... Par Jean Merrien.
Un pavé qui a déja plusieurs dizaines d'années de vie. Et je m'attendais, en tant que référence citée par Gilles Lapouges qui devait s'intituler "Pirates, Boucanniers & Geux de Mer", un truc comme ça, à une autre masturbation psychologico-philosophique (ou philosophico-psychologique, comme ti veux ti choise) visant à glorifier des gens ayant comme unique loi la leur, qui ne faisaient que prendre la fuite en mer, étant sûr de se retrouver au bout d'une corde s'ils restaient à terre.
Que nenni.
Ce livre est EEEEEExcellent. D'ailleurs, c'est Ailean qui me l'a refilé, sans doute pour se faire pardonner le Lapouge.
Dans ce livre il est question spécifiquement de la flibuste et des corsaires. Ce qui est déjà bien joué pour un livre qui s'appelle "Corsaires & Flibustiers". Mais c'est-à-dire que de piraterie, il n'est point question. C'est l'histoire de ces mercenaires (qui, il est vrai, on été pirates pour un bonne partie d'entre eux) qui se faisaient embaucher par l'état (le roi) au moyen d'une "lettre de course".
La différence entre ces gens et les pirates? Elle est de taille, même si dans les faits rien ne fut aussi manichéen. Mais les corsaires, et les flibustiers (qui furent les corsaires localisés dans les Caraïbes, on apprend que flibustier vient du néerlandais "vrij bouter", en anglais "free buster", que l'on pourrait traduire par "chasseurs libres", sortes de franc-tireurs) étaient soumis à des contrats, des règles et des lois. C'était au final la marine royale qui manquait officiellement, cette dernière étant trop onéreuse pour être importante. Les corsaires avaient le droit d'empocher la plus grosse partie du butin, et de garder les navires, ce qui faisait l'avantage du roi, qui pouvait combattre l'ennemi en mer en étant en paix avec lui officiellement et ce quasiment sans dépenser un louis. Quand au corsaire, il se faisait une sacrée culbute comme quand, par exemple, des flibustiers s'emparèrent de sept galions espagnols bourrés d'or jusqu'à la gueule.
On apprend également que l'on ne peut plus fameuse Ile de la Tortue, "Tortuga" in the text, a été française au départ, et l'est restée plus longtemps que sous toute autre nationalité. On apprends aussi que les espagnols on vraiment un coté sanguinaire exacerbé, une sorte de sadisme inné la où les autres se contentaient de quelques petits actes de tortures et de barbarie. Et c'est une des grosse différence d'avec Gilles Lapouges: nulle part il n'est question d'encenser ces pratiques, et Jean Merrien rappelle souvent que malgré des aventures pour le moins cocasses (voire grotesques, dans certains cas, c'est le premier livre historique qui me fait rire! Bon, faut dire que c'est le deuxième que je lis...), il y avait du sang, de la souffrance et des morts.
Enfin bon, je recommande ce livre à tout ceux qui veulent en connaitre un rayon sur cette époque et cette étrange discipline qu'est la "course", corsaire étant un terme issu de l'italien "corsario" qui signifie.. ben... "course".
En plus c'est écrit avec humour et légèreté (je vous dit qu'on arrive à rire presque à chaque page!), se lit très facilement, et surtout c'est une mine de renseignements sur le sujet, puisque c'est un véritable receuil des histoires de bon nombres de grands noms corsaires et flibustiers.