Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Le forum des narrations de parties JDR
 
AccueilAccueil  GalerieGalerie  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

 

 [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]

Aller en bas 
5 participants
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4  Suivant
AuteurMessage
pandore
Polyglotte du JdR
Polyglotte du JdR
pandore


Nombre de messages : 3789
Localisation : paris
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyVen 15 Déc - 2:09

c'est quoi cette passation bizarre de trône ?
Revenir en haut Aller en bas
http://www.charlottebousquet.com
fablyrr
Big Boss
Big Boss
fablyrr


Nombre de messages : 5925
Age : 47
Localisation : paris
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyVen 15 Déc - 12:40

oui il y a ca en apres bataille mais comme j'ai pas tout lu je me suis dit que ca serait plus clair plus tard... peut etre Wink
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fablyrr.com
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyVen 15 Déc - 14:58

Nyark nyark. Twisted Evil Un jour, peut-être Twisted Evil
Revenir en haut Aller en bas
Bleuwenn
Compteur de mots
Bleuwenn


Nombre de messages : 208
Age : 45
Localisation : Nantes
Date d'inscription : 09/03/2006

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyMar 19 Déc - 15:58

ca y est j'ai tout lu ... avec pas mal de retard j'avoue ! Embarassed

C'est vrai que ce dernier texte nous laisse pantois... bcp d'interrogations ont pointé le bout de leur nez ... confused

J'espère que le prochain "pavé" comme tu le dis si bien saura nous éclairer un peu !
Revenir en haut Aller en bas
http://ailean.blog.sfr.fr/
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyMar 19 Déc - 19:13

Des réponses, certes, mais pas pour tout de suite tongue

Des rapports Noblesse/Roture
(et ce genre de choses)

Certes, malgré les apparences, une certaine animosité embrouille les relations entre nobles et communs. Pourquoi, comment? Questions intéressantes, auxquelles je me propose d'apporter de vagues réponses.

Primo: 1800. Episode désastreux pour le peuple féerique; depuis déjà quelques siècles les Sidhes, plus sensibles aux ravages de la Banalité, s'expatrient en Arcadie. Laissant derrière eux une populace qui n'est pas moins menacée par le Brouillard. D'où un malaise, qui dure encore. Et pour cause...

... car dès le XIX éme les elfes quittent en masse le Monde Automnal, sous la pression d'un mur de Banalité. Des Communs tentent de passer via les Chemins qu'empruntent les Sidhes - c'est un massacre. Le bas peuple se sent abandonné, méprisé et défait.
Ils ne sont guère loin de la vérité.

Secundo: 1969, la libération sexuelle et les hippies. Et ses elfes, aussi. Qui, s'en retournant en leurs anciens domaines, en saisissent fermement les rênes. Sans demander leur avis aux Communs, qui pourtant survivaient très bien sans leurs leaders historiques. Les accrochages se multiplient, jusqu'au Massacre de Beltaine, assassinat pur et simple par des nobles masqués des roturiers lesn plus en vu.
C'est le début de la Guerre Civile.
Commencement qui laisse encore, de nos jours, un goût amer à une certaine frange du "petit peuple".

Depuis de nouvelles générations de Communs sont nées, diluant le ressentiment; mais pas au point de taire les vieilles velléités, loin de là. Des groupes (les Ranters, notamment) de Communs ont pour but d'abattre la noblesse. Quelques que soient leurs motivations, l'objectif reste le même. Qui n'a pas perdu, dans sa famille ou son kith, un proche durant la Guerre? Qui n'a pas eu à subir le despotisme elfique? Tant il y a aussi des tyrans parmi les Sidhes, la rancoeur subsiste.

Un cercle vicieux, vite et vaguement dégrossi, j'en conviens, mais tout de même.

Sinon il y a aussi de bonnes relations entre tous ces gens. Il suffiy de savoir où regarder (la Cour de l'Eté, par exemple) cat
Revenir en haut Aller en bas
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyMer 20 Déc - 14:02

Bon bon bon. Je m'apprête à mettre en ligne la SUITE, qui de taille double les textes déjà postés. Je vais me tenter à une diffusion deux par deux, pour sauvegarder un minima de lisibilité.
Si quelque chose vous heurte, vous intrigue ou autre, n'hésitez pas à faire remonter votre trouble: je suis prêt à répondre à toutes vos questions Cool
Revenir en haut Aller en bas
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyMer 20 Déc - 14:04

La SUITE, donc.

*

Il est venu à mon chevet, je m’y attendais. Derrière les portes de ses appartements il a abandonné sa perplexité et sa colère ; nos retrouvailles, j’imagine, valent pour lui ce maigre sacrifice. Sans dire un mot il s’est approché du lit à baldaquins, s’est installé sur les couettes. Quelque part, malgré la mémoire qui me revient, j’admire son courage, bien que son attitude tienne plus de l’abnégation qu’autre chose. Il toussote, considère d’un œil éteint sa pipe d’écume.
« J’espère que votre repos fut réparateur, Messire Albrecht. Si j’ose dire une nouvelle guerre s’annonce, même si je crois encore à la paix. Il vous faudra des forces pour faire face. Ne laissez pas l’inquiétude assombrir vos songes : je veillerais sur vous. Mais pour l’heure il nous faut rafraîchir votre savoir, approfondir votre connaissance de ce monde, qui vous vit naître, mourir puis revenir. Allons, sortez de sous vos draps, l’aventure n’attend pas ! »
D’un geste qu’il veut amical il repousse les couettes, laissant une douce lumière, celle de l’aube, auréoler ma carcasse. Ces atours qu’un froid hivernal ne semble plus vouloir quitter. Je me redresse, m’assied confortablement. Nous échangeons un long regard – il ne paraît pas déceler en moi cette parcelle nouvelle, la quiétude glacée qui siège en mon cœur.
« Parlez, dis-je doucement. »
Sur un sourire aussi franc qu’une dague entre des omoplates. Samson, du moins son visage buriné, s’illumine : il peut se rendre utile, aider autrui. Alors il parle, jusqu’à ne plus considérer son élève, mais bel et bien ses propres mots, qui le réconfortent plus qu’ils ne m’éclairent. Derrière les fenêtres Manhattan s’éveille doucement, des Griffons naviguent entre les nuages pourpres, milice des cieux. Une fumée âcre finit de s’étioler, sur un toit ; des Satyres ont faits leurs adieux à l’un d’eux, vieille femme grignotée par la Banalité. Toutes et tous, enlacés, ivres – souvent les deux à la fois – dorment du sommeil du juste, leur ancienne s’éloigne avant de disparaître. A jamais, parmi les mondains.
Et je suis bien.

