nuageux. Des formes phantomatiques et inquiétantes se formaient alors. Son manoir siégait majestueusement sur le haut de sa colline. A la lueur des éclairs, ses formes gothiques le rendaient encore plus lugubre. Christopher Lee n'aurait pas désavoué ce spectacle digne des Carpathes. Karl était chez lui.

Il ouvrit d'un geste ample la lourde porte en bois et se dirigea vers son salon. La porte était entrouverte et une lueur vascillante en ressortait. Karl pénétra dans la pièce. Le feu de la cheminée donnait à la pièce des reflets infernaux. Sur le fauteuil face à elle, Chiara était installée. Son déshabillée rendait ses formes naissantes encore plus charmantes. Karl remarqua qu'elle carressait d'un geste presque machinal son ventre. Il s'assit face à elle. Le regard de la belle se posa alors sur le sien. Si les yeux sont réellement le miroir de l'âme, celle de Chiara était à la fois peur et curiosité.
Après quelques secondes, elle dit enfin :

"Alors Karl, qui es-tu ? Qui es-tu vraiment ?"

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PS pour Loki : Si tu n'as plus les messages sous la main, je peux te les repasser par MP pour que tu puisses les poster

Karl évita le regard émeraude qui le questionnait. Il se dirigea d'un pas nonchalant vers le bar sis dans un angle de la pièce. Il se servit un verre d'Idlor, une vodka artisanale qu'il faisait venir directement de Finlande. C'était la seule "nourriture" qu'il appréciait vraiment. Non pas l'ivresse, mais... la brûlure. Celle qui enflamait sa gorge tandis que le liquide à la limpidité et à la clarté cristalline ô combien trompeuse descendait vers ses entrailles. Il le vida d'un trait, fermant les yeux.. Puis s'en resservit un autre.
Chiara se taisait. Elle attendait.

C'était la première fois qu'Aaron Blake, alias Karl Matthaüs pour le commun des immortels et des autres, se trouvait dans une situation semblable. Il devait se justifier. Lui. Qui l'eut crû. Ceux qui avaient eu l'outrecuidance de lui demander des comptes avant Chiara n'avaient pas eu le temps de finir leur phrase. Parce qu'Aaron Blake n'a pas à se justifier devant qui que ce soit. Alors pourquoi le devrait-il maintenant?
Parce qu'il s'agissait de la mère de SES futurS enfantS.

Pour le coup, ç'avait été une sacrée surprise. Des jumeaux... Comment seraient-ils? Avait-on déjà entendu parler d'enfants nés de l'union de démons et d'humains? Peut-être cumuleraient-ils les forces des uns et des autres. Peut-être ausi leurs faiblesses, certes. Mais plus probablement seront-ils un mélange hasardeux des deux patrimoines génétiques. Le génome d'un démon était-il différent de celui d'un humain? Et si oui, dans quelle mesure?

Finalement, c'était une aventure fort exaltante que d'avoir des enfant avec Chiara. Sans compter que la conception n'avait pas vraiment été un calvaire...

Mais pour le moment, il avait un autre problème. Si Chiara avait quelques doutes sur la personnalité étrange de Karl, elle ne savait pas qu'il était Aaron. Il n'était évidement pas question qu'elle aprenne son véritable patronyme.

Mais elle avait vu des choses qu'elle n'aurait jamais dû voir. Karl avait été obligé de la protéger, et avait ouvert bien grand la bouche pour cracher une flamme de quelques mètres qui lui permit d'occire six hommes qui auraient dû choisir un autre métier. Leur quatre autres colllègues également. Ceci ne fut pas désagréable en soi, au contraire, mais Chiara était là. Sonnée par sa chute, car une panique générale (déclenchée par Karl et ses comparses) avait déclenché un mouvement de foule fuiant vers les quelques embarcations disponibles (cela se passait sur un île). Elle l'avait vu faire. Dommage.

Karl s'en était immédiatement voulu. Il n'aurait jamais dû vouloir jouer les mondains futur jeune papa pour épater la galerie, et en particulier l'ange renégat qu'il voulait "retourner". Elle avait failli être tuée par sa faute. Et maintenant, des anges connaissaient son existence. Il allait falloir s'occuper d'eux.

Mais dans l'immédiat il n'avait plus deux, mais trois problèmes: non seulement Karl Matthaüs vivait avec une humaine, laquelle attendait non pas un, mais DEUX enfants de lui, mais en plus cette dernière SAVAIT qu'il n'était pas vraiment humain. Ou en tout les cas, pas un humain ordinaire. Andromalius en tapisserait sûrement son siège si un rapport exhaustif arrivait sur son bureau. Et Karl-Aaron ressentait pour la première fois une émontion nouvelle.
La crainte.

Karl se tenait devant une des fenêtres du salon à quelques pas de sa bien-aimée. Il se tourna vers elle, s'appuyant sur le rebord. Derrière lui, le ciel d'un gris sombre, presque noir et strié d'éclairs qui l'encadrait lui donnait l'air d'un Christ qui aurait vendu son âme au diable. Ou d'un portrait peint par Dorian Gray.
Une pluie lourde se mit à frapper les grands carreaux, comme si les éléments créés par Dieu essayaient de châtier les créatures impies qui vivaient de son oeuvre. Le regard décidément trop vitreux de Karl brillait d'une lueur morte à chaque éclair.

- "Je suis maudit, Chiara. Et tu es maudite avec moi... la réalité de ce qui existe dépasse de loin ce que les humains, ces créatures prétentieuses et vulgaires, croient savoir...."

Karl devait faire preuve de prudence. Déjà le visage de Chiara, partiellement illuminé par les flammes de la cheminée, reflétait bien plus que de la peur. Elle haletait. C'était imperceptible pour un humain, mais pas pour un démon. Son coeur s'était mis à cogner plus fermement.

- "Mais.. qui es-tu? Ou... Qu'es-tu?

Il n'y a rien de pire que le doute, car le doute pouvait engendrer des réactions brutales, primaires et hasardeuses. Chiara doutait. Mais si Karl lui disait la vérité, son existence, la leur, et celle de tout ceux qu'ils connaissaient étaient remise en cause. Tout allait changer, d'une manière où d'une autre. Et elle saurait aussi des détails à son sujet qui risquaient de ne pas lui plaire beaucoup, comme le fait qu'il puisse devenir fou s'il n'avait pas de relations sexuelles une fois par jour, au moins, et aussi... s'il ne buvait pas du sang chaque vingt-quatre heures, tuant du même coup une victime par jour. Dilemme cornélien. C'est d'une voix qui pouvait receler la plus grande compassion comme la plus grande menace que Karl répondit à sa question par une autre question...

- "Es-tu VRAIMENT sûre de vouloir le savoir, mon amour?..."

a ténébreuse femme était toujours lovée dans son fauteuil, les mains posées sur son ventre. Elle n'avait cessé de poursuivre du regard celui qu'elle connaissait sous le nom de Karl Matthaüs. Résultat : rien. Pas le moindre signe qui puisse lui faire dire que l'homme qu'elle avait aimé n'était plus. Non il était toujours le même, droit et sûre de lui, comme si le monde n'avait pas prise sur lui.

Pourtant il devait avoir changé. Un homme ne crache pas des flammes tel un dragon en furie même pour protéger sa compagne. Mais ce n'est pas ce phénomène qui perturbait Chiara. Non, c'était plus insidieux. Quand Karl l'avait protégé de la dizaine de skins gavés de bières et d'idéologie primaire, son regard avait changé. Un feu infernal brulait alors dans la prunelle de ses yeux. Transformer ces hommes en tas de cendre lui avait procuré un plaisir interdit. En cet instant, Karl avait cessé d'être un homme. Il était devenu un démon pret à tout sacrifier sur l'autel de la violence et du chaos. Oh Chiara n'était pas une enfant de choeur même si sa maternité avait bizarement fait ressortir une âme d'enfant voire d'adolescente chez elle. Mais jamais elle n'avait cotoyé le Mal dans sa forme la plus pure, la plus parfaite. Entre répulsion et attraction, elle ne savait que choisir car maintenant elle ne décidait plus pour elle seule mais pour trois êtres...

