1) Votre pays d’origine ?
Vodacce, pardi ! Terres Falisci, pour être on ne peut plus précis…
2) A quoi ressemblez vous physiquement ?
Elancé, dans la force de l’âge, quelque peu noueux et surprenant de vigueur, pour un intellectuel…
3) Avez-vous des manies, des tics spécifiques ?
De vastes mouvements de bras, une voix qui roule, roule, roule ! Comme un empressement à tout dire, tout faire.
4) Quelle est votre motivation principale ? Votre principale passion ?
La défense de ce monde, par le biais d’individus, de contrées, de groupuscules. Il se trame trop d’horreurs en coulisses pour que ça ne compte pas !
5) Quelle est votre plus grande force ? Votre plus grande faiblesse ?
Une faiblesse ? La fidélité absolue, contre vents et marées, canons et causes perdues !
Une force ? La bravoure de l’engagement, l’intégrité que cela entend !
6) Avez-vous des goûts et dégoûts particuliers ?
Pour les goûts, que dire ? Un parterre d’étudiants affamés de connaissances, une soirée en galante et intelligente compagnie, je demande bien peu.
Un dégoût prononcé pour les obscurantistes et les œillères – Verdugo devait m’avoir en grippe, tant son oreille sifflait de mes commentaires tapageurs.
7) Quels sont vos principaux traits de caractère ?
La rigueur, la vigueur, l’insistance et la persévérance sont les maîtres mots du bon chercheur et du professeur qui se respecte. S’il est fort difficile de résumer un individu par des mots, ceux-là sont une fondation solide, en ce qui me concerne.
Que redoutez-vous le plus ?
Ah, oui. Une chose me donne le bourdon et me pousse au cafard. L’obscurité complète, lorsque les bruits s’étouffent ou s’intensifient, quand quelque chose impossible à identifier vous grimpe le long de la jambe…
9) L'acte le plus héroïque que vous ayez accompli ? Et le plus vil ?
Mon plus grand fait d’arme fut, il y a plusieurs années maintenant, de défendre les thèses progressistes (et éclairées sur la nature de ce monde et du tissu qui le compose !) d’un étudiant fort doué devant ses pairs, qui risquait l’exil, le désaveu, puis le bûcher. Ce qui devait être un débat d’érudits a vite dégénéré en course poursuite sur les toits et dans les venelles d’une grande ville castillane.
J’ai appris à éviter pendant un moment ces terres sèches et passionnées…
Quant à l’acte le plus vilain de ma carrière, ce fut l’assassinat d’un vieillard, qui menaçait par ses travaux de révéler les Fils et les Filles. J’ai tout tenté pour le convaincre d’abandonner la publication de ses recherches historiques ; j’ai même songé à le faire passer pour mort… Sa famille l’a retrouvé, décédé des suites de son grand âge, ses études au fond de sa cheminée…
10) Quelle opinion avez-vous de votre pays d’origine ?
Qu’elle est belle cette Vodacce ! Emplie d’opportunités, de savoirs, d’un avenir brillant ! Pour peu qu’on en extirpe un mal plus grand que toute sorcellerie : la volonté de nuire d’une minorité, pour laquelle la connaissance est une arme avant d’être un bienfait. La voilà, ma contrée, à sauver de son passé, duquel pourtant nous aurions tant encore à apprendre !
11) Avez-vous des préjugés ?
J’ai les huîtres en détestation. Regardez-les, mais voyez-les : elles s’accrochent au talent et en sucent la mœlle à grands coups de compliments et de pertes de temps ! A se river ainsi à plus brillants qu’elles, elles en pompent l’énergie et trop souvent en ternissent l’éclosion. Profiter du rayonnement, ça n’est pas, surtout jamais, tenter de se l’approprier pour briller plus !
Enfin…
12) Envers qui ou quoi êtes vous le plus loyal ?
Les Filles et les Fils.
13) Êtes–vous amoureux, marié ou fiancé ?
Je l’ai été et mon veuvage ne signifie en rien que je doive pleurer le restant de mes jours. Ceux-ci sont trop courts pour se laisser aller au chagrin. Quant à l’amour, qu’il vienne, car nul ne le commande et c’est cela qui le rend si beau !
14) Qu’en est-il de votre famille ? Comment vos parents et vos proches vous décriraient-ils ?
Dispersée aux quatre vents ! Un frère dans la religion, une sœur dans l’escrime, un cousin dans la marine. De parents, plus ! Ils m’ont légué, à moi seul, l’amour d’une certaine Dame et d’excellents souvenirs.
15) Quel est votre meilleur souvenir ? Et le pire ?
Mon meilleur souvenir est double, en vérité. Le jour où je passai devant l’autel avec ma fiancé coïncida avec celui où j’étais présenté à la Dame ; de ce jour, j’ai compris que je ne comprendrais jamais rien jusqu’au bout, à commencer par l’affection et le bonheur. Et j’en conçois encore de la joie, car tout sera à jamais à découvrir.
Le pire, c’est l’aube durant laquelle, parce qu’une grave querelle nous avait éloignés puis faits nous détester, cette aube donc où je vainquais mon meilleur ami en duel. Humilié, le visage zébré d’une sale cicatrice (nous étions jeunes, si jeunes !), il est parti et puis s’est perdu en mer, avec l’équipage du navire marchand où il avait embarqué… Avec du recul, oui, ce fut pire que le décès de ma tendre épouse. Parce que ce dernier, je n’y suis pour rien.
16) Respectez-vous un certain code de l’honneur ?
Ni femme, ni enfant. Va pour les enfants – la plupart sont réellement innocents. Les femmes jouent trop bien le Jeu pour s’en vanter. Evidemment, un code, évidemment ! Mais il n’est pas écrit et vient du cœur avant tout.
17) Êtes-vous croyant, si oui, quel dogme suivez-vous ?
Là encore, les valeurs du cœur l’emportent et je dois bien avouer que c’est ici que s’effondre l’édifice intellectuel. La vénération de l’enfance a laissé sa place à une dévotion toute personnelle à l’Eglise du Vaticine et surtout à ses saints. A ses icônes. Mais la venue d’une certaine Dame a bien vite ébranlé certaines croyances, à la base de cette foi.
Pour l’heure ce tumulte ne cesse pas, et il en ressortira ce qu’il en ressortira !
18) Êtes-vous membre d’une guilde ou d’une société secrète ?
*Sourit et sirote une autre gorgée de vin*
19) Que pensez-vous de la sorcellerie ?
Ha, celle-ci ! Un cadeau, un don de Légion, pour sûr ! Bien qu’avec la Baba Yaga et l’Avalon… Mais que faire d’un outil, aussi mauvais soit-il, s’il ne corrompe pas définitivement qui le porte ?
Lorenzo, Bianco, hors de cette pensée !
Mais les Sorcières, les Tisseuses, ne me regardent-elles pas de travers, comme si je pouvais échapper à leurs doigts de fée ? Voilà ma réponse : la « sorcellerie », c’est avant tout ce qu’on en fait !
20) Quel conseil vous donneriez-vous ?
Cesse de voler, atterris et savoure un moment de calme.
21) Comment voudriez-vous mourir ?
Une rapière dans la dextre, un livre dans la sénestre et le sourire aux lèvres, parbleu !