Métaphysique des réverbères

Le Boggan s’est fait plus professoral, presque docte.
« Le Glamour, voilà un mot bien laid. Dans la bouche d’un mortel, surtout du côté de L.A, c’est presque une injure, croyez-moi. Quelle est sa définition, sur le monde Automnal ? Strass, bimbos, beaux gosses et paillettes. Champagne californien et démesure, peaux de chagrin et chandelles grillées par les deux bouts. Le tout d’une Banalité affligeante, qui corrompe les esprits et dissolve le Rêve. Nombreux sont les mondains qui vivent par procuration, aux crochets adipeux de cette horreur – ‘chez ces gens-là on ne rêve pas : on compte’, aurait chanté Brel, s’il avait été des nôtres. Voilà d’ailleurs un Rêveur que j’avais la chance de rencontrer, tantôt. Bref, voilà le glamour des hommes. Une hérésie que cultivent la crétinerie et le conformisme, l’anathème du Glamour, celui avec une majuscule. Quel est-il, celui-ci ? Bonne question, très intéressante. Et bien faites-vous une raison : nul n’a la réponse à cette interrogation. Si les sages du Petit Peuple avaient résolus ce dilemme, nous ne serions des dieux parmi des moutons, pareils aux Tuatha de Daanan. Non, voilà qui est tant mieux.
Le Glamour ne se définit point, il se vit et se ressent.
Le sourire d’un enfant, qui vous voit sous vos véritables atours, dans la rue. Un premier baiser sous une Lune flamboyante. Ce soupir, si profond et si vain, de l’artiste qui parachève une œuvre. Une douce ivresse, goûtée dans une solitude qui n’est pas moins agréable, loin de tout, pareil à l’esprit qui dérive sur les courants éthyliques. Cet éclat de rêve, au réveil, aux détails oubliés mais toujours vivaces, qui changera la vie du récipiendaire. La brume d’une mâtinée langoureuse, celle d’un dimanche matin, en belle compagnie. Cet excentrique qui, se saisissant à bras le corps d’un ami, danse un tango endiablé au milieu des badauds étonnés, en pleine rue. Le sourire d’un ou d’une inconnue, dans un ascenseur ou la rame d’un métro. Cette vibration, trop éphémère, qui s’empare d’un mondain, lorsqu’une musique le capte et catapulte trop loin son imagination. Un rire, simple et franc. L’éclat de bonheur qui illumine les yeux d’un amoureux comblé. Cette sauvagerie, salvatrice, qui s’accapare du corps des fêtards, alors que la nuit est trop vieille. La rage qui déferle, flots sans barrage, lorsque qu’un mortel est bafoué.
Tout est Glamour, si on se donne la peine de chercher.
Exception faite de ce qui avilit le songe et la liberté ; les pensées dirigées, appelées à suivre une route toute tracée, sur le chemin de la vie. Conformisme glacial, pensées aseptisées, en bon ordre. Médias uniformes, univers clos et définis, passions bridées, muselées par une morale bien-pensante. Emotions contenues, parquées derrière des murs de convenances. Visions incolores, goûts sans une once d’épice, odeurs de javel et peaux sans douceur, voilà les mamelles de la Banalité, antithétique du Glamour. Lorsque le Rêve s’empare du réel ce dernier fluctue, s’auréole de saveurs incomparables et d’abîmes sans fonds ; si le froid du banal assaillit un être on ne peut plus y trouver que platitude et gris morne. Tout est Glamour, j’assènerais cette vérité jusqu’à en perdre mon dernier souffle, il suffit de ne pas adopter les normes et de ne pas se plier au sens commun ; un premier baiser langoureux, empli de passion – même un timide et touchant… surtout timide et touchant ! – vaut cent fois mieux qu’un roulage de pelle convenu et baveux, anecdotique, pour ne pas dire désincarné. En présence du Glamour les choses resplendissent, si la Banalité donne le change l’existence se mue en simples données. Je vois votre visage fermé, comme distant. Je comprends votre réaction : il est ardu de cerner telles paroles. Laissez-moi plutôt vous asséner une grande vérité.
Si, j’insiste.
Le Glamour comme son opposée semblent être animés d’une vie propre. Sur ce point je n’argumenterais pas, puisqu’il s’agit du domaine des perceptions, dénué de qualités cognitives. Le Songe n’obéit pas : il donne son assentiment, nourrit ses enfants – nous autres fées, pour sûr – et soutient le monde. Les mondes, devrais-je dire, puisque sans Glamour pas de royaumes lointains, tel Arcadie. Nos frasques le ravissent, la répétition l’ennui profondément : plus d’un grand sorcier, aux sacrifices fréquents mais dénués d’originalité, s’est retrouvé sans pouvoir. Il faut nourrir le Rêve, en soi ou chez les autres, pour s’attirer les grâces d’une puissance dont nous ignorons presque tout. C’est là la force des héros légendaires, qui les poussent à surpasser leurs défauts, le souffle épique qui anime nos actes – le Glamour est notre source de vie, notre raison d’être. Ravir son attention tient plus de la nature de chacun que d’un effort constant, réfléchi et mûri. Les Enfançons ne sont-ils pas les mignons du Glamour ? Il leur apporte bienfaits et joie, s’ébroue et ne jugule plus ses pires aspects lorsqu’un enfant est sujet à souffrances. Et pourtant jamais je n’ai vu de très jeune Pooka prier pour obtenir ses grâces. Faut-il aux esprits les plus mornes plus de preuve que celle-ci ? Nous en conviendrons, donc. Pour ce qui est de la Banalité c’est tout autre chose. Il semblerait, selon nos compatriotes les plus aventureux, que notre ennemie dispose de serviteurs, conscients de cet état de fait ou non, disposant de pouvoirs effrayants. Ce Peuple de l’Automne, puisqu’il est convenu de le nommer ainsi, annihile toute féerie et fige tout Glamour de sa seule présence. Certains officient en qualité de psychiatres, d’autres de prêtres et consorts. Parmi ces mondains se dissimulent les Dauntains, terribles fées qui, sur l’impulsion de la Banalité, ont rejoint l’Hiver. La plupart traquent et assassinent leurs anciens compagnons, s’armant de Fer Froid et d’artifices pervers. Gobelins, Trolls, Ogres, Satyres, nul ne peut se prétendre à l’abri des prédations d’un Dauntain – sauf, peut-être, le Duc Dray. Voilà la preuve flagrante d’une volonté ; hors sans la Banalité cette espèce maudite ne serait pas ; d’où, ce qu’il fallait démontrer, l’idée qu’une conscience anime notre adversaire.
Ce n’est pas tant cette étincelle que ses capacités qui nous menacent.
La Banalité est un froid sans limite, une ablation du libre arbitre – aussi maigre soit-il – et de l’imagination. Sous son règne la création et la créativité s’étiolent, se réduisant à leur plus simple expression. Tout mortel subit tôt ou tard ses effets ; dès l’âge de cinq ans la bête fond sur l’enfant et mord ses rêves. Adieux, licornes et farfadets ! Oubliés, les monstres du placard et celui, vicieux, sous le lit ! Bon débarras ! Dès cet instant la vie se pare, plus ou moins vite, de couleurs grises ; les obligations et les devoirs s’accumulent sur les épaules du mortel, l’éloignant sans vergogne de ce qui animait son enfance. Le Brouillard a fait son œuvre. Rares sont les Sages vivants qui se sont penchés sur ce Brouillard. La majeure partie de ces vieilles barbes, dont certains étaient de mes amis, ont été absorbés par ces volutes grises, intangibles. Leur féerie a été dissoute, rendue à sa plus simple expression : l’inconscient, un désir réprimé de fantaisie. Cette horreur s’est abattue sur les Sidhes, à leur retour durant l’année 1969 ; sans corps physique à proprement parler, les elfes ont cédé leur mémoire d’Arcadie pour sauvegarder leur existence. Le temps de singer les Communs et de prendre la chair de mortels. Près de deux siècles d’histoire perdus, jusqu’aux raisons de cet exil – que sont devenues les Maisons dont nous sommes sans nouvelles ? Que reste-t-il du Royaume Etincelant, après qu’un astronaute y ait posé son orteil ? Qu’importe : le Brouillard en a pris un sacré coup. Auparavant il séparait – le mot est faible – le Monde Automnal et le Songe. Cette frontière grise paraissait infranchissable, surtout depuis 1800. Afin de rejoindre ces domaines lointains, résidence de fantastiques créatures, l’accès à un puissant Sanctuaire était le passage obligé. Après quoi des rites ou des Sorts d’envergure pouvaient être envisagés ; l’implosion d’Arcadie changea la donne. Ce Glamour, pur et sans défaut, compressa le Brouillard jusqu’à le réduire à sa simple qualité de mur. De ces remparts infranchissables ne subsiste plus qu’un voile. Ce fut l’occasion pour les Sidhes, durant la Guerre Civile, de prendre l’avantage sur les insurgés – mais c’est là une toute autre histoire. Toujours est-il que les résidus du Brouillard obscurcissent encore les esprits des mondains, dès lors qu’ils croisent ou assistent une pure manifestation du Songe. Qu’il s’agisse d’un Dragon assaillant une unité Trolle ou un Redcap dévorant les ordures d’un fast-food puis le ‘restaurant’ lui-même. Quand bien même le mortel verra cela il n’en gardera pas le souvenir, à moi qu’une Fée ait au préalable enchanté le dit spectateur – auquel cas il peut même interagir avec ces chimères.
Aujourd’hui n’importe quelle fée peut visiter le Songe Proche.
Il lui suffit de trouver une porte – il s’en ouvre et s’en ferme à chaque seconde. Pourtant là-bas tout n’est point reposant ; les cauchemars des mortels parfois prennent forme, ainsi que des psychoses et assimilés. Certaines chimères, même parmi les moins tourmentées, peuvent se comporter avec agressivité, pour des raisons aussi variées qu’inconsistantes. On n’entre pas dans le Songe pour s’y balader, à moins d’être le Duc Dray. C’est un endroit tour à tour idyllique ou sordide. Cependant toutes les chimères ne résident pas ici : de nombreuses vivent – perpendiculairement au – sur le monde Automnal, invisibles aux mondains, capables d’agacer ou de violenter tout Changeling. Le comportement erratique d’un homme en pleine rue (il semble par exemple brandir une lance imaginaire) cache peut-être un chevalier Sidhe se mesurant à quelque nuée de névroses incarnées. Chaque Fée peut revêtir sa forme chimérique, amenant un peu du Glamour qui le compose à défier la Banalité ; en un Sanctuaire cela va de soi, sur une place bondée je ne vous le conseille pas : il n’y a rien de mieux pour attirer un Dauntain à soi. Pire encore, si j’ose dire, un des nôtres peut convoquer une parcelle du Songe Proche sur le monde Automnal. Sur quelle surface dépend de sa puissance, mais le résultat est là : façades et trottoirs changent, le Glamour reprend ses droits. Quel intérêt ? Disons simplement que si une bande de mortels vous braque à l’aide de semi-automatiques ils se verront dotés d’arbalètes lourdes, difficiles à recharger et peu pratiques d’utilisation. Intéressant, non ? Surtout lorsque vous leur apparaîtrez en guerrier flamboyant, au regard insoutenable, épée en main. Evidemment les chimères du Songe Proche seront de la partie, pour peu que le combat s’éternise. Ce n’est pas là chose à prendre à la légère, bien au contraire : il vous faudra apprendre à doser, que ce terme est laid, le Glamour invoqué, ne restreindre cette intervention du Rêve qu’à quelques mètres : les effets peuvent être terribles, surtout lorsqu’un Automnal traîne dans les parages. »
Revenir en haut Aller en bas
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyMer 20 Déc - 14:05

Hop hop hop :P

*

Pour raviver le foyer de sa pipe Samson fait naître des flammes sur le bout de ses doigts ; il me sourit, je feins l’étonnement. N’importe quel page du castel de l’Eté accomplit ce tour minable. Il accroche à mon hameçon, me sourit, complice. Il exhale de la fumée par les narines, reprend.

« La Banalité n’est pas à prendre à la légère : elle subsiste partout. Parmi vos amis, vos proches, vos intimes. Son contact est constant, dans le monde Automnal. Puisque nous survivons en des chairs mortelles elle fait un peu partie de nous. Hélas elle est telle un mélanome très malin : elle croit et ronge. S’empare de notre Glamour, l’obstrue et le limite. Vivre uniquement parmi les mondains la renforce ; ne côtoyer qu’eux, penser ainsi qu’ils le font, lui donne des forces. Nul ne peut lui échapper, du moins par soi-même. C’est pour cela que nous chérissons nos Sanctuaires. Avant la première vague de Banalité l’idée de bastion du Glamour nous aurait amusé, au pire. Dès lors que le Songe fut arraché au monde des mortels il nous fallait sauvegarder les relents de Glamour, en ces endroits qui étaient nôtres auparavant. C’est ainsi que naquirent les Sanctuaires, lieux où brillait notre gloire. Là, sous la forme de feux éternels, le Rêve sévissait, gardant aux frontières de l’endroit le Brouillard et sa maîtresse de glace. Qui dirige un Sanctuaire est à l’abri des rigueurs de l’Hiver Eternel, tant que le Brasero y est alimenté. Cette source de Glamour, la protection qu’elle accorde, sont autant de raisons pour les convoiter. Il n’est guère étonnant que les sièges du Parlement du Rêve soient octroyés aux représentants des Sanctuaires conséquents. La règle veut que nul n’endommage l’un d’eux : c’est là un crime que l’Escheat condamne fermement ! Le Songe est devenu trop rare pour être légué à des rustres ou des monstres. Qu’il s’agisse d’un simple éclat d’Arcadie, de la taille d’un appartement à Manhattan, ou de Goblin’s Town, un dédale immense de Nockers au cœur de la même île, les Sanctuaires sont des trésors jalousement gardés.
C’est que le Glamour nous est précieux.
Non seulement parce qu’il nous garde de la Banalité, ce qui suffit à inciter sa culture, mais également parce qu’il fournit à notre magie son carburant. Sa splendeur nourrit nos Artefacts, sustente nos plus grands exploits. Nous en usons, souvent en son nom, afin de redorer le Rêve : nous abattons les plus terribles de nos Sortilèges sur ses ennemis, sauvegardant ce qui peut l’être des prédations de mondains infectés. Et si nos Cours obéissent à des règles plus ou moins strictes, c’est à la grâce d’incantations souveraines. Nos arcanes nous distinguent, plus qu’autre chose, du genre humain ; rares sont les nôtres – exception faite des Trolls, Satyres et autres Sidhes – qui trouvent en leur forme chimérique plus de pouvoir. Si le Glamour est d’humeur, ou une offrande consentie, nous sommes capables de le façonner. Qu’importe le résultat : nous ne plions pas le Rêve à notre volonté, nous le modelons à son bon vouloir. Qu’il s’agisse de remanier la mémoire d’un garde Redcap ou de manipuler de loin une serrure, la forme importe plus que le fond. Réciter une seule et même formule peut, au mieux, faire se détourner le Glamour du suppliant. Employer de sa propre essence, ce Songe qui nous sustente, palie, mais pour un temps seulement. N’oubliez pas que la Banalité rôde, à l’affût de Changelings affaiblis. Nos plus grands Sorciers, hormis le Comte Dray, ne sont pas de simples incantateurs à la petite semaine, non : on compte parmi eux les pires boute-en-train de cette si petite nation ! Autant dire que les Pookas ne sont pas en reste.
Vous l’aurez compris : les seuls Sanctuaires ne suffisent pas.
La récolte de Glamour pourra vous paraître une obsession, dans le pire des cas, peut-être un loisir à plein temps, dans le meilleur des mondes. Ce n’est qu’une nécessité. Où trouve-t-on du Rêve ? Chez les mortels, bien évidemment. Dénués de féerie ils n’en créent pas poins. Tant de chef d’œuvres, tant de Songe ! Il nous suffirait presque de tendre la main pour se saisir de cette puissance. Mais non, il faut s’en imprégner avant d’en goûter la douce saveur. Lorsqu’un nouvelliste appose le mot ‘fin’ sur un manuscrit nous ne sommes guère loin, guetteurs nerveux. Ce fruit est sans pareil, un délice que la parole ne peut restituer. Un chant, sur scène ou en studio, n’a pas son pareil. En CD la chose est fade, dommage. Je n’évoquerais même pas le format MP3. Il arrive que l’ingénieur du son ne soit pas étranger à la Cour du Printemps, oreilles pointues ou jambes de bouc, cela importe peu. Le dernier coup de burin, n’en parlons pas : trop intense pour moi. A l’instar de ce pinceau qui, enfin, complète une toile : Delacroix et son génie me faisaient perdre conscience. Et tant d’autres, impossibles à énumérer. J’ai cru entendre, de la bouche d’un comparse Boggan, le préposé aux draps du Château, que les mondains versés dans le macramé n’avaient pas leur pareil pour émerveiller un Changeling. Nous avons baptisés ses mortels des Rêveurs. Leurs songes donnant vie à notre matière, animent nos âmes et permettent les plus grandes des sorcelleries. Soit nous les approchons, mine de rien, à fin d’alimenter leur inspiration – un travail de longue haleine, gratifiant au plus haut point. Jouer les muses peut prendre des semaines, des mois, parfois des années. C’est là la plus noble façon de cultiver le Songe chez les mondains. Autrement, condamné par nos lois, Ravager un mortel prend moins de temps. Il suffit de faucher l’émotion brute, de l’arracher à cet humain. Peu s’en sortent sans séquelles. En l’espace d’une seconde, durant laquelle la Banalité se renforce légèrement, un Changeling peut soutirer à une âme ce qu’elle a de plus précieux : ses rêves. Broyer l’inspiration, amputer un être de son imagination, s’en gaver. Rares sont les crimes pis que celui-ci. Il existe une dernière façon d’effleurer le Glamour via les arts : sa Capture. Quelques Fées optent pour une approche plus directe, en créant elles-mêmes des œuvres à couper le souffle ; ce processus est un des plus ardus, mais le jeu en vaut la chandelle. Tout Changeling passé maître en cette culture paraît accroître en puissance magique, mais c’est là une opinion toute personnelle. Toujours est-il que cette récolte, pratiquée avec soin, peut rapporter gros. La Capture peut prendre des ans. Autrefois, selon les légendes, elle pouvait s’étaler sur plusieurs siècles.
La moisson de Glamour n’est pas sa seule source.
Quand bien même elle motive autant de conflits que d’alliances. Entre nous, Nobles ou Communs, s’échangent des biens nommés Dross. La majeure partie consiste en de vagues pièces, Rêve forgé par les artisans Nockers. Notre monnaie, qui obéit à des cours fantaisistes, dictés – selon le Comte Dray – par les humeurs du Glamour. Sinon les Dross apparaissent sous diverses formes ; lieux qui produisent naturellement du Songe – étroitement surveillés et jalousement gardés ; objets à l’histoire forte – j’ai moi-même l’exemplaire original, de la main de l’artiste, du Spleen de Paris ; ou encore chimères vaincues. Quelque soit son apparence il faut briser un Dross, ou le drainer lorsqu’il s’agit d’un lieu, pour en savourer le Glamour. Un endroit qui produirait spontanément du Songe se régénère lentement, tandis qu’il est impossible de restaurer une pièce ou tout autre bien. Il arrive que le Rêve auréole de sa bénédiction un Changeling qui consommerait un Dross. Parfois, sans que nous sachions l’expliquer, sa majesté prend la mouche et maudit le récipiendaire de l’utilisateur. Allez savoir pourquoi… il serait de bon ton que je vous informe d’un mystère qui plane sur le Glamour. Son côté obscur. Non, ne riez point, je n’évoque pas une quête épique au fin fond d’une galaxie lointaine ! Juste la réalité, celle de notre côté du miroir… le Rêve n’est un Bien absolu, qui se contente de faire jaillir de la guimauve et des fleurs bleues. Il y a du Glamour où un amant éconduit pleure : tant qu’il le fait avec conviction, s’imaginant des destins plus terribles les uns que les autres, il produit du Songe. Sombre, aux relents tout aussi épicés que sa contrepartie mais au goût subtilement avarié. Certaines Fées, selon mes informateurs, se nourriraient de ce Rêve. On en trouvait autour d’un certain Poe, dans ses bons jours, ou d’un Baudelaire, alors que les opiacés convoyaient son âme ailleurs qu’en ce monde Automnal. Il accompagne également les guerres – il planait au-dessus du charnier des Thermopyles, pas plus mauvais que son comparse mauve bonbon. Je sais de sources sûres que des chevaliers Sidhes, anonymes et à l’allégeance incertaine, traquent des cauchemars faits chimères pour extraire de leurs carcasses ce Songe ténébreux. Mais passons. Je ferais également l’impasse sur le trépas chimérique : Hélios est à son zénith, l’heure du repas approche.
Tiens, le voilà qui arrive. »
Revenir en haut Aller en bas
pandore
Polyglotte du JdR
Polyglotte du JdR
pandore