Des jumeaux...

Un spleen s'empara d'elle au moment où elle pensait à ses enfants. Son rôle de mère, elle se sentait prête à l'endosser mais la nouvelle de la naissance de jumeaux l'avait plongée en plein désarroi. Sa fatigue devenait explicable. Sa peur non... Elle devait savoir pour elle... pour eux...

Les flammes du feu de cheminé donnait un air grave au visage de la belle italienne. Ses yeux verts semblaient briller comme deux émeraudes dans un écrin de magma. Tel une déesse antique, son aura englobait la pièce et Karl sentit un frisson le parcourir. Oh il n'y avait rien de diabolique, ni d'angélique dans ce phénomène. Non, il y avait juste des rapports basiquement humain que ceux si appelle l'amour...

Karl et Chiara étaient à un stade où tout se jouaient pour eux. Dieu l'avait voulu ainsi. Tout est question de choix. Pas entre un bon et un mauvais. Non juste le choix entre deux chemins qui menaient de toute façon à la même conclusion mais avec chacun leurs lots de bonheurs et déceptions. Oui c'était le vrai pouvoir des humains : le libre-arbitre. Et l'heure du choix venait de sonner dans le manoir de Karl.

Chiara fixa Karl dans les yeux et lui dit :

"Oui je penses que je mérite la vérité Karl. Tu sais tout de moi. Je ne t'es rien cachée et je me suis donnée à toi sans réserve parce que je t'aime. C'est aussi simple que ça. Tu peux trouver ça très futil voire puéril mais je t'aime de toute mon âme et je ne souhaite rien d'autres que de passer ma vie avec toi pour l'éternité. Alors oui, pour moi, pour mes enfants, pour nos enfants, j'aimerais vraiment savoir qui tu es ?"

La crainte... Quelle sensation exaltante, en fait. Etre au pied du mur par la faute d'une femme... Non. Tout compte fait, par sa propre faute. Karl devait céder la place à Aaron. Ce genre de problème était trop sérieux, ce qu'il allait dire - et éventuellement faire- ce soir allait être déterminant. Il savait pourtant dès le début que Chiara était sa faiblesse.

Aaron fit descendre une longue gorgée transparente dans sa gorge. Ce feu, cette brûlure... Après ses exploits pyrotechniques, d'aucuns verraient cette image d'un oeil amusé. Mais l'heure n'était plus aux enfantillages. D'ailleurs, Karl Matthaüs n'avait jamais eu le temps d'en faire.

Il avait été poussé vers le Mal depuis... Toujours. Grâce, notamment, à la bienveillance d'un curé qui l'avait pris sous son aile car le jeune Karl avait une voix magnifique. Une voix d'ange.
Le problème, c'est que l'ecclésiastique avait un peu trop voulu communier avec les anges. De cette torture, de cette humiliation était née sa haine de tout ce qui se rapportait au sacré.
Karl avait réussi à tout plaquer en se mettant à crier en lieu et place du chant de choeur pendant un office. Il avait eu la voix cassée pendant toute la journée, puis ses parents l'avaient retiré du service à cause du scandale. Il va sans dire qu'il aurait été brûlé vif pour sorcelerie, il y a quelques siècles, sans autre forme de procès.
Personne n'avait jamais su.
Dès lors, Karl s'était employé à détruire ce que le curé avait fait, ce que l'église avait fait, ce qu'avait fait... Dieu. Il avait cherché à rendre sa gorge la plus démoniaque possible, il voulait en sortir des sons qui seraient capable de tuer un homme sur place. Il avait raclé, grogné, hurlé, crié, éructé jusqu'à ce que tout le monde puisse croire, lorsqu'il se servait de cette gorge, qu'il était possédé par Satan Lui-même. Car le contraste avec sa voix "parlée" était saisissant. Il gardait une voix profonde, mais claire bien qu'ayant une touche de rugosité. Mais cela lui importait peu. Il voulait être la Voix du Diable. Il avait réussi. Dans le milieu du Black/Death, il avait la voix la plus gutturale, noire et ténébreuse qui n'avait jamais été entendue. Au point que pas mal des groupes avec qui Carpe Noctem avait tourné étaient plutôt stupéfaits de constater de visu qu'il n'y avait pas d'effets sur son micro, tout était fait sans trucage. Chapeau bas, l'artiste.
Alors quand il était devenu Vampire... les choses avaient considérablement changé dans le bon sens. Il ne craignait plus rien pour sa gorge. Et puis la scène avait un avantage, dans le genre musical qu'il pratiquait. C'était sans doute le seul endroit où il pouvait presque laisser ressentir et voir son aura de démon sans que cela ne pose problème. Sur scène, il lâchait une chape de désespoir et de haine qui mettait tout le monde d'accord. Sur scène, Karl Matthaüs était un tueur....

Mais Aaron Blake marquait le pas devant Chiara. Il avait néanmoins pris sa décision. Car, bien qu'humaine, elle lui était désormais liée par les enfants qu'elle portait. Elle était damnée.
Aaron se mit à arpenter nonchalament la pièce, son regard passant sans le voir sur le mobilier style XVème dont la pénombre du salon faisait ressortir le coté décadent. Digne d'"Entretien avec un Vampire", malgré la caricature que ces vampires d'opérette avaient fait de ceux de sa race, sa si noble race. Peut-être qu'un jour Chiara en ferait partie. Mais c'était loin d'être aussi facile que dans un long métrage...
-"Tu es damnée, Chiara..."Dit-il en plantant son regard dans celui de sa bien aimée de là ou il se trouvait. "Tu portes les enfants d'un démon dont tu ne connaîtra jamais le véritable nom..."

La respiration de la jeune femme se fit plus courte encore. Sa raison ne voulait pas croire ce que lui montraient ses yeux, à savoir une étrange nimbe floue et ondulante irradiant de la silhouette de l'homme qu'elle aimait, ni ce que lui disait ses entrailles. Elle ressentait la force. Une force palpable émanant de Karl-Aaron parvenait jusqu'à elle, une force terrifiante mais en même temps... agréable. Ce qui la rendait encore plus terrifiante.
-"Tout le monde a sa chance, Karl, c'est dans la nature humaine de-
- NE ME PARLE PAS DE NATURE HUMAINE, PAUVRE FOLLE!!!"

Karl avait hurlé. ç'avait été plus fort que lui. Chiara trembla immédiatement de tout ses membres, se levant par réflexe de fuite.
-"d'accord... ne me dis rien... tu... tu as le droit de garder-
- Rassieds-toi." Ce qu'elle fit dans l'instant. Dans la tête de la belle Italienne c'était la panique. Elle était forcée d'admettre que l'être qu'elle avait en face d'elle n'était pas ce dont il avait l'air.
A partir de maintenant, pour elle, tout était possible. N'importe quoi. Même le pire. La résignation s'abattit sur elle, par rapport à quelque chose qui la dépassait et la dominait. Ce qui eut pour effet de lui faire recouvrer presque totalement son calme. elle se rassit donc, tranquillement, puis le toisa, sans défiance ni provocation. Simplement du désabus. Karl s'était lui aussi repris, mais il savait que la violence de sa réaction allait rendre les choses délicates. Fini les cachotteries et les éludations.
-"Je suis un vampire".


-"Quand tu m'as vu tomber sous les balles de ton charmant prétendant, tu as cru que j'étais mort. Tu avais raison. Je l'ai été pendant un court moment. Mais... "
karl ne trouvait plus ses mots. Chiara l'observait avec une attention mêlée de stupéfaction.
-"Nous sommes tous deux damnés, chiara. Moi parce-que je suis mort et que je marche debout sur cette terre alors que c'est elle, de surcroît, qui devrait me recouvrir, ou absorber mes cendres. Parce-que je respire par réflexe un air qui ne me sert à rien. Je suis damné parce-que mon coeur fait circuler un sang qui ne m'appartient pas, et que ce sang, je dois le renouveler chaque jour. Je suis damné parce-que tous les tissus de mon corps sont inertes et sans vie, alors que je possède trois fois la force des hommes les plus forts que ce monde ai connus. Je suis damné parce-que, vivant, j'ai voulu donner ma vie au Diable et que, une fois mort, il l'a effectivement prise. Je suis au service du Diable, et je me bat contre les anges. Et toi, tu es damnée parce-qu'il est formellement interdit au démons d'avoir des contacts explicite avec des humains, encore plus de vivre avec eux, à fortiori de les aimer... Et je ne parle même pas de leur faire des enfants. Tu es donc damnée quatre fois, si l'on peut dire, simplement parce-que tu m'as rencontré."

