Ecrit par Mendo...Alexi avait réalisé quasiment immédiatement la teneur de l’appel de sa fille. La tasse qu’elle était en train d’essuyer à l’instant s’était brisée sur le sol, sous les yeux étonnés de ses clients et de son patron, Mr Fludge.
Elle avait laissé tombé son tablier à même le sol derrière le bar et s’était jetée dans le vestiaire pour y récupérer son sac.
Mr Fludge, inquiet de voir Alexi dans cet état avait tenté de l’arrêter pour en savoir plus.
La réponse pressée mais horriblement précise d’Alexi l’avait précipité à son tour à l’extérieur. Il avait bondi dans sa voiture et avait récupérée Alexi dans sa fuite éperdue vers l’aubette de bus.
-« montez, Alexi ! on ira bien plus vite si j’vous emmène ! »
Après avoir frappé plusieurs fois sans succès à la porte du mobil-home, Thomas était au comble de l’inquiétude.
Il était certainement le COPS qui connaissait le mieux Sam, ce petit bout de femme avec laquelle il partageait des souvenirs similaires et o combien douloureux.
Thomas savait ce que c’était que de vivre dans l’horreur. Il avait passé les 4 dernières années dans un chaos indescriptible suite à la mort de son épouse, qui s ‘était donné la mort elle aussi.
Comme Sam il connaissait aussi la douleur d’avoir perdu cet enfant qu’il désirait tant. La balle avait tué sa femme et la petite vie qui grandissait à l’intérieur.
Et chaque jour qui avait passé depuis lui avait ramené sa cohorte de pensées sombres, de désespoir et la pressante envie de les rejoindre.
Il était inutile de songer à compter le nombre de fois ou son arme de service s’était retrouvée sur sa tempe, prête à cracher sa salve d’oubli et d’abandon.
Ni même celles ou il avait bravé la mort sans considération aucune pour ce qu’il laisserait derrière lui, c’est à dire pas grand chose en fait, une maison vide de chaleur mais remplie de souvenirs.
Thomas, à cause de ça, pouvait sentir mieux que d’autres le désespoir émaner de ceux qui l’entouraient et quand il avait vu Sam partir après le coup de fil de Josh, il n’avait pu s’empêcher d’aller trouver le lieutenant.
Hawkins avait la mine sombre ces jours-ci.
Devant aucun autre que Thomas, Tod n’aurait été capable d’admettre son inquiétude pour Sam. Mais pour qui savait lire dans les regards ou à travers les mots, il était évident que le lieutenant était sacrément inquiet.
Et il n’y avait pas que ça, se disait Thomas depuis un petit moment sans arriver à en parler à son ami.
Thomas lui avait dévoilé ses craintes et Tod lui avait alors ordonné de veiller au grain et de ne pas hésiter à aller la voir si il la sentait prête à faire une connerie.
Gêné, Tod lui avait dit un truc dans le genre : « ça passera mieux si c’est toi. Moi elle va encore finir par m’envoyer ch
… »
Thomas s’était donc rendu au domicile des Jericho et avait reconnu la petite forme de Sam qui se mouvait à l’intérieur.
Il avait attendu quelques minutes. Il ne voyait plus rien bouger.
Il avait alors eu une terrible intuition. Il sentait que Sam était à la limite de faire une connerie. Un peu comme si il avait eu une réminiscence de toutes celles que lui même avait tentées.
Un signal du genre : « là, tout de suite, maintenant ! »
Il s’était donc précipité jusqu’au mobil home et – la clé étant restée à l’intérieur- n’avait eu d’autre choix que de faire sauter le barillet.
D’une démarche souple mais inquiète, il s’était jeté à l’intérieur et avait trouvé Sam affalée sur son lit, une palanquée de boites de médoc sur sa table de chevet et une bouteille de vodka à demi vide.
Immédiatement, Thomas s’était penché vers la jeune fille, pour vérifier, anxieusement si elle était toujours en vie.
Le pouls de Sam battait encore faiblement, même si la potion de mort commençait à faire sérieusement effet.
Vite ! Thomas la prit contre elle puis dans ses bras, se disant qu’il lui restait encore une chance de la sauver.
Arrivé à sa voiture, il l’allongea Sam sur la banquette arrière et vit luire devant lui les feux d’une voiture qui s’arrêta précipitamment auprès de la sienne.
Thomas vit en sortir une femme éplorée qu’il reconnut comme la mère de Sam. Il lui expliqua rapidement la situation avant de la faire monter et de partir précipitamment.
Thomas n’oubliait pas à quel point Sam avait été présente pour lui depuis son arrivée. Elle l’avait raisonné à plusieurs reprises, épaulé et lui avait sauvé la vie.
Il ne pouvait pas la laisser ainsi.