Nombre de messages : 3789
Localisation : paris
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyMer 20 Déc - 14:32

Qui est le duc Gray ?
donc on doit récolter le glamour et le "renforcer" chez les gns ?
Revenir en haut Aller en bas
http://www.charlottebousquet.com
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyMer 20 Déc - 14:41

C'est effectivement la manière la plus "courante" de récolter le Glamour - accompagner des mortels et les inspirer.
Le Duc Dray? Un Sidhe de la Maison Gwydion, puissant sorcier et politicien accompli; il apparaîtra à plusieurs autres reprises et sera également présent dans le Casting.
Je mets la suite, ô joueurs? cat
Revenir en haut Aller en bas
pandore
Polyglotte du JdR
Polyglotte du JdR
pandore


Nombre de messages : 3789
Localisation : paris
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyMer 20 Déc - 20:10

bien sûr. :bisou2:
Revenir en haut Aller en bas
http://www.charlottebousquet.com
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyJeu 21 Déc - 15:02

La sooouiteuh... :pandamum:

*

Effectivement la porte s’ouvre. Un Satyre, barbe tressée, rides et cornes pour tout visage, entre, plateau fumant en main. Sa mise est celle d’un cuisinier royal, les armoiries qui décorent ses atours me le confirment. Souriant, ce qui dévoile des yeux d’un bleu acier, il pose son plateau d’or à mes pieds, veillant à ce que les bols et les assiettes ne se renversent pas sur les draps et la couette. D’une main épaisse il désigne un potage étrange.
« Concentré de soupirs, précise-t-il. »
La mixture tournoie follement, sans perdre sa consistance. L’odeur en est alléchante – fragrances de truffes et de sous-bois après l’orage – et la texture étonnante ; tourbillons éphémères, couleurs changeantes. Le cuisinier se penche, détache délicatement chaque syllabe.
« Obtenu à l’aide de faunes déboutés par l’objet de leur désir, dit-il. Ici, dans cette grande assiette plate, carpaccio de manticore, à la sauce de tulipe, importée du Domaine éponyme. »
Ma mine perplexe l’interpelle.
« Ne dites rien, Messire Albrecht : je sais que ce gibier se raréfie, à ce point que nous en avons fait l’élevage. Mangez sans crainte, vos bouchées ne mettront pas en péril l’espèce. Pour accompagner ce met j’ai opté pour une purée de glands du grand chêne Yggdrasil. Rien de bien compliqué, il se trouve en nos jardins. »
J’observe d’un œil distrait le plat alléchant, parfaitement disposé, qui embaume le parfum de la soie fraîche.
« A cela j’ai ajouté une aile de dodo, volatile éteint de l’autre côté du miroir mais proliférant dans le Songe Proche ; dans un ramequin vous trouverez une sauce épaisse, à base de trèfle à sept feuilles. Ainsi que du… »
« Merci, merci, sourit Samson. Voilà de quoi requinquer notre invité, pour sûr. Je vous félicite, Absimiliard, votre cuisine contenterait les anciens dieux de l’Olympe ! »
Le Satyre rit, gêné, se retire doucement, sur la pointe des sabots.
« Monsieur le Régent est trop bon, murmure-t-il. »
Avant de refermer derrière lui la porte.
« Il n’a pas eu le temps de m’énoncer tout le menu, dis-je une fois seuls. »
A cette évidence j’adjoins un ton faussement déçu, presque innocent, qui achève de convaincre le Boggan de ma naïveté.
« Mangez donc, rétorque-t-il doucement, il ne vous sera pas tous les jours servies de tels repas. »
Je m’exécute à l’aide de couverts sertis d’émeraudes, savoure chaque bouchée comme si ce fût la dernière ; on ne se restaure pas toujours gratuitement des mets de la Maison Gwydion, loin de là. Samson ne perd pas son sourire, je m’efforce de déguster les plats, me retient de les saisir à mains nues. Non, acheminer délicatement de fines tranches à mes lèvres donne le change.
« Bien, approuve-t-il. Laissez-moi, très cher ami, vous dépeindre ce monde qui vous attend, puisque votre ventre enfin se souvient des splendeurs du passé. »