Aaron fit une pause. Il se servit un autre verre d'Idlor qu'il dégusta en prenant tout son temps, Chiara ne disant rien même lorsqu'elle vit se dessiner sur le visage de celui qui n'était pas humain un rictus que des gens normaux auraient fui à toutes jambes. Un petit sourire lourd de promesses démoniaques. Mais elle le trouvait mimi.

-"Néanmoins, il y a des avantages non négligeables à ma situation. Elle ouvre des possibilités incalculables. Pense à tous les actes que cela peut engendrer, les démons en général, et moi en particulier, peuvent pour la première fois marquer l'histoire, se retrouver sur le devant de la scène... Je suis immortel, Chiara! Si tu m'aimes vraiment nous pourrons faire tant de choses incroyables... Soumettre tant de personnes, de castes, de peuples!!! Je pourrais me hisser en haut de la pyramide!!!..."

Karl parlait avec véhémence, laissant aller son aura, laissant éclater sa rage. Sa bien-aimée le regardait, et tentait d'analyser tout ce qu'elle venait d'encaisser. elle se sentait perdue, tout d'un coup. Elle demanda la première chose qui lui vint à l'esprit, et d'une certaine manière le regretta aussitôt...
-"Mais... Pourquoi, Karl?"
Celui-ci se carra devant elle et curieusement elle eut l'image de la droiture et de la froideur d'une cathédrale abandonnée... Elle ne put décrire ce qu'affichait le visage du vampire lorsqu'il répondit, serrant les poings au point qu'elle entendit les jointures craquer, tendu comme un arc, un brasier de haine brûlant au fond de l'âme...
-"Pourquoi? Et bien, mon amour..."

-"Pour le pouvoir... POUR LE POUVOIR!!!"

-« AHAHAHAH ! » Un rire pure, cristallin envahit le selon du manoir. Il résonnait de tel façon que rien ne pouvait entraver sa route et il frappa le démon de plein fouet. Karl n’avait jamais entendu Chiara rire. Ce détail le frappa. Entendre son rire, à la limite de démence, juste à cet instant le décontenança. Un autre bruit brisa celui du rire de Chiara. Le verre d’Idlor se trouvait aux pied de Karl, brisé par le rebord de la cheminée.

Stupeur…

Ce mot entra insidieusement dans la tête de Karl. Il attendait une réaction de sa douce compagne mais pas celle-là. De la peur, de l’angoisse voire des larmes ça il s’y était préparé comme à son contraire. Mais ça, non. Pour la première fois, Karl perdait de sa superbe. Il regarda sa compagne sur son fauteuil et ne la reconnu plus.

L’italienne avait désormais les jambes croisés mettant ainsi en évidence son ventre rebondi… volontairement ou pas, il ne saurait le dire. Sa posture indiquait clairement que c’était elle désormais qui menait la danse. Elle, la simple humaine qu’il pouvait écraser comme une vulgaire fourmi, le toisait. Pire même, elle se comportait en dominatrice. Les mains bien calés sur les accoudoirs, elle fixa désormais le vampire de ses yeux verts. La silhouette de Chiara devint flou puis ce fut au tour de la pièce puis du manoir de disparaître dans les limbes.

Il se retrouva en pleine jungle. Tout autour de lui, des gens à la peau mat n’étaient vêtus que de pagnes. Des cris de jouissance émanaient de cette foule et un mot dans revenait comme une incessante litanie dans une langue qu’il ne connaissait pas mais qu’il comprenait : « sacrifice ». Face à lui, un escalier de pierre menait au sommet de ce qu’il reconnut être un temple d’Amérique du sud. Sur les côtés de l’escalier, des hommes, des guerriers sans doute, en costumes traditionnels faits de plumes et de cuir l’observaient. Karl sentit dans sa main un objet de métal. Il baissa les yeux. Un couteau à la lame torsadée, voilà ce qu’il tenait. Mais son regard fut surtout captivé par le pommeau de l’arme. La tête d’un serpent à plume y était gravé et deux émeraudes étaient disposées en guise d’yeux. Les émeraudes brillaient à la lueur du soleil naissant. Les éclats de lumière verts illuminaient son visage et le captivait. Il ne pouvait ôter son regard de l’idole. Puis par une magie inconnue, le visage de Chiara apparue comme par transparence et leur deux regards se superposèrent . Ils possédaient chacun la même force, la même puissance, la même aura capable de mettre à bas la plus résistante des murailles.

Une voix d’homme résonna et l’image de Chiara s’effaça. Karl ne comprit pas les mots que l’homme prononçait mais il sut qu’il devait monter au sommet du temple. Sa marche au milieu des statues vivantes des soldats fut lente comme ralenti par un poids, celui de la tradition. Le moindre de ses mouvements obéissaient à un rite séculaire et inconsciemment, comme possédé, il suivit le rituel. Arrivé en haut du temple, un autel de pierre recouvrait la presque totalité de la surface. Sur celui-ci, une femme nue hurlait à la mort. Ses poings et ses pieds étaient étreints par des bracelets de fer, ce qui ne l’empêchait pas de se débattre comme un loup pris au piège. Face à lui, il reconnut le roi-prêtre toltèque Topiltzin Quetzalcoatl, le serviteur du Dieu serpent. Et lui, il était Maraanea son serviteur. Tout lui revenait en mémoire, Topiltzin était au service de Scox, le prince des âmes et ils s’étaient connus lors de la Chute. Ils se revoyaient tout les deux hurlant de douleur dans les ténèbres de ce qui n’était pas encore la cité d’Ys. Leur ailes blanches avaient brûlé par la traversée des Marches. Leurs majestueux ornements dorsaux avaient fait place à de grandes ailes membraneuses aussi noir que leur nouveau monde. Mais d’après aucun souvenir, juste cette scène en haut du temple de Tlahuizcalpantecuhtli.

La lame du poignard de sacrifice dansait au dessus de la poitrine de la future sacrifiée. Topiltzin hurlait à l’intention du peuple toltèque les paroles sacrées mais lui ne pouvait détacher son regard des yeux d’émeraudes du serpent à plumes. Il ne vit pas le poignard s’enfonçer dans le sein de la jeune femme bientôt suivi par la main du roi-prêtre. Il ne vit pas non plus cette main en ressortit le cœur chaud et encore parcouru de quelques battements et le lever en évidence pour le montrer à la foule. Leurs cris de liesse l’indifféraient. Pour lui seul comptait les yeux d’émeraudes et un nom…

Chiara

Karl se retrouva dans son salon face à l’incarnation de l’antique Dieu Serpent. Il savait que cette incarnation n’était du qu’à quelques facéties de son cerveau mais cela le perturba.

-« Ainsi donc tu es un vampire. Je ne sais pas pourquoi je m’en suis douté quand je t’ai vu revenir d’entres les morts. Tu parles de mon prétendant mais sais-tu vraiment ce qu’ils m’ont fait subir pendant tu étais je ne sais où mais en tout cas pas six pieds sous terre. Sais-tu que lorsque je subissais ces outrages, c’est l’image que j’avais de toi qui m’a permis de tenir. C’est l’amour que j’avais pour toi qui m’a permis de garder mon âme pure. »

Le regard de Chiara était toujours aussi dure mais des larmes commençaient à couler sur ses joues à l’évocation de ses souvenirs.

-« J’ai su dès le début que la personne qui m’étais revenu n’était plus l’homme que j’avais aimé. Mais cela ne m’a pas empêché de t’aimer. Pire il s’est même agrandi et devenir la mère de tes enfants est pour moi la plus belle chose qui pouvait m’arriver. Que tu sois un démon que m’importe tant que je reste avec toi. Que je sois damnée. Et bien soit j’accueillerais les Enfers avec plaisir si tu m’y accompagnes. Mais je souhaites être maudite avec l’homme que j’aime et pas avec quelqu’un d’autres… ».