La voiture rugissait, vrombissait et couinait au fil des rapports démentiels passés par un Thomas décidé à amener son ami au plus vite à l’hôpital.
« je vais te sauver, ma petite Sam, je te laisserai pas partir, je te le promets ! »
La chemin avait juste été perturbé par un coup de fil de Tod, venu aux nouvelles. Estomaqué par l’annonce terrifiée de Thomas, il avait juste lâché un : « j’arrive ! »
Le lieutenant avait passé de son côté une partie de la soirée à discuter avec Josh. Inquiet de toute cette affaire et passablement énervé de voir Samantha en plein désarroi, il s’était décidé à aller trouver le jeune homme afin de lui dire sa manière de penser.
Il l’avait trouvé assez perturbé, fatigué. Josh ne buvant pas habituellement et Hawkins plus qu’occasionnellement, ils s’étaient retrouvé à siroter une bouteille de coca en ressassant ce qui s’était passé ces derniers jours et pourquoi. Hawkins n’avait que des relations épistolaires avec son fils et Josh n’avait plus son père depuis déjà bien longtemps.
Les 2 hommes avaient malgré tout pas mal discuté au cours de la soirée. La colère d’Hawkins vis à vis de Josh était tombée assez rapidement lorsqu’il avait vu dans quel état se trouvait le jeune homme.
Quand il lui avait parlé du bébé qu’ils avaient perdu il y a 3 ans, Tod avait serré les poings en se disant que des gamins comme eux n’auraient jamais du avoir à subir ce genre de choses… Il se sentait en colère et il aurait eu envie de faire tout ce qu’il pouvait pour aider Samantha à s’en sortir, à oublier…
Il aimait tellement voir ses trop rares sourires qu’il se disait que si il pouvait trouver un moyen de la voir arriver tous les matins joyeuse avec des tas de muffins, il l’utiliserait jusqu’à ce que mort s’en suive.
C’est vrai qu’elle était drôlement belle quand un sourire illuminait son visage…
(Pensées fugaces qu’il avait eu du mal à analyser par la suite, mais qu’il le veuille ou non, Samantha prenait de plus en plus de place dans ses pensées… bien qu’il ne l’admette pas)
Il avait emmené la conversation sur l’état actuel de Sam, ce qui avait contribué encore plus à assombrir le visage du jeune homme, qui lui avait avoué que les derniers évènements l’avaient totalement chamboulé, embrouillé.
Son arrestation, Sam, Tanya, ses sentiments n’étaient plus clairs du tout et il avait avoué à Tod que Sam et lui avaient trop changé ces 3 dernières années pour que ça marche vraiment, malgré qu’il ait voulu tout faire pour réussir.
Ils avaient bifurqué et mûri différemment, Sam, à son grand dam, n’était plus la « petite Sam » d’avant, elle était devenue quelqu’un d’autre. Et il savait maintenant que ça n’aurait pas pu marcher entre eux, même si ça lui faisait énormément de peine.
Il aimait toujours Sam, mais contrairement à avant, il savait maintenant qu'il s'agissait de la forte et indéfectible amitié qu'ils avaient toujours partagé.
L'amour était capricieux et le temps l'avait fait partir, malheureusement.
Il préférait faire un break, essayer de se retrouver lui-même, oublier aussi Tanya, que son frère Rick avait emmené dans leur famille, à San Francisco.
Mais pour lui, rien ne changeait dans son affection pour Sam. Il serait toujours là en cas de besoin. Il l'aimait trop pour la perdre complêtement.
Par contre, il lui laisserait le temps de la réfléxion, autant qu'il se le laissait lui même.
Pour l’instant, c’était vraiment trop flou. Il savait qu’il n’avait pas assuré, qu’il restait un looser…
Puis il avait longuement observé Tod, qui s’était montré extrêmement attentif à tout ce qu’il lui avait dit, et encore plus dès que le mot « Sam » s’immisçait dans la conversation.
Il avait l’impression que Tod était prêt à bondir dès l’irruption du prénom de la jeune femme.
Et il lui avait dit, après ce laps de temps :
« vous savez, lieutenant, je crois maintenant que je sais pourquoi elle parle autant de vous au quotidien, c’est parce que vous êtes vraiment un type bien.
Et ça me rassure que vous soyez là pour la protéger, vous savez. »
Interloqué, Tod n’avait pas totalement saisi ce qu’était en train de lui dire le jeune homme. Mais il lui avait confirmé que –oui- Samantha comptait beaucoup pour lui et son service et qu’il ferait tout pour qu’elle se sente mieux.
Après la discussion, Tod avait laissé Josh essayer de se reposer un peu et avait téléphoné à Thomas pour avoir des nouvelles de Samantha.
Il s’était alors précipité à l’hôpital.