Politique et sucres d’orge

« Les raisons de craquer pour une Fée d’Etat sont nombreuses, les occasions plus encore. Il suffit pour un monarque de présider une cour un mauvais jour ; qui n’a jamais tenté de ramener à la raison un Redcap amoureux ne sait rien de l’autorité. Ce souverain qui n’a dans ses murs aucun Satyre à la dérive, porté par les courants de sa Passion, ne sait pas de quoi je parle. A ce jeune dirigeant occupé à distinguer la vérité dans les propos d’un Pooka je souhaite bon courage. Tout intendant qui a eu affaire à un Troll animé d’une juste colère devine où je veux en venir. N’importe quel diplomate sait rester de marbre face aux injures que dissémine autour de lui un Nocker. Un intriguant aguerri, voyant venir à lui un Boggan, apprend à fuir l’intérêt de cette Fée pour les affaires d’autrui – bien que de la compassion à l’état pur motive sa curiosité. A ma connaissance quelques rois seulement ont sus percer les énigmes que laissent derrière les mystérieux Sluaghs. Lorsqu’un Eshu s’invite pour une soirée les princes retiennent leur souffle : faut-il y voir l’annonce de chamboulements ou juste la promesse de contes extasiants ? Et pour peu qu’un Redcap Unseelie tombe amoureux d’une princesse, la catastrophe est à portée du trône.
Régner sur un tel peuple tient du martyr.
Les apparences sont trop souvent trompeuses, les affinités et les affiliations changeantes. D’une seconde à l’autre, surtout l’Eté durant, l’euphorie peut céder sa place à l’horreur d’un empoisonnement. Et les festivités de reprendre un quart d’heure plus tard. Le Glamour supervise tout ce fatras, à sa façon : selon son humeur. Mieux vaut savoir à quoi l’on a affaire plutôt qu’à qui. Quoique l’un n’aille pas forcément sans l’autre. Je m’en vais vous dresser, Sire Albrecht, un bref panorama de cette société des Songes… mais pas avant d’en avoir dressé un paysage ! Voyez donc, jetez un œil dans les jardins. Qu’y mirez-vous, hormis ces damoiselles Sidhes aux vêtements frivoles ? Oui, un écuyer qui brique l’arme de son mentor. Egalement un Sluagh, pareil à une dépouille ambulante, qui taille des haies de trois fois sa hauteur. Ainsi qu’un Troll qui garde ces jouvencelles, je vous l’accorde. Voilà nos serviteurs. Je suis leur seigneur. Notre hiérarchie est constituée ainsi : de vœux de vassalité et d’allégeance. Nous formons une société féodale, où le subordonné va dans le sens de son supérieur. D’ailleurs, pendant que j’y suis, évoquons les Serments et les Vœux. Lorsqu’un Changeling jure, sur sa foi, fidélité – à une cause, une tendre moitié, un Sire – le Songe n’est pas loin ; de sa puissance il renforce le Vœu et le soutient. Souvenez-vous en : un Serment prêté dans les formes a plus de valeur à nos yeux que les actes. Qui en brise est marqué à vie par le Glamour, alors qu’avant son abjuration – du fait de ses actions ou de ses paroles – il en bénéficiait. Le Rêve ne juge pas : il prend acte et exécute sa peine sans forcément considérer les conditions du parjure. Parmi tous les Vœux le Geas est certainement le plus pur ; il initie souvent une quête, une geste dont on se souviendra. Peu d’entre nous entreprennent plus d’une fois un tel voyage. Mais je connais quelques exceptions qui, chemin faisant, croisèrent… je m’égare.
Voilà pour le fond.
Une structure féodale, de gentils écuyers et de jolies dames. Bien, passons à la forme : pour ainsi dire la vérité. Notre belle société est parcellée, autant géographiquement que socialement. Des idéologies convergent – courants politiques, intérêts artistiques, espèces, fraternités, Sanctuaires, il y a de tout – et se rencontrent, s’allient et se trahissent. Avec panache, s’il vous plaît : sans quoi ce serait trop simple ! Qui recruterait les plus gros partisans, Trolls et Redcaps en tête, pourrait offrir à son fessier n’importe quel trône. Nos us et nos coutumes, chapeautées par le Glamour, ne l’oublions pas, imposent aux Fées de sauvegarder leur peuple, non de le faire s’entredéchirer. Quoiqu’il y ait des cas… vous ne saisissez pas ? Prenons un exemple, cela vous parlera plus, Messire Albrecht. Sylla, Baronne et Satyre de son état, n’était auparavant qu’une damoiselle de compagnie sans envergure ; son allégeance à la Maison Eiluned, en ces lointaines terres qui sont celles de la Cour de l’Hiver, ne l’enthousiasmait guère. Pour être honnête, entre les Sidhes prétentieux, ceux accaparés par la guerre hivernale et les courtisans insipides, la jeune fille s’ennuyait ferme. Elle pensait gâcher son existence. Puis, un beau matin la Reine Horla disparut, sans laisser ni nouvelles ni traces. Tout aurait pu tourner au massacre : la Cour de l’Hiver est guerrière, c’est le moins qu’on puisse dire, les caractères y sont forts et des extrêmes composent ses armées. Plusieurs prétendants se firent connaître, dont l’héritier légitime du Trône, un Prince de pauvre renommée. En une journée à peine les tempéraments s’enflammèrent, les adversaires s’apprêtaient à livrer une bataille de palais longue et sanglante. C’est là que le Glamour intervient, avant que quiconque tire son épée : Scaefang, Dragon gardien de cette Cour, s’éveilla, après trente-trois années d’un profond sommeil. Les rancoeurs se turent sur l’instant ; la bête s’ébroua, déploya ses ailes… et s’en alla prendre l’air. Peu de temps après le Duc Dray apparaissait, en qualité de médiateur et d’arbitre, ce que personne ne contesta – ne venait-il pas d’annoncer sa régence du Parlement des Rêves, sans qu’aucun heurt ne vienne troubler nos oreilles ? Et, tandis que ces soldats discourraient, traquaient la faveur et le petit secret honteux de leurs opposants, Sylla mettait à profit son intellect. Malicieuse, pareille à une fourmi, la Satyre quêta chaque prétendant, à l’affût d’une faiblesse. Bientôt – les palabres traînaient, au grand dam de Dray – elle dominait le jeu ; à la force d’aveux nocturnes, entre deux soupirs, de flagorneries, de légers empoisonnements et de duels pour sa personne, elle conquit non pas le Trône, mais les ombres qu’il dissimule. Et tous les autres intrigants, moins vifs d’esprit, pas suffisamment confiants ou attrayants, de se morfondre ; qu’importe le monarque qui siègerait, la Baronne Sylla déciderait de l’avenir de cette Cour. Jusqu’à preuve du contraire.
Tout simplement.
Avec la bénédiction du Glamour, sans quoi quelque miracle aurait perturbé le déroulement de cette toile de complots et de mensonges. Ainsi vont les choses parmi les nôtres, du moins tant que le Songe veillera sur nous : au culot et à l’initiative. Vaincre sans péril, sans oser forcer son avantage, revient à perdre ; le Songe est changeant, même les plus Seelies des Changelings s’accordent sur ce point. Tandis que les Unseelies poussent à l’extrême ce raisonnement, arguant qu’un chamboulement vaut mieux qu’une promenade de santé – plutôt risquer de se briser les os du corps que de se contenter d’avancer mollement. Tiens, vos yeux s’écarquillent à l’évocation de ces facettes. N’y ai-je pas déjà fait référence ? ‘Seelie’, ‘Unseelie’, des termes qui me sont à ce point familiers que je ne prends plus le temps de les définir. Peut-être bien parce qu’ils échappent à une définition claire et précise. Voyons voir… La Belle au Bois Dormant, connaissez-vous ? Parfait. Partons du principe que la Belle qui pionce est une Sidhe, ainsi que son Prince Charmant. Tous deux Seelies, qui adhèrent au code de l’honneur, de la chevalerie, du bel amour, tout le toutim. Bien, imaginons un instant que la méchante du conte soit également une Sidhe, Unseelie, celle-ci ; cruelle à ses heures perdues, fourbe et mesquine, dotée de grands pouvoirs dont elle use pour son seul bien. Ceci dit, tout du long de l’histoire, elle n’est véritablement mauvaise que quelques secondes. Idem pour sa chimère draconique : juste un serviteur que l’on a collé là, dans l’espoir de faire suer d’éventuels chevaliers. Certes, si vous y regardez à deux fois il y a un Bien et un Mal. Du moins au regard du mondain moyen. Jetez-y un œil une dernière fois. Alors ? Ah ? Vous ignorez les buts de la méchante sorcière ? Nous serons donc deux. Toujours est-il qu’au regard du Glamour elle n’a ni tort ni raison. Elle joue son rôle, attire à une éventuelle Demoiselle en Détresse (DED dans les langues Trolls et Nockers) de preux et beaux prétendants : à la seule force de sa perversité elle alimente des espoirs, fait naître des rêves. Sans sa vilénie la Belle aurait épousé le meilleur parti, ce serait ennuyé ferme, aurait prit des amants. Un destin comme un autre. Remarquez, rien ne nous dit que le conte s’achève autrement… Les Seelies, dont nous sommes, croient en l’honneur, en la vertu et tous ces codes chevaleresques qui ont jalonnés le Moyen-Âge, sans toutes les dérives mortelles – bien que certains Changelings fanatiques me font froid dans le dos. Le trépas plutôt que le déshonneur, l’amour romantique, l’Escheat, ce genre de choses. Une Fée Unseelie croit en peu de choses, elle : le changement, sa passion plutôt que son devoir, entre autres. Si nous cohabitons, c’est à la grâce de l’Automne : rien ne servait plus de se chamailler, un ennemi commun – la Banalité grandissante – s’apprêtait à nous écraser. Mettre fin à la discorde s’imposait. Depuis nous nous supportons, même si parmi les Unseelies se trouvent des Ravageurs, normalement punis par l’Escheat. Nos relations sont au mieux gênées, au pire froides et tendues.
Ajoutez tout cela à la diversité de notre peuple, et vous obtiendrez un joli mal de crâne. »
Revenir en haut Aller en bas
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyJeu 21 Déc - 15:05

Samson dépose sa pipe sur la table de chevet, marmonne entre ses lèvres épaisses.