Karl ne savait que faire ni que dire. Bien entendu la nouvelle que venait de lui annoncer Chiara l’emplissait de joie mais pourtant quelque chose n’allait pas. Son visage ne s’était pas adouci et ses yeux brillaient de la même lueur de défi. Le ton aussi dont elle venait de prononcer cette dernière phrase laissait présager une suite. Une suite qui pourrait lui être désagréable.

-« Karl tu te crois supérieur au humain et donc à moi par conséquent qui ne suis qu’humaine. Tu me promets un monde de luxe et de puissance. Ton destin est donc de dominer et tu me vois à tes côtés ? C’est ça je ne me trompe pas ? »

Elle ne lui laissa même pas le temps d’un réponse

-« Ce destin je n’en veux pas, ni pour moi, ni pour nos enfants. Non Karl, tu n’es pas supérieur aux hommes. Bien au contraire, tu leur ressembles plus que tu ne crois et tes exemples forment la lie de l’humanité. »

La voix de Chiara devenait de plus en plus blessante entre sarcasme et fiel.

-« Le pouvoir, c’est donc ce que tu recherches. Cette quête illusoire que bon nombre d’humains ont mené. Certains ont réussit où on cru réussir. Directeur, dictateur, décideur… et d’autres. Bien tu as sûrement la puissance nécessaire pour parvenir à tes desseins et après ? Oui après que feras-tu de ta puissance ? qui plus-est pour l’éternité ? Les hommes recherchent inlassablement le pouvoir pour réaliser de grandes choses pour que leur nom ne soit pas effacé par l’érosion du temps. La peur de l’oubli les motive. Est-ce là ton but Karl ? »

La belle italienne se remis à son aise dans le fauteuil. Visiblement les affres de la grossesse commençait à se faire sentir mais malgré la douleur, elle n’en laissait rien paraître sur son visage.

-« Le simple fait de t’aimer et de passer ma vie avec toi suffit à me combler et à affronter la mort qui pour nous humains est notre destinée. Puissance, pouvoir, omnipotence et omniscience, des mots sans âme pour des hommes sans vie, sans but, sans raison. Rien n’est plus fort que l’amour. Et les gens qui se tracent ce genre de destinée en manque cruellement. Ils ne sont donc motivés que par la domination, nourrie par une vengeance envers les autres. Mais en fin de compte c’est leur solitude et le manque d’amour de quelqu’un qui les motive. Oh ce mot peut te sembler très surfait et lui aussi vide de sens. Un mot pour une femme aux rêves bleus. Mais ce mot, amour, je le chéris de tout mon être et il prend un sens quand je te regarde.

Voici la vie que je veux. Une vie simple au près de toi avec nos enfants dans ce manoir. Alors Karl que choisis-tu ? Tes rêves de grandeur ou moi ? Saches que j’accepterais ta décision quelle qu’elle soit. Mais une fois que tu auras choisi ta voie, il n’y aura pas de retour possible. »

Le regard de Chiara ne quittait pas le tien alors qu’elle attendait ta réponse

Karl était resté figé pendant que sa compagne s'exprimait. Elle, si discrète, qui faisait preuve de tant d'abnégation, n'avait jamais autant parlé. Mais ce n'était pas ça le pire.
Aaron venait de comprendre le sens d'un autre mot: perplexité. Le visage exprimant la plus grande des surprises, il sentit une lourdeur incroyable sur ses épaules. Il apprenait ce qu'étaient la lassitude et la peur.
Le pas traînant, il ne put que se laisser tomber dans le fauteuil le plus proche. Il contemplait les morceaux de son verre brisé. Etais-ce Chiara, de sa voix si suave et douce, qui l'avait fait éclater? Sans aucun problème? Aaron en était incapable. Il leva un regard tout de folie contenue, de désespoir et de peur vers elle. Elle partageait son lit, elle qui pouvait passer pour une écervelée auprès qui ne la connaissait pas.

Et puis Scox, Quetzalcoatl, Maraanea, Tlahuizcalpantecuhtli, ce vert hypnotique qui l'hypnotisait lui. Il ne pouvait sans doute même pas cacher sa peur à Chiara. Il avait peur d'elle. Mais par tous les Damnés des plus bas Enfers, QUI était-elle?

Mais non, NON! jamais il ne le lui demanderait, JAMAIS! Il ne s'abaisserait pas à ça! Pas Aaron Blake...

Et si... et si elle connaissait son véritable nom??? Elle pourrait faire de lui son roquet! son pantin! Possède-t-elle des forces équivalentes aux siennes et comment pourrait-il le prouver? Rien! Il ne savait RIEN!
Aux yeux de ses supérieurs, il n'était qu'un sous-fifre comme les autres, un dans la masse, de la chair à canon, du bétail, rien de plus que ces pitoyables humains!!! Ils asservissent à travers leur Dieu, ils jugent et condamnent, Dieu et ses moutons sont les seuls responsables de ce qui arrive! La Chute... QUI l'avait ordonnée???

Il se prit la tête dans les mains. Il sentait le regard de Chiara peser sur lui. Mais dans l'absolu... il n'avait rien à perdre.
Sauf Chiara, sa seule et unique faiblesse. Il aimait une femme qui lui était inconnue et qui pouvait peut-être se débarrasser de lui à tout moment. Et dire qu'il s'était inquiété de sa sécurité sur l'île... et le Vert, les Incas, Scox... tout se mélangeait...

Il se leva, alla se servir un autre verre, et retourna s'installer nonchalament dans le fauteuil. C'est un regard froid comme le nouveau stade de folie qu'il venait de franchir qu'il posa sur sa compagne.
- Qui peut aimer dans la soumission, Chiara?...


- Remets-tu en doute ce que je ressens pour toi? As-tu bien compris ce que je viens de te dire, as-tu bien saisi les risques que je prends en te laissant VIVRE? Tu me mets le couteau sous la gorge alors même que j'essaye de nous affranchir de toute soumission?

Aaron but une gorgée, et savoura encore la brûlure....

- Je suppose que tu sais qui nous accompagnait à notre séjour sur l'île... Tu te souviens peut-être de l'un d'entre eux, qui te fixait beaucoup. Ce démon est sujet à un trouble fâcheux, à savoir une paranoïa aiguë et difficilement contrôlable, tout comme mes besoins en sexe et en sang. A un moment donné j'ai commencé à comprendre que ce drôle pourrait bien avoir envie d'en savoir un peu plus sur ton compte, toi qui m'as accompagnée, puis une fois cela fait, de te tuer. Si mon prince démon venait à soupçonner quoi que ce soit, nos enfants naîtraient orphelins de père, si tu n'est pas mise à mort avant. Tu es peut-être très forte, peut-être même plus que moi, pourquoi pas... Mais contre des démons majeurs, voire un prince démon, je crains fort que tu ne fasse pas le poids.
De quoi m'accuses-tu? De nous mettre en danger? Mais nous sommes en danger!...

La situation se mettait en place. Les données changeaient, mais c'était peut-être un énorme atout. Cette perspective ainsi que la brûlure de l'alcool lui fit arborrer un air satisfait.

- Vivre libres et sereins? Mais que crois-tu que je veuille, mon amour? Ce manoir me suffirait amplement. D'ailleurs, pour ta gouverne, il ne m'appartient même pas... c'est une sorte de logement de fonction.
Si je veux le pouvoir, c'est pour dominer car ce monde marche selon cette règle dominant/dominé. Dominer ses ennemis pour qu'il ne leur prenne pas l'envie d'exercer un ascendant sur soi. Et être en haut de la hiérarchie pour que personne ne dispose de soi.

-Je comprends tes craintes, ma chérie, mais si tu veux que nos enfants naissent libres de choisir leur voie, libres de profiter de la vie, c'est à NOUS de leur préparer cette vie, de faire que ce monde ne soit pas hostile envers des êtres comme eux. As-tu pensé à cela? Comment vont-ils être? Pourront-ils simplement aller à l'école, à la piscine, chez des amis sans qu'un ange les pourchase juste parce qu'ils sont en partie démons, malgré eux, sans que des démons cherchent à les enrôler dans leurs troupes et les envoient se faire tuer pour des intérêts qui ne les concernent pas ?