« Je suis gêné, reprend-il sans laisser ce trouble l’agacer. Je ne puis que vous exposer les grandes lignes, alors que ma préférence va aux détails, à ces finesses caractérisant notre vie. Je divague : nous aurons bien le temps d’explorer ensembles ce monde Automnal ! Passons plutôt en revue ce peuple si particulier, à ce point étrange que le gouverner correctement tient de la gageure. D’abord viennent les espèces, Kith dans l’ancien langage. Toutes et tous nous sommes issus du Rêve – mieux : nous sommes le Songe. Du moins une parcelle. Nos êtres ont été façonnés par les fantasmes des mortels, même si certains, Redcaps en tête, prétendent le contraire. D’une manière ou d’une autre nous répondons à une crainte ou à un espoir, parfois à un idéal.
Les Boggans règnent ou se rendent rarement les souverains.
Peuple industrieux, court sur patte et souvent rondouillard, notre apparence nous dessert souvent. Dans une société de guerriers et de comploteurs elle est un handicap certain. Notre place est convenue : les fourneaux et autres tâches ménagères ; à l’abri des regards un Boggan peut abattre plus de travail manuel que trois autres Fées réunies. J’étais autrefois le grand veneur de ce Château, en charge de banquets épiques, pour plus de trois cents couverts, dont cinquante Trolls et le double de Satyres. Je m’acquittais de ce devoir avec les honneurs, avant d’aller festoyer parmi les grands du Parlement des Rêves. Nos services se monnaient, notre loyauté est légendaire, mais, par-dessus tout, nous sommes d’une gentillesse sans borne. Rares sont les miens qui peuvent ignorer un malheureux : notre instinct nous pousse à lui porter secours, quoiqu’il en coûte. Un défaut parmi tant d’autres ! Les autres Kith, spécialement les Sidhes et les Sluaghs, ont appris à nous éviter : un mot tombé au creux de notre oreille ne tarde pas à voyager de tympan en oreiller, puis de ceux-ci au lobe de l’intrigant moyen. Nous ne pouvons nous empêcher de parler, mais jamais à tort et à travers. Si seulement nous n’étions pas capables de percer les mystères qui entourent les gens, ces façons si subtiles qu’ils ont d’échanger sourires, œillades complices et paroles, nous serions anodins comme tout, finalement. Et non pas des dynamos sociales.
Pour tout cela les Satyres nous apprécient grandement.
Ces Fées, croisement harmonieux du bouc et du Sidhe, célèbrent la vie. Sous toutes ses formes, jusqu’à l’épuisement, sans jamais vouloir s’arrêter. Chaque représentant de cette espèce est guidé par une Passion, une ligne conductrice qui jalonnera son existence. Pour certains, une jolie majorité, il s’agit de la musique. D’autres cultivent l’amour de la romance, de la chair, de l’alcool – les Satyres se prétendent créateurs du vin – ou de la guerre. Leurs fêtes, en grande partie ouvertes aux autres Changelings de bon goût, rivalisent avec celles des Grandes Maisons, la débauche en prime. Le Glamour les a bénit de mille et une façons : l’une d’elle, le Don de Pan, fait le bonheur des convives. A la force de leurs chants et de leur musique, ces Fées ravivent le Rêve, éloignant la Banalité, exaltant les instincts primordiaux des invités. Ce qui s’ensuit pourrait heurter la maigre sensibilité du plus pervers des mortels. Bien qu’il y ait également des réceptions plus sobres, sans étalage de chairs offertes, il faut en convenir. Chez le Satyre l’endurance n’est pas un vain mot, bien au contraire ; parmi eux se trouvent les plus grands athlètes de notre peuple, capables de courir sur des distances incroyables sans perdre leur souffle. Et vite, avec ça. On comprend mieux comment ils parviennent à tenir la mesure, lors de ces longues nuits de festivités. Je ne saurais trop vous conseiller de ne pas léser un Satyre, du moins pas trop : ils ne vivent que pour le jour, se moquant du lendemain comme d’une guigne. Aussi leurs vengeances sont souvent à sens unique et promptes – après quoi le Satyre ne ressent plus aucune haine à l’endroit de l’offenseur. Ajoutez à cela cette tendance qu’ils ont de se regrouper en Familles, des ‘Tragos’, et vous obtiendrez un tableau global de leur mode de vie. Gardez toujours à vos côtés un Satyre ; si ses accès de mélancolie et de joie sont difficilement explicables, la sagesse de leurs Anciens est proverbiale !
Un trait qu’ils partagent avec les Eshus.
Mystérieuses, nomades, conteuses de grand talent, ces Fées marchent au côté du Glamour ; ce dernier leur a octroyé un don formidable, qui dépasse l’entendement. Là où va un Eshu, quoiqu’il advienne, se trouve l’aventure. Par quelque truchement du Destin, ce qui laisse perplexe les Sidhes de la Maison Scatchah, un Eshu croisera toujours sur sa route quelque évènement. Grandiose, épique, presque anodin ou terrible, sa forme importe peu : le Changeling en tirera un enseignement et une histoire. Avant de reprendre son chemin, en quête de nouveaux contes, partageant les siens tout du long de son errance. Arabisantes, ces Fées sont les explorateurs de notre peuple, aussi en trouve-t-on des traces dans chaque culture. Il n’y a pas, selon les rumeurs, un arpent de terre qui n’ait pas été foulé du pied d’un Eshu. Cela expliquerait peut-être leur regard, qui contient l’éternité. Rares sont les mondains à pouvoir le soutenir. Ceci dit cette espèce est presque systématiquement le bienvenu dans les Sanctuaires ; hôtes de marque, ils distillent leurs contes avec emphase, assénant brillamment un savoir parfois plurimillénaire. Peu de Changelings se sont essayés à les dépasser dans cet art, mais leurs défis ont toujours été relevés ; les Eshus, certainement pas par stupidité, refusent rarement un duel. Qu’il soit verbal, d’escrime ou tout autre : cette sorte de noblesse qui les anime ne saurait souffrir le contraire. Il faut dire que le port d’un Eshu rivalise avec celui des Sidhes ; leur apparence, malgré les jours passés à vagabonder, est soignée ; la soie reste leur atour de prédilection, ainsi que la mise des gens de l’orient. Parmi eux se trouve de tout : fiers guerriers, aussi compétents que n’importe quel Troll, érudits, musiciens, artistes accomplis… Qui trouve sur sa route un Eshu peut s’attendre à tout et n’importe quoi.
Contrairement aux Redcaps.
Même si certains encore me surprennent, que ce soit du fait de leur vilénie grandissante ou d’une noblesse trop rare chez eux. Fées du Cauchemar, à l’appétit illimité, ce sont nos enfants du désordre, en grande partie Unseelies. Ils s’entourent de violence et font peu de cas du genre humain, s’en nourrissant à l’occasion. Parfois, lorsque l’Hiver emprisonne le Glamour, ils traquent un ou deux Sidhes. ‘Pour le sport’, disent-ils. Et, ne nous y trompons pas, à fin de le faire rôtir. Beaucoup pensent que les Redcaps sont la fange de notre société, je dois bien leur concéder cela. Chaos incarné, pourvus de dents effrayantes et d’estomacs abyssaux, ils vagabondent ou s’installent souvent en meute, toujours à l’affût d’un repas. Quelque soit la nature de ce dernier : on a vu des Redcaps se nourrir de roches et d’ordures, lorsque la disette menaçait nos Cours. La noblesse organise à l’occasion une chasse au Redcap, où seuls des guerriers expérimentés sont conviés ; la proie est réputée dangereuse. Elle distille volontiers la souffrance, préférant aux armes par trop létales celles qui mutilent lentement. Eux-mêmes se scarifient et se lancent dans de grandes compétitions de n’importe quoi, dont nous tairons le but. La haine est souvent viscérale, entre Redcaps et Sidhes ; les premiers reprochent aux seconds une usurpation – ce qui signifierait qu’avant la venue des Thuata de Danaan ce Kith régnait ! – et les seconds trouvent ces premiers répugnants. La messe est dite. Il arrive pourtant qu’un Redcap dépasse sa condition Unseelie et trouve un emploi dans une Cour. Souvent cette place ne lui confère que peu de droits, mais bel et bien de nombreux devoirs ; goûteurs, gardes, traqueurs de monstres, le travail ne manque pas. Et les mâchoires d’un Redcap Seelie sont tout aussi avides que celles de ses cousins Unseelies.
Mais même un Redcap ne peut rivaliser avec un Nocker.
J’entends par là qu’un Nocker a bien des mots à apprendre aux petits frères turbulents du Songe. A quoi ces Fées doivent leur comportement outrancier et insultant ? Leur physique ? Il n’est guère plaisant ; généralement malingre, pour ne pas dire sec, le Nocker accuse souvent un visage caricatural. Nez trop petit ou épaté, sourcils virevoltants, pommettes saillantes, qui surplombent un corps ou trop chétif ou trop boursouflé. Notez cependant qu’il est des Nockers aux allures princières, mais ce sont là des exceptions à la règle qui veut qu’un Nocker ne ressemble pas à grand-chose. Du moins il ne soutient pas la comparaison avec un Troll ou un Satyre. Ainsi cette espèce est dotée d’un caractère difficile à supporter. Ils cultivent l’insulte et la bougonnerie sans y prêter attention, sont des plus désagréables et râlent sans arrêt. Alors à quoi s’y attarder ? Si seulement ils n’étaient pas les artisans du Glamour… entre leurs mains le Songe est une matière, qu’il convient de modeler selon leurs souhaits. Toute merveille du Rêve – de celles qui volent à la grâce de la vapeur, par exemple – a pour artisan un Nocker. Il s’est vu des oiseaux chimériques animés par des rouages, à l’instar de dragons à voile. Depuis un certain temps la production d’épées et de lances s’est tarie, au profit de l’élaboration de sulfateuses à guimauve. Bien plus dangereuses que celles des mondains, il faut en convenir. Déjà les armes de poing et les arquebuses circulent, et ce depuis le début de la Guerre Civile. Ces outils de mort ne constituent qu’une maigre portion du génie Nocker ; en dresser une liste complète tiendrait du miracle. Goblin’s Town, un Sanctuaire quasiment artificiel, dédale souterrain de couloirs et d’engrenages, est de leur fait. Sa complétion est programmée pour le milieu de l’année, à moins que le chantier, qui date de 1700 et des brouettes, n’accuse plus de retard que prévu. Souvent mal aimé mais sans cesse sollicité, le Nocker souffre d’une malédiction pesante : jamais, ô grand jamais, ses réalisations ne seront parfaites. Toujours un défaut viendra se nicher quelque part ; défaut qu’un utilisateur, un beau jour, découvrira à ses dépends. De préférence au pire moment.
Ce pourquoi les Trolls s’en remettent peu à cet équipement malgré tout défaillant.
‘A bon ouvrier bons outils’. Or les Trolls forment l’épine dorsale de nos défenses hivernales, il ne faut pas se leurrer. Il leur faut donc des armes conséquentes, adaptées à leur taille – en moyenne deux toises et des poussières, parfois bien plus. Ainsi que des armures sur mesures, capables de résister aux pires assauts – bien souvent les Trolls officient en première ligne. Même si leur peau, un cuir épais, détourne les coups les plus faibles, ils ont affaire à des griffes plus solides que l’acier. Vous l’aurez compris : le sang d’Atlas coule dans leurs veines. Ainsi sont-ils faits : épais, puissants. En toute chose. L’amour d’un Troll est inconditionnel, impossible à briser, ses Vœux guident ses pas, son devoir domine sa vie. Il est tel le chevalier dans la plus pure tradition, pareil à cet idéal : inébranlable et solide. Jamais un Troll ne se laissera aller aux yeux de tous ; ils réservent leur franchise et leurs émotions aux leurs. Si l’un d’eux ouvre son énorme cœur à un étranger, ce dernier vient de se trouver un allié de poids. Indéfectible, l’amitié d’un Troll, ainsi que sa cause, pèse dans la politique des nôtres. Aux yeux de nombreuses Fées ils sont seconds après les Sidhes, parfois premiers. Beaucoup les considèrent avec dédain ; ne sont-ils pas à l’étroit, dans la plupart des Sanctuaires ? Silencieux et stoïques lorsqu’il faut pleurer ou rire ? Froids quand la chaleur s’invite, atour d’une table ? Il vient vite à l’esprit des plus calculateurs qu’un Troll est pataud, facilement manipulable. Rien ne peut être plus faux. Si l’honneur guide leur existence, ces Changelings n’en sont pas moins intelligents – du moins la plupart. Ils discernent les pièges et savent en faire fi, sans jamais démentir leur devoir. Mais il arrive parfois qu’un Troll soit prit dans la toile d’intrigues qui le dépassent, comme tout un chacun. Si il échoue dans ses fonctions ou, pire, trahit sa cause, sa force le quitte. Naturellement, ne laissant derrière elle qu’une Fée certes imposante, mais beaucoup moins terrible. Si le Troll en question est victime d’une machination, et qu’il sait les noms de ses détracteurs, il peut jurer les mettre à bas. Tel Changeling est vénéré parmi ses pairs. Un ennemi dont il aurait mieux valu se prémunir avant d’en soulever l’ire, si vous voulez mon avis. Autrement la personnalité d’un Troll ne lui permet pas de prêter un serment si tôt après sa déchéance. Croyez-moi : une créature telle n’est pas des plus agréables.
Je préfère encore côtoyer un Sluagh.
Ces créatures, taciturnes et sombres, hantent les recoins. Une cave à l’abandon, les fondations délabrées d’un grand hôtel, le mystérieux grenier d’une école, là vous en trouverez. Si la Fée consent à vous recevoir : rares sont les Changelings plus discrets. Leur sociabilité avoisine le néant, pour tout vous dire. Que dire sinon ? Humanoïdes à la peau maladive, aux cernes prononcées et dénuées de dents, les Sluaghs sont à l’opposée des Sidhes en presque tout. Lorsque l’elfe resplendit le Sluagh se ratatine. Quand ce dernier chuchote, faute de mieux, l’autre hurle d’une voix de baryton ses ordres. Si ce noble magnifique ignore quelque chose, le Sluagh en a une connaissance approfondie. Ces Fées savent tout, ou peu s’en faut. Non pas individuellement, mais en qualité de groupe. Si un Sluagh a besoin d’information tôt ou tard, par la bouche édentée d’un des siens, il les obtiendra. Aucun secret n’est à l’abri : ils se glissent dans les palais à la faveur des ombres, plus silencieux que l’une d’elles et souples qu’une limace. Leurs sens sont développés au-delà de tout entendement, faute d’autre adjectif. Il arrive qu’un chat ne sourcille pas alors que le Sluagh s’éveille en sursaut. L’espèce a un fort penchant pour les carrières d’espion et d’informateur. Nombres d’autres Fées dénigrent et décrient à midi les Sluaghs et à la minuit leur rendent visite. Avec nous autres Boggans, du côté Unseelie, ils restent les plus expérimentés des empoisonneurs ; leurs mixtures, dit-on, peuvent terrasser des dragons. Si peu d’entre eux deviennent des assassins célèbres, ces tristes individus sont de bien sinistre réputation. Rares sont les Fées qui se méfient d’un Sluagh : ils opèrent un tout autre charme. La révulsion. Ne sont-ce pas les compagnons fétiches des araignées et des mille-pattes ? Eux qui dans l’ancien temps grattaient aux fenêtres de mortels apeurés, une fois la nuit venue. Avant d’enlever des enfants, les terroriser jusqu’à l’aube puis les rendre à leur foyer. Parmi toutes ces rumeurs certaines sont murmurées, mais deux reviennent sans cesse. Il est dit que les Sluaghs adorent le vin et le thé, se réunissant parfois pour en déguster un peu, et partager quelques secrets. Il s’agirait de réceptions fines et délicates, à l’étiquette impeccable, auxquelles sont rarement conviées des étrangers, triés sur le volet. On y cajolerait des essaims d’arachnides, ronronnantes et affectueuses. D’un autre côté, d’après un Troll de ma garde qui fréquente le cousin d’un Satyre qui aurait été invité à l’une de ces réunions, les Sluaghs entretiendraient d’excellents rapports avec les âmes en peine.
Revenir en haut Aller en bas
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyJeu 21 Déc - 15:06

J'espère que vous study avec assiduité: parce que de mon côté, ça y va!