- Alors oui, je veux me battre. Je veux me battre de toutes mes forces pour le bonheur de mes enfants et de la femme que j'aime.
Je veux me battre uniquement pour le bonheur de ma famille...
Cela fait-il de moi quelqu'un de condamnable?


-... Oserais-tu me blamer pour cela, mon amour?

Loin de moi l'idée de te blâmer, ni même de t'accuser Karl mais comprends-moi. La situation m’échappe de plus en plus et je ne sais plus où nous en sommes, où j’en suis, ni même qui je suis. Comprends que les évènements de ces derniers mois ont de quoi perturber n’importe qui. Mon départ d’Italie, notre rencontre, ta mort et ton retour à la vie, notre liaison, ma maternité et enfin la découverte de qui tu es vraiment… C’est dure à encaisser pour moi. Je sais que bien souvent tu me prends pour une sotte et tu as raison. Mais voir la vie telle que je la rêve me permet de ne pas perdre pied surtout en ce moment. Pourtant je me refuse à adhérer à ta vision du monde. Je me refuse à croire que derrière chaque voisin, chaque commerçant, chaque passant, peut se dissimuler un Ange, comme tu les appelles, prêts à me tuer ou pire encore. J’espères que ces adversaires que tu décris sont encore minoritaire sur notre terre. J’espères que nous pourrons vivre tout les quatre seuls, coupés de ton monde. Je voulais juste que nous soyons heureux…

Les yeux de Chiara s’étaient peu à peu rougit au long de sa discussion. Malgré son apparente force de caractère, la réalité de la belle italienne vacillait et l’importance des révélations semblaient l’avoir marquée plus qu’elle ne voulait le laisser entrevoir. Ainsi au moment où elle prononça cette dernière phrase, elle éclata en sanglots. Non pas un de ses sanglots dont les femmes ont la spécialité. Ces sanglots simulés qui n’ont d’autres but que de mettre au pas le plus machistes des barbares, que de faire fondre le plus retors des tortionnaires. Non ce sanglot était dénué de sous-entendus et de manipulations. Les larmes étaient d’une pureté cristalline. Elles coulaient le long de ses joues et se déversaient sur les lattes du parquet tel un torrent. Ces sanglots étaient ceux d’une femme qui doutait. Et Chiara doutait de son rôle de compagne, de sa capacité à être mère, de ses facultés à garder Karl à ses côtés. Ses idéaux venaient de voler en éclats et le choc était direct, brutal. Pas de concessions dans l’assaut. On ne ferait pas de prisonniers. Chiara s’était recroquevillée dans une position fœtale sur le fauteuil. Elle semblait attendre le coup de grâce, les mains repliés autour de son ventre.

Majestueux sur son fauteuil, AaronBlake voyait le corps de sa compagne parcouru de soubresauts.

Karl Matthaüs se leva lentement, et s'approcha de Chiara. Mettant un genoux à terre pour être à sa hauteur, il posa délicatement une main sur la joue de sa compagne, puis l'autre sur son ventre. Il chercha ensuite son regard, ses yeux émeraude qui lui avaient fait vivre quelque chose de complètement fortuit mais intense... Involontairement. Il en était certain. Il aurait discerné un comportement de manipulatrice par la suite. D'autant que la leçon avait été cuisante... mais finalement fort interressante.
Lorsque les yeux embués de Chiara trouvèrent les siens, il ne dit rien, se contentant de continuer à caresser la joue et le ventre de la femme qu'il aimait pendant le la pluie les maudissait en continuant de plus belle, dehors sous cette sombre grisaille, malédiction contre laquelle s'agitaient les flammes consumant le bois, consumant la vie...

Il se leva et, la tenant par les mains, la fit se lever à son tour. Il l'enlaça ensuite lentement, tendrement, et lui murmura au creux de l'oreille...
- "...Je comprends, mon amour. A quel point tout cela est nouveau pour toi. Mais c'est la réalité. tout ce que tu dois faire, c'est l'admettre. Je ressens ton inquiétude. Elle est justifiée. Il est tentant de céder à l'envie d'un "cocon". Mais il faut que tu comprennes une chose, chose contre laquelle je suis totalement impuissant, mon amour: je suis un démon mineur. Je ne suis plus rien au yeux de Dieu car je suis mort, et je ne compte guère plus pour le Diable, à peine moins que pour mon prince-démon. Je suis donc obligé d'obéir aux ordres qui me sont donnés, sous peine de sanctions. Et, bellissima Chiara, tu n'as pas le moindre soupçon de ce qu'ils sont capable de nous faire, à nous et à nos enfants si je leurs désobéis..."

Dans la tête d'Aaron Blake tonitruait l'un des morceaux de Carpe Noctem préféré des fans en concerts éclipsant, dans sa masse sonore saturée et la haine contre Dieu qu'il déversait, tout ce qui se passait autour de lui. Il se remémorait la salle hurlant à s'en déchirer la gorge avec lui...

"...J'érige le paganisme en l'ultime religion
Crachez à la face du Divin et de toute sa création
Ce monde n'a pas besoin de la faiblesse de Dieu
Mais réclame la Puissance maléfique du Démon
Rassemblez-vous, écoutez mon sermon
Semons la destruction et la mort en ces lieux
Pour tous les misérables
Qui croient en ces pitoyables fables..."

Un instant, Aaron avait été troublé par ce que dégageait Chiara, il avait ressenti... un pincement, là, dans la poitrine. Faiblesse, quand tu nous tiens...
Il fixait le feu dansant sans le voir en serrant sa femme dans ses bras pendant qu'elle regardait les gouttes acérées lacérer l'air et perscuter les carreaux des grandes fenêtres.

Il allait falloir faire preuve de patience et de discernement.
- "Je vais te demander quelque chose qui va peut-être te paraître cruel, mais... je voudrais que tu restes au manoir, et que tu n'en sortes jamais sans moi. Au moins jusqu'à la naissance de nos enfants. Ensuite nous aviserons. Sache que certains collègues se doutent de quelque chose, et que s'ils te voient encore et que cela confirme ce qu'ils pensent, il y a une chose qui est sûre, c'est qu'un séjour dans les sous-sols de l'inquisition n'est rien à côté de ce que nous fera subir le Prince-démon qui se charge de ce genre d'affaires. Mais nous devons rester fort..."

Le feu brûlant les imposantes bûches dans la cheminée était à l'image de la folie qui dévorait la raison d'Aaron Blake, le laissant dans une cyclothymie toujours plus contrastée et intense. Et, les flammes s'allumant dans ses yeux fous, comme recouverts d'une pellicule translucide, morts contre-nature comme pouvait l'être le coeur qui battait à froid dans sa poitrine inerte, il soupira doucement, comme pour lui-même...

- "... Nous devons rester forts, parce qu'un jour..."

"Parce qu'un jour quoi Karl ? Je suis si lasse ce soir. Ne me fais pas languir plus longtemps? Alors je t'en pris mets fin à mon supplice." Karl pouvait remarquer que le visage de Chiara commençait à porter les stigmates de la fatigue. Ses traits tombaient pourtant son visage affichait toujours la même beauté. Une de ses beautés qui transcende le physique, une beauté presque surnaturelle. Le vert de ses yeux se couchait peu à peu dans un océan bleu-violet comparable à ceux des mers de Chine. Elle essayit de lutter contre le sommeil mais ce chasseur ne lache jamais sa proie une fois qu'il la tient. Alors ne resistant plus elle posa sa tête contre la poirtine du démon. L'enserrant tendrement, elle se laissa bercer tendrement par le bruit de son coeur. Cet organe qui battait par reflexes comme ses poumons. Rien ne circulait plus dans cette carcasse morte et pourtant un feu brûlait à l'intérieur, une rage contre toute la création divine, quel foutaise. Dieu est mort avait ecrit Nietschze. Et bien il n'avait pas totalement tort. Mort peut-être pas, sénile surement. Même pas deux ans qu'il était sur terre et il avait déjà vu ce que la création avait engendré de pire. Il était loin le jardin d'Eden. Des anges psychotiques, renegats, megalomane et j'en passe et c'est ça la promesse que nous fait le prêtre à chaque cérémonie dominicale : ressembler à ces êtres. Mieux vallait être maudit...