*

... ce qui hérisse le poil des Pookas.
Ou leur ramage, quelques fois leur plumage, c’est selon. Oui, selon le genre. J’ai déjà vu un Pooka chat doubler de volume – la faute à son pelage – à l’approche d’une Sluagh de ma Cour. Il ne l’avait tout simplement pas entendue arriver. Evidemment il a feulé, la belle s’est vexée, entraînant une série de duels à la rapière, sustentée par l’humeur badine des comploteurs de la Maison Eiluned. Nous nous retrouvâmes sur la pelouse, à pique-niquer et à commenter les passes, applaudir des tierces extravagantes et rire de pas maladroits. Tout cela dans la joie et la bonne humeur. Bien sûr c’était là l’idée du Pooka, qui perdit son duel. Comment dire ? Je ne suis guère étonné. Là où un Pooka se rend l’ambiance est garantie, ou peu s’en faut. Peuple lié aux animaux, certains n’en apprécient pas moins la ville et ses grandes Cours ; souvent ceux aux traits de chat, de rat ou de chien, pour n’en citer que quelques-uns. Farceurs impénitents, bouffons admirables, les Pookas sont capables de tout – le pire comme le meilleur. Nul n’est à l’abri d’une de leurs machinations. Ceux qui en rient, quand bien cela fait mal, gagnent leur estime. Mieux encore : parmi les nôtres certains sont parvenus à déjouer leurs manigances, sans en prendre ombrage. De véritables héros, aux yeux des Pookas. Dont il faudra se jouer avec plus de culot, tôt ou tard. Juste pour rire. Je ne sais pas d’où leur vient ce comportement, mais ce n’est là que le moindre de leurs… travers. Ils mentent. Sans arrêt, sans raison. Leur poser une simple question tient parfois du ‘chemin de croix’ des mondains. Si seulement ils se contentaient d’opposer à la vérité son contraire, tout bonnement. Non, il faut aux Pookas grossir, omettre, compliquer ou détourner, mais jamais énoncer clairement les choses. Interroger l’un d’eux peut tenir en haleine une Cour un après-midi durant, parfois plus. Cependant, contre toute attente, nous les acceptons. A quoi sont-ils bons, on se le demande souvent, autant vous répondre de suite : ils sont la voix du Glamour. Si un jour un temple devait être bâti en l’honneur du Songe, les Pookas en seraient les prêtres. Nous nous confessons à eux sans même y prêter garde. Leurs bouffonneries alimentent le Rêve, égaient nos mâtinées. J’ai ouï-dire que cette attitude, bien que louable, dissimulait de biens tristes desseins ; n’a-t-on pas vu, près de cent cinquante ans, disparaître les Pookas les plus exotiques ? Seulement depuis une vingtaine d’années il en réapparaît un peu plus, de part le globe. Tigres, alligators, araignées et bien d’autres encore. A ma Cour s’ébattent à l’occasion un Pooka Renard et une Pooka papillon. Leurs joutes verbales m’amusent, elles en perturbent d’autres. Je vais vous dire une chose : ces Fées et les Sidhes partagent un point commun. Une tristesse à fendre l’âme, alors que les Terres Automnales ploient sous les assauts de la Banalité. Le Rêve se flétrit, ils le savent. La malice qui les caractérise est un bras d’honneur au Brouillard, un affront qui vaut la peine d’être subi.
A l’autre extrémité nous avons les Sidhes.
Nobles, dignes, seigneurs de notre peuple et garant des lois. Je sais, voilà un tableau flatteur des vôtres, Messire Albrecht, mais si proche de la vérité ! De là à me taxer de flagornerie, il n’y a qu’un pas que je n’autorise à personne de franchir, pas même à vous. Votre Kith a longtemps régné, de ce temps où l’homme mâchait sa viande crue jusqu’au début du dix-neuvième Siècle. Avec sagesse, souvent, parfois avec cruauté. De temps à autres vos décisions et votre dévouement nous menaient à la guerre, mais ce n’est pas grave. C’est le prix de votre grandeur, le poids de l’Histoire, pour ainsi dire. Votre allure attire des suivants, trouble les Satyres et inspire les Trolls. Les Pookas n’ont pas renoncé à vous piéger par des moyens détournés, toujours magiques. Quand bien même nulle sorcellerie ne peut vous humilier : le Glamour veille. Et il a l’œil acéré du père qui protège sa progéniture. Pour sûr, vous autres Sidhes êtes destinés à régner. Votre beauté exerce une fascination qui en est douloureuse d’intensité. Peu osent se mettre en travers de votre chemin, moins encore vous agresser, ne serait-ce que verbalement. En sus, à la grâce de longues décennies de guerre, vos rangs dégorgent de spadassins aguerris, à la main sûre et au regard envoûtant. Je plains le soldat qui croise le fer avec l’une des vôtres – je n’aurais pas suffisamment de concentration pour faire face. Comment se résoudre à percer une peau si fine qu’elle en paraît cristalline ? Et ces courbes sensuelles, frisant la perfection, peut-on accepter de les mutiler ? Vous avez su cultiver la diplomatie et les arts guerriers, sans jamais ou presque vous appesantir sur vos lauriers. Vos Maisons règnent sans partage, ou peu s’en faut. Si d’une main vous cajolez votre peuple, l’autre s’assure, de son épée brandie, le garder sous contrôle. Alors que la Banalité enflait, aux détours d’une Grande Peste, vous avez fait face, réunissant autour de vous fidèles et écuyers, à fin de protéger vos sujets. Certains Sidhes comptent parmi les plus grandes légendes – en qualité de héros à la bravoure immaculée ou d’empoisonneur aux sombres desseins. Que dire de plus ? Qu’il est dommage que la Banalité frappe votre genre avec plus de cruauté qu’elle ne le fait pour nous autres, Fées du Commun. Et qui sait où se rend votre âme éternelle, pure parcelle du Glamour, lorsque la faucheuse fait de vous sa moisson ? »
Samson soupire, sa pipe éteinte au coin des lèvres. Il tapote affectueusement les couettes, me sourit.
« Je vous laisserais volontiers à votre repos, Messire Albrecht, mais je me dois d’abord de vous prévenir. Les portraits sommaires que je viens de vous dresser, à quelques exceptions près, ne concernent que les Seelies. En temps voulu je vous mettrais en garde contre les Changelings Unseelies. Pour l’heur imaginez-vous seulement un Troll de ce genre, écumant vos campagnes. Voilà qui suffira amplement pour aujourd’hui. Sur ce, la Cour m’attend. »
Il bondit sur ses pieds, s’empare de son chapeau, posé sur l’échiquier-geôle. Des rires de contentement et des soupirs de soulagement s’en élèvent. Le Boggan, en ouvrant la porte, marmonne dans sa barbe. Une fois seul je me laisse aller à un rictus macabre, ressasse ses derniers murmures :
« Puissions-nous bientôt voyager ensemble et vivre les plus belles des aventures, doux prince. »
Oui, vivement que ma liberté me soit rendue : ce palais m’effraie.
Plutôt rejoindre les ombres maternelles, aux petits soins.
On verrouille derrière le Régent.
Revenir en haut Aller en bas
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyJeu 21 Déc - 15:07