Le tête de Chiara se faisait lourde et sa respiration était celle d'une femme endormie. Il l'a regarda en dégageant les cheveux qui occultait son visage. Elle souriait. Elle souriait en dormant. Sa main avait emprisonné un pan de ma chemise comme le fond souvent les enfants. Et elle souriait dans son sommeil. Il devait être bercé de rêves sentant bon la guimauve et le pain d'épices. Ces rêves d'enfants que bien souvent on libère une fois adulte mais que l'on regrette éternellement ensuite. Il posa sa main sur le ventre de Chiara qui resonnait à l'unisson avec ses battements. Pour la première fois, il sentit une force qui grandissait dans ce ventre. Une force qui dépassait en tout ce que les pauvres humains pouvaient ressentir dans la même situation. Non cette force était surnaturelle, divine ou plutôt démoniaque. Pourtant rien de maléfique n'émanait du corps de sa compagne. Il ne pouvait expliquer ce qu'il ressentait mais cela le terrifia et l'intrigue en même temps. Quelle mystère se cachait dans cette matrice ...?

beau moment dramatique. Sacré Karl, va t il fondre complètement? La tuer? Partir loin de tous les ennuis des conflits surnaturels? vous le saurez, apres la page de PUB !!
:P

De la pub? Pour se tf1iser? Sûrement pas.

"- Ne t'inquiètes pas, Chiara, ne t'inquiètes pas..."

Karl porta sa compagne dans leur chambre, et la borda. Il la regada un peu dormir. "Après l'accouchement, elle aura reprit ses esprits". Il espérait qu'elle réagisse de façon moins passionnée quand cette épreuve serait terminée. Mais il devait admettre qu'elle n'avait pas vraiment tort. Il comprenait son point de vue. Mais Aaron Blake était acculé. Soumis.

Il redescendit de la chambre, se servit encore un autre verre, puis erra dans le manoir, toutes lumières éteintes.
La quiétude des lieux, ténébreux, le toit et les murs fouettés par la pluie qui se déchaînait dehors sans faiblir depuis le début de la soirée s'opposait complètement à ce que Aaron avait dans son crâne froid. Son objectif musical était de déclencher l'apocalypse, et il s'employait à expérimenter des riffs, mentalement, pour ce faire. Un jour, Carpe Noctem sortirait l'ultime album, celui de la brutalité la plus bestiale et hérétique que le Diable en personne puisse imaginer. Le groupe était d'accord.
De toute façon, les autres n'avaient pas le choix, même s'ils ne le savaient pas. Ce n'était que des humains, certes, mais ils servaient bien la cause démoniaque. Peut-être avaient-ils conscience que Karl était d'une nature particulière, en tous les cas le mot "humain", à leurs yeux, ne pouvait pas résumer ce qu'il était. Et peut-être était-ce cela qui leur laissait penser que la voie qu'ils avaient choisie est la bonne...
Ils ne lui posaient pas de questions. Ils jouaient, donnaient leurs tripes et même, ponctuellement, de bonnes idées.
Mais Aaron/Karl préférait de loin laisser les vibrations négatives des lieux tourmentés et abandonnés de Dieu l'inspirer, le guider. C'était une telle communion, une telle symbiose... Son dévoué curé-professeur de chant aurait sans doute apprécié.
Quoique.

Karl pensait au futur. Peut-être lui apporterait-il de bonne choses, en fin de compte.

En tous les cas, il lui apporterait deux surprises pas piquées des vers, si un cadavre pouvait s'exprimer ainsi.

ca c'est un bon plan :P : musique bestiale+cadavre

Bonjour,

j'aime beaucoup ton style et ton personnage et très attachant.

Le prends pas mal, J'ai été un peu étonné par l'épisode de la babysitter...
était-ce vraiment nécessaire...

Avec son charisme, ton personnage n'arriverait il pas à obtenir les faveurs de la belle innocente, sans en arriver à l'épisode du viol?

(C'est un peu glauque...on s'éloigne un peu du côté romantique du mythe vampire et de l'esprit western démoniaque à la sauce béarnaise de INS/MV....)

:tend: bonne continuation et bon roleplay

L'ambiance à la table de jeux étant à la franche rigolade, on fait les cons. Et puis je ne sais pas draguer... J'ai déjà précisé que cela ne s'était pas passé tel quel, que je croyais que le MJ l'avait volontairement mise sur ma route parce que j'allais encore perdre des PPs, mais que j'avais considérablement assombri la chose sur ce sujet, cohérence oblige vis-à-vis du personnage.

En fait je suis beaucoup plus sérieux avec ce perso sur le forum que dans les parties.

[3 extrêmes] Die Zukunft ist an uns

Un van noir s'arrêta silencieusement face aux imposantes portes métalliques du manoir Matthaüs. Seul le hullulement d'un hibou troublait le silence de cette nuit. Puis sortirent du van, 8 soldats en tenues militaires noires des rangers aux cagoules. Seul Ivan Panov restait tête nue. Drôle ça que les chefs cherchaient toujours à se distinguer. Mais personne n'aurait osé dire ça à un ancien de l'armée rouge. Un soldat qui avait été de tous les conflits et que ses supérieurs avaient fini par appeller l'équarisseur. Ivan chargea son Heckler & Kock MP5 et fit un dernier point avec ses hommes.

"Messieurs, je vous rappelle que la cible est une femme enceinte de neuf mois. Notre contact nous a prévenu que le danger était actuellement à Cannes. Mais ce fils de Satan a pu prévoir des défenses. Alors soyez attentif. Allez Für die Ehre der Vorgesetztrasse".

Un des soldats posa une charge de C4 sur la serrurede la grille qui céda sans bruit et presque sans fumée. Les 9 soldats investirent alors la place se dissimulant dans l'épaisse forêt.

Sur le perron du Manoir, Chiara sirotait son chianti directement importé de Greve in Chianti. Elle feuilletait un roman d'un auteur génial et injustement méconnu. Son Libera Me était vraiment un bonheur à lire et sa plume délicieuse. Pourtant elle ne pouvait s'empêcher de penser à Karl, comme une femme de soldat. Elle ne se posait plus de questions depuis leur discuccion. Ce qui devait être dit l'avait été et leur union était désormais le plus idyllique possible. Par reflexe, elle caressa les formes arrondies de son ventre et sentit les êtres grandissant dans sa matrice répondrent à son appel. Jamais elle n'aurait cru jouir de cet état de mère mais elle devait le reconnaître : le lien qui s'était tissé entre elle et ses enfants lui procurait un rare bonheur. C'est alors qu'une violente douleur lui traversa le ventre l'obligeant à lâcher son verre qui se brisa sur le sol. L'ichor amaranthe se répandit comme une flaque de sang. Funeste présage. Un cri sans sa tête lui ordonna de courir, de s'enfuir, de se réfugier dans le manoir. Ce cri provenait d'elle, enfin de ce qui grandissait en elle. Chiara n'eut pas le temps de se poser des questions qu'elle vit une dizaine d'hommes armés sortirent des bois.
Elle couru se réfugier dans son antre tel un renard chassé et ferma derrière elle la lourde porte. Ne sachant où aller, elle monta vers l'un des seules lieux où elle était, croyait-elle, en sécurité : leur chambre.

Au rez-de-chaussée, la porte explosa. Les formes noires et silencieuses prirent possession des lieux, fouillant chaques pièces méticuleusement. Chiara était recroquevillée dans un coin de la chambre, ses jambes et ses bras enlaçant son ventre comme pour protéger son trésor d'un danger invisible. Elle priait, de tout son coeur, de tout son âme, pour un miracle ; un miracle nommé Karl Matthaüs.
La poignée de la porte s'agita convulsivement. Puis le mouvement cessa.

Silence...

Peur...