Un début de réponse à vos interrogations... profitez, vous n'aurez guère plus :P

*

La nuit n’est pas venue – Ô Rage, Ô Désespoir ! – que déjà des visions m’assaillent. Je me recroqueville, sue mais ne hurle plus : je m’y fais, petit à petit, sans coup férir. Il me faut juste encore du temps. En ai-je ? Pas certain. La Cour s’emporte, je les entends d’ici, ces courtisans venus en urgence. Sire Auron est en grand danger, sans que quiconque ne sache entre quelles griffes l’honorable Troll est tombé. Des rumeurs courent de coursives en couloirs, bifurquent jusque dans des chambrées, déboulent au sein de la Cour. Qu’était ce gobelin ? Une pauvre créature possédée ? Certainement, selon les sorciers de la Maison Eiluned. Mais si oui, par qui ? Ou quoi ? Nul ne sait répondre, Samson se tait, observe les prétendants au titre de Généralissime qui complotent, à l’écart ou en place publique. Froissement de tissus rares, soieries qui se plissent, les débats font rage et la journée risque d’être longue. Aucune épée ne sera tirée du fourreau et pourtant des noms d’oiseaux sont échangés, aussi discrètement que possible : le Glamour n’est pas loin. Juste une flamme ardente qui couve sous les prunelles du Régent, à l’affût de toute transgression aux règles.
Il n’y avait pas ce feu en lui, une décade plus tôt.
Ou du moins pas un tel incendie, aussi virulent. Non, je le vois clairement, maintenant. Sa mise n’a pas changé, son port non plus. Toujours aussi petit, claudiquant et déterminé. Parmi les fêtards de cette nuit-là, il est insignifiant. A l’occasion de cette Samhain, comme chaque année, les Communs se sont grimés en nobles. Et vice et versa. Elles sont peu de Fées à résister à cette part Unseelie qui sommeille en eux ; demain matin, à la grâce du Brouillard revenu, toute faute aura été oubliée. C’est l’amnistie à l’échelle mondiale, pour les seuls crimes et débordements du crépuscule à l’aube. Les Cours sont envahies par le peuple, qui singe ses dirigeants, sans toucher au trône – du moins pas pour l’instant. Des festins sont servis aux Redcaps parmi les plus civilisés, des Satyres se saoulent et enivrent un parterre d’invités. Une orgie est à prévoir. Des convives s’y préparent, d’autres s’éloignent, trouver leur vice ailleurs. Les Nobles, quant à eux, déambulent, se rencontrent en secret, masqués comme le veut la tradition. Et si jamais un Commun, sans lui arracher son loup, en reconnaît un, ce dernier doit lui octroyer une faveur. Purement et simplement. Sans quoi il est de bon ton de rosser, sans trop l’abîmer, le dit noble : il contrevient à un Vœu qu’impose le Glamour en ces moments. Par petits groupes les Enfançons se ruent sur de potentielles victimes ; mondains ou Fées, cela importe peu. Il faut si peu de Rêve pour enchanter un mortel, à cet instant, que les blagues et plaisanteries douteuses abondent. Des concours sont organisés, entre fraternités, très temporaires, de jeunes. Sexe, boisson et joutes dénuées de règles sont courants.
Au petit matin l’oubli sera général.
Alors à quoi bon se retenir ? Des passions qui n’ont pas lieu d’être se nouent. Une Redcap dévore de ses baisers – au sens littéral – un Sidhe, le visage dissimulé, en manque de sensations fortes. De jeunes Pookas, regrettant déjà ce souvenir éphémère, prennent pour cible leurs précepteurs. Mondains ou féeriques : les bombes à eau fusent, souvent agrémentées de fientes de griffon ou de guimauve périmée. De Vieux Nockers abjurent, le temps d’un attentat, le Brouillard. Réunis à la terrasse d’un café ouvert pour cette nuit d’Halloween, ils savourent un cocktail. La Banalité, sous le poids de leur Glamour, se fendille pour mieux s’évaporer. Tout un pâté de maison de Harlem est aux couleurs du Songe Proche. Des mortels sont pris dans ce monde étrange – façades anciennes, lierre et petites féeries ailées, si belles, qui se mettent à l’abri. Alors seulement les bombes explosent. Jets de couleurs chimériques, hauts dans le ciel, qui retombent en bruine. D’autres engins éclatent de ci de là, en chœur, répandant des teintes vivaces. Jaunes éclatants, rouges profonds, fontaines en parfaite concordance : les ingénieurs ont repris les grandes eaux de Versailles. Dès l’aurore ce souvenir, aussi intense fut-il, ne sera plus. Les Nockers s’en moquent : ils pillent le bar abandonné par son tenancier. Malgré la peinture, Glamour dissout avec la rosée. Eshus et Trolls forment une farandole, sous le nez des mondains affolés, profitant du déluge de couleurs chimériques. Déjà des Fées s’éparpillent, à la recherche d’un mortel ivre ou drogué, dans l’espoir d’en faire leur Roi ou leur Reine cette nuit. Un chaos bon enfant se répand sur la ville.
Samson s’en moque.
Il navigue, seul et discret au milieu des fêtards qui squattent la Cour de l’Eté, à la recherche d’un seul Changeling. Le Boggan esquive les longues robes de soieries vivantes, évite des couples enlacés, ne prête pas attention aux accords que les Communs arrachent à leurs instruments. Partout autour de lui ce ne sont que rires, gaudrioles et murmures passionnés. Il reste de marbre, le regard sombre et plissé. Au plus haut point du donjon, il le sait, de rares Gwydions se sont réunis, laissant derrière une épaisse porte de chêne leurs natures Unseelies. Un violon sifflote, léger, jusqu’au nain. Ce dernier se fige, une coupe de vin est renversée sur son chapeau. Des rires, encore des rires. Il râle, s’engouffre entre les convives avant d’être repéré. Peu le remarquent : voilà un Boggan comme tant d’autres. Lui suit l’air, tête baissée. D’un pas pressé, vif malgré ses petites foulées, il quitte la débauche pour les étages supérieurs, où des servants ivres s’offrent à des Sidhes qui ne le sont pas moins – soupirs qui s’élèvent de derrière des battants, gémissements et petites morts. D’escalier en coursives, tandis que la Nouvelle York s’embrase de Glamour, Samson gagne un balcon. Poussiéreux parce que rarement utilisé ; ici se retrouvent parfois des amoureux, en quête d’intimité. Une denrée rare en cette Cour. Le violon cesse de se plaindre ; celui qui en jouait, d’un habile tour de main, dissimule cordes et archet. C’est un Sidhe qui pourrait être de fort belle stature, si seulement cette couronne ne lui pesait pas tant. Ses longs cheveux, une obsidienne d’une pureté à couper le souffle, tombent sur ses hanches ; délicats, ses traits accusent déjà à cette époque une fatigue crasse. Cette fine nuque pourrait se briser là, sur l’instant, que le Boggan ne serait pas surpris. Cet ornement, d’or massif, penche négligemment sur la droite de ce crâne parfait. Vêtu d’une longue toge noire, recouvrant sa frêle silhouette, il attend. Doigts fins, cristallins, posés sur une rambarde séculaire. En contrebas la fête bat son plein : exclamations joyeuses, fûts au sceau brisé, ivresse et badinages sont au menu. Samson se fige, indécis. L’elfe le dévisage – pupilles de braises, nez aquilin qui se plisse presque de dédain. Et cette couronne qui brûle de mille feux, pareille à un soleil perpétuellement sur le déclin.
« Vous voilà enfin, dit-il. »
Sa voix se glisse jusqu’au creux de l’oreille, s’y insinue presque. Un seul de ses murmures, autrefois, galvanisait des armées entières. Samson se tait, ses épaisses lèvres scellées en une grimace disgracieuse.
« Si je ne m’abuse quelque pacte impie vous mène à moi, poursuit le Sidhe. Quelle en est la teneur ? Qui dois-je destituer ? Quelle sera la… »
« Eliminer, le coupe le Boggan. »
L’autre en sursaute presque, son vêtement se froisse. Malgré cette Samhain l’étiquette, pour lui, reste un sacerdoce.
« Eliminer, répète-t-il, songeur. Que cela est intéressant. Voyons voir, quelle serait la cible d’un si triste attentat ? Une soubrette devenue encombrante, peut-être un rival qui vous fatigue, Messire ? Dites-m’en plus, je vous prie. »
« Je veux la peau du Prince Albion, crache Samson. »
« … Fer Blanc ou acier chimérique ? »
« Ce qu’il y a de plus définitif. »
« Fer Blanc, donc. Ainsi, pour les Saisons à venir, et au-delà encore, il sera défait, persifle l’anonyme elfe. »
Il fait un pas, abandonnant sa rambarde de pierre, vers Samson.
« Mais quelle vilénie princière vous persuadait de l’occire ? assène-t-il. »
« Je… il… »
« Sa disparition, nous le savons tous deux, vous octroierait une éventuelle régence, non ? minaude le Sidhe. »
Qui s’avance davantage, jusqu’à s’accroupir face au Boggan.
« Certes, concède un Samson déterminé. Mais ce n’est point là le but de la manœuvre, je peux vous l’assurer, doux Roi. »
Celui-ci redresse, faussement nonchalant, sa couronne massive, tousse pour la forme.
« Quel crime perpétrait-il pour s’attacher vos foudres, maître veneur ? »
Samson serre les dents, crache sa réponse.
« Il abuse des Rêveurs, du petit personnel et de son autorité. Un jour il sera à la place de son père, semant la haine tout du long de son règne. Jamais. Voilà tout. »
L’anonyme se détourne, revient à sa rambarde. Ses yeux de glace embrassent la fête.
« Il suffirait d’abattre sa part féerique, dit-il. Ensuite de le séquestrer jusqu’à ce que la Banalité le ronge entièrement. Ne serait-ce pas plus… clément ? Lui arracher l’éternité, ou ce qu’il en reste, voilà qui me paraît… excessif. Vous ne trouvez pas ? »
Le Boggan grogne, tape de son pied bot contre le dallage de marbre, qu’une pellicule de feuilles mortes recouvre.
« Savez-vous ce qu’il a fait du Troll qui courtisait la même mortelle que lui ? s’emporte-t-il. Ni plus ni moins que ce que je lui réserve. La mort par ce maudit Fer, reléguant tout son être au néant et au Brouillard. Même les traîtres et les parjures ne sont pas traités de la sorte ! »
« Aaaah, la rigueur Seelie, se gausse le Sidhe. Les preuves de votre noblesse abondent, depuis un certain temps. A quel crime n’avez-vous pas consenti pour passer le temps ? J’entendais tantôt une rumeur, qui voulait qu’un de vos Chevaliers ait été vu Ravageant une conférence d’artistes. »
« Je ne suis pas venu ouïr des propos diffamants, éructe Samson. Adieu. »
Le Sidhe se glisse jusqu’au Changeling claudiquant, le retient d’une main ferme mais amicale.
« Allons, très cher, laissez-moi me moquer : je n’en ai pas souvent l’occasion. Et puis ce ne sont que des ragots, nous savons tous deux la vérité : il est impossible de sans cesse réfréner notre nature duale. Tenez, il m’arrive de sombrer dans l’honneur, la courtoisie et le romantisme aigu. »
Le grand veneur bougon, hésite, finalement fait face au noble elfe.
« Droit au fait, gronde-t-il. Le ferez-vous ? »
L’autre acquiesce du chef, manque d’en perdre sa couronne.
« Quel en sera le prix ? »
Une sourde inquiétude sue entre les syllabes du Boggan.
« D’habitude la Maison Ailil se contente d’un jeu de faveur, déclare le Sidhe. Si je suis les voies qui sont celles de ma Lignée, en temps voulu vous devrez me rendre la pareille, quoiqu’il en coûte. Mais cette nuit n’est pas comme les autres : je m’en vais fixer ce prix derechef. Vous souhaitez une vie ? »
« Si en éteindre une est se l’accaparer, alors c’est le cas. »
« Vous m’en devrez donc une, Messire Samson. »
« P… pardon ? »
Le Sidhe sourit, grimace glaciale.
« Rassurez-vous : ni maintenant ni demain. Disons dans une décade. Vous m’offrirez une vie, ou du moins une existence, au moins d’aussi noble naissance que celle du prince que nous condamnons ce soir. Si cela n’était pas le cas le Songe, puisque cette nuit particulièrement il nous prête attention, vous punira comme bon lui semble. Ensuite viendrons mes propres représailles qui, vous le savez bien, égalent en brutalité et en rage le grand Scaefang. Rendez au Glamour la vie que je m’apprête à prendre, pour le plus grand bien. Alors ? »
Un vent se lève, lourd des odeurs automnales. Musc que plus aucune pollution ne souille, agrémenté de douces senteurs de moisissures. Fragrances délicates, qui finissent d’enivrer le parterre de fêtards. Leurs frasques ne s’en trouvent que plus débridées, les contes autour du feu plus épiques et les baisers plus ardents. Le Songe est là, penche sur la scène, à en briser de sa seule présence le balcon. D’un coup, d’un seul, les couleurs – cuivre profond, rouge presque carmin – resplendissent. Des féeries volètent par milliers entre les étoiles, dérangeant l’ordre cosmique.
« Dans dix ans, grince Samson. Une vie pour une vie. Je suis d’accord. »
Même son costume, démodé mais impeccable, paraît on ne peut plus réel. Un tonnerre lointain résonne, les Fées le saluent d’un holà tonitruant et amusé.
« Une vie pour une vie, répète le Sidhe. Comme la formule est plaisante. »
Son sourire s’élargit, presque contagieux.
« Marché conclut, finit-il. Bien le bonsoir à votre Dame, Samson, futur Régent. »
Il extirpe son archet de sous sa robe de soie et de perles noires, érafle quelques cordes au violon qu’il arrache au même vêtement. Disparaît, purement et simplement. Sur un POP discret, qui au pire soulève quelques feuilles mortes. L’une d’elles se colle au visage du Boggan, pétri de remords. La messe est dite.
Je me réveille.
Revenir en haut Aller en bas
Bleuwenn
Compteur de mots
Bleuwenn


Nombre de messages : 208
Age : 45
Localisation : Nantes
Date d'inscription : 09/03/2006

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyJeu 21 Déc - 16:26

ouf j'ai rattrapé tout mon retard et cela valait largement le coup de m'extraire pendant un petit temps à mon travail...
C'est vraiment excellent, bien écrit, enivrant... et j'adore cette autre vision du monde.
Félicitations très cher ! Pour tout dire ca me donnerait même envie d'y jouer tongue
Revenir en haut Aller en bas
http://ailean.blog.sfr.fr/
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyJeu 21 Déc - 18:40

Oh... ah, euh... je suis confus, là, c'est trop de loanges pour moi... Embarassed

*

Il est là, perché sur le rebord du lit, à écouter les élucubrations de son échiquier-geôle. Il se tourne vers moi, serein. Je le devine à son air complice : le leçon reprend. Imperturbable, je lui retourne un regard amical, quand bien même ses diatribes m’ennuient. Tant que je puis me reposer, tout va bien. Le Régent ouvre la bouche, je me laisse porter par son discours.