Une rafale la fit voler en éclats et Chiara n'eut pas le temps de hurler que la réalité s'évanouit autour d'elle en un Kaléidoscope de couleurs...
Ivan ôta le mouchoir chloroformé de la bouche de la cible. Il donna des ordres dans son talkie et quelques minutes plus tard la femme se retrouva sanglée sur une civière et chargée dans le van. Ivan rameuta ses troupes. "Messieurs, l'opération Übermensch est un succès". A ses mots tous regagnèrent le véhicule satisfaits et celui-ci disparu dans la nuit emportant son butin...

Karl observa tout ceci des écrans de contrôle 12 heures plus tard. Plusieurs sentiments contradictoires l'envahirent mais la colère semblait prendre l'avantage sur les autres. Il ne remarqua même pas que sa peau était de chitine...

hi hi hi


sachant que j'ai lu l'épisode de l'autre post (couil*** par le sorcier a nice) je fini par celui ci.
tres top toujours, tres mouvementé ces opérations

fablyrr a écrit:

tres mouvementé ces opérations

Et ce n'est que le début pour le pauvre vampire

Déjà, on n'abime pas impunément un manoir d'époque. Surtout quand ce manoir appartient à Karl Matthaüs.

Mais par dessus tout, on n'entre pas par effraction chez le Seigneur Matthaüs pour lui prendre ce qui lui appartient.

Bon.

Maintenant ça va chier.

Un Brasier.
Un immense brasier, à la mesure des plus grands brasiers de l’inquisition. C’était un tel feu qui brûlait en Karl Matthaüs depuis qu’il était rentré de mission. Et qu’il avait compris qu’on lui avait dérobé Chiara.
Des individus s’étaient introduits chez lui. CHEZ LUI, par les pires démons qu’ait pu enfanter le Christianisme, CHEZ LUI, comment avait-on pu commettre un tel sacrilège ? Et lui voler Chiara. Ultime affront, ultime insulte, ultime crachat au visage…
Ultime erreur.

Tentant de réfréner la furie qui bouillonnait toujours plus fort dans tout son être, Karl se leva de son fauteuil et se resservit un verre d’Idlor. Il commença à arpenter nonchalamment son salon juste éclairé par trois chandeliers d’argents finement travaillés, la nuit pénétrant dans son antre par les grandes fenêtres. A l’aune des précieux renseignements qu’il avait pu rassembler grâce à son système de surveillance, le net, et sa petite escapade en ville, il savait exactement ce qu’il allait faire. C’était d’une limpidité de cristal, comme celle de la vaisselle dans laquelle il prenait ses repas normaux. Il est vrai que rien n’égalait la douceur, l’onctiosité, la finesse, la richesse d’une gorgée de sang. Mais un plaisir devait rester rare, sans quoi il perdrait sons caractère exceptionnel.

Karl se considérait comme un amateur éclairé de raffinement. Et le raffinement, c’est le souci du détail dans la sobriété, la simplicité et surtoût… Le goût. N’est pas homme de goût qui veut. Cela réclame un sens de l’harmonie que peu d’élus possèdent. Et Karl fait partie de ces élus. Il n’y avait qu’à venir en concert, voir les salles toujours plus pleines, pour constater qu’enfin des personnes possédant l’intelligence de l’Art font se masser des foules certes hétéroclites, mais communiant d’une même ferveur pour louer les personnes qui les guideront vers l’affranchissement du Christianisme, car cette future armée des ténèbres ressent pleinement l’harmonie extrême qui imprègne chaque note de la musique qui les possède, qui les emplit, qui purifie leur esprits et les rends réceptifs aux vrais préceptes qui doivent guider leur vies. Musique jouée par Carpe Noctem, formation emmenée par Karl. Musique composée par Karl. Textes écrits par Karl.
Sans Karl, Carpe Noctem ne serait rien. Sans Carpe Noctem, la musique extrême qu’ils pratique n’aurait jamais connu ce changement, cette révolution qui faisait rage depuis que Karl et Carpe Noctem avaient déboulé sur la scène Black et extrême en général (la seule musique réellement digne d’intérêt avec celle d’Henri Dès) tels l’Antéchrist et ses apôtres pour mettre tout le monde d’accord.
Alors ce n’étaient pas quelques bigots allumés de l’Eglise de la Grande Purification qui allaient faire vaciller Karl Matthaüs.

Le soleil allait se lever, d’ici quelques heures. Le soleil allait se lever pour éclairer une journée placée sous le signe de la sentence. Aujourd’hui, le soleil se lèverait pour la dernière fois sur l’Eglise de la Grande Purification, qui verrait son but atteint en une aurore de flammes et de cris dispensant des effluves de chairs carbonisées, de fin d’un règne pour quelques autres, les suivants d’une longue liste, quelques autres des adorateurs d’un Dieu qui les laisserait – une fois de plus – mourir dans d’atroces souffrances. Le loup qu’il était allait faire une razzia sur le troupeau d’imbéciles qui avaient osé profaner son territoire et lui subtiliser Chiara, son bien qui avait le plus de valeur, et peut-être essaierait-il de capturer la succube qui le narguait depuis quelques jours. Il s’amuserait avec elle, puis s’en débarrasserait.
Il n’allait pas faire dans le détail.
Car comment pourrait-on apprécier le raffinement s’il n’y avait pas de brutalité, de dureté, comment apprécier la beauté sans qu’elle soit mise en valeur par opposition avec la laideur, comment apprécier l’harmonie si elle n’est pas mise en parallèle avec la dissonance, comment apprécier la paix si l’on a jamais connu la guerre…

Karl Sentit qu’il ne restait plus beaucoup de temps pour que l’astre du jour apparaisse, il vida son verre d’un trait et sortit de chez lui non sans avoir rebranché l’alarme – à laquelle il apporterait sans doute quelques modifications - dans le silence de cette fin de nuit. D’aucun y verraient un travailleur partir sereinement à son dur labeur. Mais d’aucuns ne pouvaient entendre le chaos sonore qui déferlait dans la tête de Karl Matthaüs, quelques riffs du futur album de Carpe noctem qui, comme les autres, surpassera encore en violence et en haine son prédécesseur. Le Chaos dans l’Ordre, l’Ordre dans le Chaos.

Pour retrouver l’Ordre qui doit lui être soumis tout entier, Karl allait allègrement semer le Chaos autour de lui, la conscience parfaitement tranquille.

La magnifique DS Pallas noire de 1975 démarra.

Vas-y Karl! Pompe les tous!!!

Allez vas-y Karlito !!!

A chaque fois la même impression dans cet ascenceur. Elle se demandait si la cause qu'elle servait était vraiment juste. Une cause simple pourtant : Libérer l'être humain du joug de ces créatures divines. Qu'elles soient angéliques ou démoniaques cela revenaient au même, elles nous dominaient et se servaient de notre Terre pour leur petit Risk au mépris de nos vies. Bien sûr cette guerre devait avoir ses règles mais visiblement le libre-arbitre de l'homme ne devait être qu'un alinéa de bas de page. Et ça, elle ne pouvait le supporter. Venant d'une famille irlandaise pour qui Dieu était plus qu'un guide, elle s'était sentie trahie quand la vérité lui était apparue. Dieu, bonté et pardon. Dieu, amour et charité. Connerie. Une demiurge qui jouissait en haut de sa tour céleste à voir ses pions se déplacer sur cet échequier géant. Qu'ils soient humains ou non, Ils se battaient, s'entredéchiraient, commettaient les pires excactions parfois en son nom, parfois en celui d'un autre et jamais il n'intervenait pour rétablir la Justice, Sa Justice. Non, il restait là et s'amusait à voir le Monde basculer dans le chaos comme un enfant détruisant son château de sable, quelques minutes seulement après l'avoir construit. Voilà ce qu'était Dieu, un enfant capricieux et Elle avait juré Sa perte.

La porte de l'ascenceur s'ouvrit. La blancheur des murs et le froideur des néons l'éblouir comme à chaque fois. Cette étage n'était qu'un vaste hangar où une immense machinerie reposait en plein milieu. Autour de celle-ci des techniciens, machinistes et scientifiques s'afferaient. Un homme au visage squeletique s'approcha entouré par ses deux rotweillers. Une flamme démoniaque brillait dans ses yeux pourtant il était humain. Le mal n'était chez lui qu'un hobby, un passe temps. Ses supérieurs lui avaient dit qu'elle aurait besoin de lui pour mener à bien son projet. Elle apportait l'argent (elle avait vendu château et possession de ses ancêtres pour cette folie...) et le Docteur, comme il aimait à se faire appeller, sa science. Le projet avait été lancé il y a plus de trois ans et il lui avait complètement échappé depuis le commencement. Ses "amis" s'étaient révélés de pures félons et le Docteur un pure tortionnaire. Même son projet avait été rebaptisé. Némésis était devenu "le projet sur-homme". Mais voilà la machine était lancée et elle ne pouvait qu'assister impuissante à sa réalisation. Rien ne pouvait l'arrêter désormais.

"Aaaarrrr vous voici freulein. Le Docteur parlait toujours avec cet horrible accent allemand à vous glacer le sang. Vous arrivez juste à temps pour voir mes premiers essais sur notre nouveau cobaye." Agitant la main vers des gardes en faction devant une cage de verre, ces derniers en sortirent une femme enceinte. A la vue de son ventre, elle arrivait à terme. La maternité rendait cette femme belle. A coup sûr, quelques artistes l'auraient volontié comme modèle pour une madonne. Seul ses yeux bleus juraient avec le reste de sa personne, non pas à cause d'une quelconque laideur. Non car ils exprimaient la terreur dans sa plus simple expression et la clareté de ses yeux ne rendaient que trop bien ce sentiment. Elle tremblait de tous ses membres, de tous ses os. Ses mains essayaient de cacher vainement sa nudité. Pendant ce temps, le docteur jouissait du spectacle carressant affectueusement ou libidineusement de la main l'un de ses chiens.

"Attachez-là solidement dans la machine, nous allons procéder aux premiers tests." Les hommes la mirent au fer dans une sorte de géode de métal parcourue de nombreux fils. Puis des techniciens placèrent des éléctrodes sur la majeure partie de son corps et plus particulièrement sur son ventre arrondi. Asphodèle regarda avec effroi ses électrodes. Chacune d'elle était reliée à un générateur électrique et... Oh mon D... Non, elle allait recevoir des ECT à pleine puissance. Son regard se tourna alors plein d'effroi et de colère vers celui du Docteur. Ce dernier la regardait avec un sourire inquiétant. Il savait qu'elle avait compris.

"Ya Fraulein, c'est exactement ce que nous allons faire. Mais ne vous inquiétez pas, je sais exactement ce que j'ai à faire. J'ai eu tout le temps de perfectionner mon art du temps de mon fuhrer et à cette époque la matière première était plus facile à trouver;arharharh..."

"Donnez au moins un sédatif ou un analgésique, que la douleur soit plus supportable. Objecta-t-elle".

"Nein, nein, nein. Allons point de sensiblerie avec moi ma chère, ni de camaraderie féminine. Ce n'est plus votre projet dorénavent mais le mien alors retournez donc à ce que vous savez faire : tenir un foyer et enfanter et laissez-moi faire mon travail". A ces paroles, le Docteur s'approcha de la belle italienne. Il tendit la main vers la matrice de la femme et la caressa non pas comme un amant mais plutôt comme un bourgeois envers son or. Chiara, elle pleurait de peur, de colère mais aussi de résignation. Elle se retrouvait seule dans un véritable laboratoire digne des savants du troisième Reich et sa seule protaction, à savoir Karl, n'était pas là et ne savait probablement pas comment la retrouver. Elle savait sa fin proche mais ses derniers instants risquaient d'être pire que tout ce qu'elle avait déjà enduré et ç'est ce qui lui faisait le plus peur.

Une larme s'écrasa contre la main gantée du Docteur. Il la regarda fasciné puis au bout de quelques secondes il éclata d'un rire de banshee.

"Gut, gut, j'aime sentir la peur de ma proie. Tu as peur belle enfant n'est-ce pas ? Et tu as raison d'avoir peur car ta souffrance n'a pas encore réellement commencé. Mais si cela peut te rassurer sâches que ta future agonie servira un noble dessein... arharharharharharharh..." Il tendit alors un doigt vers des techniciens faisant face aux machineries. Au signal, ils actionnèrent differents leviers et bientôt les câbles reliant la machine à Chiara furent parcourus d'électricé. Son corps fut parcouru de spasmes désordonnés comme si un marionnetiste jouait les épilleptiques avec sa marionnette. La douleur était indescriptible et Chiara hurla. Son cri, loin d'émouvoir son tortionnaire l'incita à augmenter le voltage. Elle pleurait maintenant des larmes de sang et son cri de douleur n'avait cessé bientôt rejoint par celui d'Asphodèle qui souffrait pour cette pauvre innocente mais aussi pour sa damnation. Jamais elle n'avait voulu ça, jamais... Seul le Docteur jouissait du spectacle se rappellant d'excellents souvenirs à Buckenwald...

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Karl Matthaus arriva devant l'Eglise de la Grande Purification. Il gara la DS face à la grille et pénétra dans le jardin devançant le parvis d'un pas décidé. Néanmoins il se heurta aux lourdes portes de l'Eglise car cette secte (officieusement parlant j'entends) avait élu domicile dans une ancienne eglise catholique abandonnée. Oubliant la naturelle aversion des démons envers les lieux de cultes, il frappa le heurtoir de toutes ses forces. Les portes s'ouvrir alors.

Face à lui, Karl pût aisément reconnaître l'architecture typique d'une église mais celles-ci avait été énormément modifié. Les collatéraux avait cédé la place à d'innnombrables bureaux, salles de réunions et chambres sur plusieurs étages. Un immense bureau se tenait au milieu de la nef centrale. Derrière le transpet et le choeur étaient devenues une sorte de tour intérieur en verre dans laquelle des personnes passaient et repassaient. Le vampire s'avança vers le bureau reprimant l'envie de brûler le tout dans un déluge de feu. Face à lui, une jeune demoiselle sûrement en pleine puberté le regarda avec une innocence troublante. Parée d'une robe blanche à la limite de la transparence dissimulant à peine les formes de ce corps qui n'était plus celui d'une enfant mais pas encore celui d'une femme, elle s'adressa à lui :

"Bienvenue à toi mon frère, je te souhaites la bienvenue dans le temple de la joie et de la félicité. Laisses ici ton fardeau et tes souffrances et dis-moi que puis-je pour t'être agréable ?"

L'instinct est une chose capricieuse. Parfois on ne l'écoute pas quand il nous parle, parfois on pense qu'il nous guide alors qu'il n'en est rien. Et parfois, Karl avait la sensation d'entrer en symbiose avec lui. L'instinct du prédateur, de la caste supérieure. La seule solution pour arriver à ses fins, à l'instar d'un Oscar Wilde préconisant de céder à la tentation, c'était de laisser faire l'instinct. Lui obéir, se laisser guider.
Karl saisit la jeune femme à la gorge. Son corps si ferme et tentant avait éveillé en lui un désir dont il n'était plus esclave en plus de l'autre, le plus primaire, preuve qu'il s'afranchissait toujours plus des limites qu'on lui imposait. Elle était un cri vibrant au péché, il céda avec grand plaisir.
Il passa son bras libre autour de sa taille, la leva, et planta ses dents dans la gorge d'albâtre de cette petite pute. Quelle jouissance... Sentir cette vigueur quasi junvénile se déverser en lui lui procura une telle sensation de volupté... et faire taire cette minette prétentieuse concluait admirablement l'acte.
N'est pas homme de goût qui veut.

Les sens en éveil, exacerbés, chauffé à blanc par le chaos régnant dans sa tête et l'harmonie qu'il savait savament en tirer, Karl commença à explorer les lieux. Il fouillerait chaque recoin et chaque alcôve, chaque porte, chaque pièce, chaque issue dérodée et chaque antre, étage par étage, semant la mort dès qu'il y trouverait la vie, la pourchassant comme le seul vrai péché originel, crachant à son tour à la face de la création. divine. Et demanderait quelques petits renseignements aussi, histoire de joindre l'indispensable à l'extatique.

Il ouvrit la première porte.