« De mémoire les Grandes Maisons ont toujours été. Depuis les Thuata de Danaan elles embellissent le paysage que forme notre société. Participent plus qu’activement à sa politique, jusqu’à en former le cœur. Il ne s’agit pas simplement de Fraternités, bien heureusement ; ces Lignées obéissent à des idéaux, ses membres portent sur leurs épaules le poids de millénaires de tradition. Liés à une seule cause, les gens d’une même Maison peuvent se haïr, sans jamais compromettre les buts de cet ensemble auquel ils appartiennent. Sans raison légitime s’attaquer à un noble revient à s’attirer les foudres de sa Lignée. Il n’y a pas à revenir là-dessus : il y a entre nous un esprit de corps que les Communs ne partagent que trop rarement. D’autant plus qu’un Seigneur se doit de défendre, ou de venger, l’honneur de ses vassaux. Il en va de la bonne santé de sa Maison. Il n’est donc pas étonnant qu’un nobliau vraiment bafoué aille pleurer dans les jupes de son supérieur. L’offenseur a fort intérêt à se préparer à de la visite s’il ne peut justifier ses actes. Autrement, pour des raisons évidentes, entre elles les Lignées se font une guerre de fond. Pour la forme une certaine concorde règne : le Parlement des Rêves l’exige. Les trahisons, rebondissements et backstab sont hebdomadaires. Très souvent légères et sans trop de conséquences, ces intrigues sont le quotidien des nobles. Qui inviter à un bal pour l’humilier ? Qui convier à une mâtinée pour lui déclarer un amour inconditionnel ? En qualité d’êtres passionnés nous réfléchissons parfois avant d’agir – alors les complots naissent. Jusqu’à leur éclosion, qui entremêle souvent plusieurs parties : difficile de faire fi des autres Maisons.
Rien de très perturbant.
Vous vous y ferez, car il n’y a aucun mal à satisfaire le Glamour de nos facéties. Seulement quand le Rêve est menacé nous faisons face d’un bloc. Les occasions sont rares, hélas. Car, voyez-vous, notre Maison règne en ces lieux, ainsi que sur l’ensemble de sa politique. La Lignée Gwydion tient pour acquise sa compétence à diriger un peuple si dissolu. Sans pour autant omettre son premier devoir : protéger et nourrir ceux qui lui sont attachés. Les nôtres ne commandent point par simple plaisir : ils pourvoient aux besoins du plus grand nombre, écrasant s’il le faut toute opposition. Il n’y a pas plus terrible carrière que brigand sous le joug d’un Gwydion. Ces nobles-la vénèrent tant la vérité et l’honneur qu’il leur est possible de détecter tout mensonge proféré en leur présence. Et leur honneur est à ce point précieux que toute insulte ou plaie peut les entraîner dans de grandes rages. Idiot celui qui s’adjoint notre courroux : la Maison Gwydion ne souffre aucune injure. Pas la plus mince, parce que nos fondateurs se sont battus pour ces lettres de noblesse. Cette façon d’appréhender le monde, par le devoir avant toute chose, nous vaut autant de misères que de gloire. Plus d’un prince amouraché a du sacrifier son idylle pour le plus grand bien. Ainsi est notre Maison : jamais nous ne capitulons, toujours nous veillons.
A notre droite se tient la Lignée Dougal.
Les légendes veulent que Messire Dougal, leur fondateur, découvrit le Fer Blanc, alors qu’il travaillait sur quelque œuvre. Si ces rumeurs sont fondées nous pouvons amender dès aujourd’hui les illustres membres de cette Maison. Leurs compétences ont toujours servies nos intérêts – et par-là même celui du peuple féerique. Nulle arme ne tranche mieux qu’une lame sortie de leur forge. Nul plastron ne sied mieux à un guerrier qu’une pièce travaillée par un Dougal. Et jamais un jouet de Nocker ne pourra égaler une merveille issue de leurs ateliers. Obsédés par la perfection, les Dougals ne vivent que pour – et part – leur art. Dans leur ensemble les membres de la Maisonnée sont des touche-à-tout ; l’une d’eux, Damoiselle Aine, Castel de l’Automne, n’a pas de concurrent : elle tisse comme nul autre. C’est pourtant une jeune fille remarquable, tant par son mode de vie que par sa beauté. Messire Apollon, de la Cour Hivernale, se mesure chaque année aux autres forgerons de Concordia, sans jamais choir du haut de son podium. Dame Alexia, une Sidhe âgée et membre du Cercle de Cristal, façonne de petites merveilles mécaniques sans commune mesure. Cette approche de l’existence, ainsi que leur affiliation à notre Maison, leur vaut de mauvais mots, ainsi qu’une réputation de reclus poussiéreux. A ces gens qui parlent beaucoup mais savent peu j’envoie une invite à un bal de la Dame Aine. Juste pour leur apprendre le respect. Et toc. Ceci dit les nobles Dougals, peut-être en pénitence pour le crime de leur fondateur, souffrent tous d’une tare. Physique, rarement très handicapante, mais tout de même une déformation. Certainement le prix à payer pour autant d’excellence et de dévouement.
A l’ombre du griffon sommeillent les Eiluneds.
Sorciers hors pairs, sombres et secrets, ces nobles ont le don de refroidir une assemblée. Juste en apparaissant, sourire aux lèvres et bon enfant. Leurs intrigues ne sont pas pour nous rassurer, quand bien même leurs talents magiques ont, plusieurs fois par le passé, sauvés la mise aux autres Lignées. Devins, mages de combat, espions, passe murailles, la puissance de leur sorcellerie en fait un groupe hétéroclite, aux objectifs flous. A ce point que la confiance est pour eux un don rare, qu’ils chérissent. Ils prennent rarement place sur un trône, qu’importe son prestige, mais toujours nous les trouvons non loin de là. En qualité de soigneur ou de conseiller, à fomenter on ne sait quelle vilénie. De toutes les Maisons Seelies ils sont les seuls à admettre quelque responsabilité dans le Massacre de Beltaine, ce carnage de Communs par des nobles masqués ; ils arguent néanmoins, pour leur défense, ne pas être seuls impliqués dans cette triste affaire. De fait leur triste… »

Un air de violon, pour ma seule oreille, flotte dans la chambre. Le zénith n’est plus très loin. N’était-il déjà pas l’heure du repas, deux heures plus tôt ? Je devine aux rayons du soleil que l’heure fatidique pointe le bout de son nez. Alors qu’autour de nous le temps semble ralentir, sans toutefois se figer complètement.

« … réputation les accompagne où ils vont. Mal aimés, sans cesse soupçonnés des plus horribles crimes, j’imagine que la vie, pour eux, n’est pas de tout repos. Ce qui en fait des adversaires dangereux. Si parmi eux les épéistes sont rares, les maîtres sorciers ne le sont pas. Et jusqu’au dernier les Eiluneds sont des magiciens accomplis, ou en passe de le devenir.
Contrairement aux Fionas.
Qui comptent plus de guerriers que de praticiens des arcanes. J’ai déjà vu, de mes propres yeux, une bande de Redcaps encercler un membre de cette Lignée. Assénant insulte sur menace, présentant des rangées de crocs à faire s’évanouir un Troll, les Unseelies s’assuraient une reddition rapide et un repas sur le pouce. Que nenni : les Fionas ne ressentent point la peur. Si presque tous gardent néanmoins la tête sur les épaules, certains sont incapables de sonner une retraite – mais ils restent une minorité. En de rares occasions seulement, lorsque des êtres chéris sont menacés, un Fiona ressent la peur, pareille à une dague de glace entre les omoplates. Sinon jamais, quelle qu’en soit la cause. Ce seul trait en fait de puissants guerriers en devenir. Sinon que dire ? Certaines fêtes Fionas, aussi raffinées soient-elles, font pâlir d’envie les Satyres. Un Fiona vit. Voilà tout. Avec panache et passion, plus qu’une Fée peut prétendre comprendre. La romance, l’amour charnel et la guerre sont les mamelles de cette Lignée. Elle reste celle qui bouscule les idées reçues et les traditions en public, sans trembler d’appréhension. Quelle angoisse peut concevoir un Fiona, puisqu’il n’a presque aucune crainte ? Le lion d’argent est un amoureux et un soldat, proche du peuple mais non de ses besoins. N’a-t-on pas vu une grande partie de cette Maison au côté des Communs, lors de la Guerre Civile ? Ils cultivent les arts guerriers le matin et s’adonnent aux délices l’après-midi – si je puis dire. Un Fiona vit selon ses désirs, en accord avec les intérêts de sa Lignée, qui ne sont guère nombreux. Ils font de formidables amants, ainsi que d’inépuisables adversaires. Car tout ce qu’ils font est motivé par ce désir, quelle qu’en soit la nature.
A l’opposé de ces hédonistes se trouvent les Liams.
N’allez pas croire que cette Maisonnée soit constituée d’icebergs ou de glaçons, non ! Toute Fée reste un être de passion et de spontanéité. Nul ne fait exception. Pas même ces parjures. Oui-da, je l’ai prononcé, ce mot maudit. Parjures. En des temps anciens ceux de cette Maison ont brisé un vœu sacré – entre autres, si j’ai bien compris – menant certainement aux prémisses de l’Automne. Je ne sais plus exactement lequel, mais le résultat est le même : la Banalité a gagné en force et en présence. D’après ce que je sais, assez peu au demeurant, les Liams fréquentent abondamment les mondains, en quête de rapprochement et de compréhension. Ils protègent avec ardeur les innocents. Il n’est pas rare de voir jaillir un noble de cette Maisonnée lorsque la situation est désespérée. A première vue ils sont d’excellents guerriers, même si les rapports font également état de prouesses magiques. Il semblerait que ces Fées puissent enchanter avec plus d’aisance les mortels, bien que nous n’en sachions guère plus. Peu leur font confiance, ou leur accorde plus d’attention que cela. Il est vrai que les Liams disposent de peu de terres. Leur plus grand fort se trouve être le Domaine des Tulipes – Amsterdam et sa région. Un bastion au sommet du Vieux Continent, que la Lignée a sécurisé et renforcé, contre toute attente. Et si elle a donné naissance à de nombreux héros, tels que le Comte Chronos, leurs titres comprennent rarement serviteurs, soldats et champs. Bien qu’un nombre insoupçonné de Rêveurs. Que dire de plus ? Bien que ce fût eux, de part leur aisance dans le monde des mondains, qui guidèrent les premiers pas des Grandes Maisons, en 69, ils sont aujourd’hui anecdotiques. Ils sont les exilés du peuple féerique, aux règles draconiennes – du moins vues de l’extérieur. Mais c’est là un sujet que je maîtrise peu.
A l’instar de ce qui concerne la Maison Scatchah.
Enigmatiques, silencieux de nature, ces nobles vont et viennent. Certains des nôtres les disent simples assassins, ou mercenaires, à la solde du plus offrant. A plusieurs reprises j’ai constaté ô combien ces Changelings, en grande majorité Sidhes, se jouaient de l’inéluctable. Défiant le Destin d’une voix maîtrisée mais ferme, ils apparaissent puis s’évanouissent, plus résistants au Brouillard que leurs confrères elfes. Ce sont apparemment des bretteurs accomplis, capables de prouesses époustouflantes. D’après mes sources leur art du combat s’est vaguement répandu parmi les Communs. Quand, pourquoi, comment ? Autant de questions auxquelles échappent les Scatchahs : ils et elles sont bien trop ponctuels et évanescents pour y répondre. C’est une Lignée à ce point mystérieuse que des érudits les disent Unseelies, avant d’être contredits par un collègue. Les fois où un Scatchah est intervenu dans la politique se comptent sur les doigts d’une main ; leur blason, une licorne noire, laisse perplexe nos savants. Ce que nous en avons vu nous pousse à croire qu’ils obéissent à une hiérarchie forte et organisée, assez discrète pour ne jamais apparaître au grand jour. Il y a pourtant, dans ce fatras de rumeurs et d’hypothèses, un fait sur lequel tous s’accordent : jamais un de ces nobles n’a fait montre de cette sorcellerie, si chère à nos monarques, qui soumet les Fées et les mondains. Cet outil royal, un véritable fléau aux yeux de la plupart des Communs, leur semble proscrit. Une étrangeté de plus à leur actif, mais une dont nous sommes sûrs. »

Pour conclure Samson rallume sa pipe, savoure cet instant. Le violon grince à mon oreille.

« Leanhaun, Ailil et Balor, crisse-t-il à mon oreille. N’oublie pas ces noms, ô mon frère. Leanhaun, Ailil et Balor… »
Revenir en haut Aller en bas
fablyrr
Big Boss
Big Boss
fablyrr


Nombre de messages : 5925
Age : 47
Localisation : paris
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyVen 22 Déc - 12:33

le fourbe, il attend que je pare 2 -3 jours pour en rajouter une couche.. lol!
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fablyrr.com
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyVen 22 Déc - 14:01

Ouais :P
Revenir en haut Aller en bas
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyVen 22 Déc - 15:13

Bien, bien, bien. Dans ce résumé ne seront pas énumérées les factions et sociétés secrètes qui gravitent autour du Parlement des Rêves – Samson n’a plus beaucoup de temps, le bougre.
Je m’y colle, donc.

Les Traditionalistes, menés, entre autres, par le Duc Dray. Un courant de pensée majoritaire, constitué en grande partie par des Sidhes. Son objectif est simple (certains disent « simpliste ») : sauvegarder le modèle féodal, renforcer le contrôle des elfes sur les Sanctuaires etc, etc. Jusqu’à présent l’Hémicycle de l’Epiphanie a servi ces causes, mais les rumeurs veulent que, une fois les Communs éloignés des centres du pouvoir, le Parlement soit… dissout. Mais ce ne sont que des on-dit, non ?

Les Réformateurs, seconde faction en puissance, qui s’attache au modèle parlementaire. Le statut quo est leur sacerdoce. Selon eux l’actuelle nomenclature est amplement suffisante et bienvenue ; si la répartition des sièges au Parlement laisse à désirer, le consensus présent suffit à garantir la paix. Il s’agit d’un groupe constitué de Sidhes et de Roturiers qui souffre d’un problème majeur : les décisions en son sein sont longues à prendre, du fait d’un grand nombre de sensibilités.

Les Modernistes, groupuscule minoritaire mais bruyant. Leur credo est simple : démocratie ! La constitution d’un état féerique passe par des élections, le pouvoir au peuple, itou itou. Ses membres sont pour la plupart des Communs, même si on y trouve de rares Sidhes. Evidemment la cohabitation au Parlement est délicate, si ce n’est difficile. Loin des groupuscules les plus extrêmes, les Modernistes sont un « peu » la voix de la raison parmi les Changelings révolutionnaires.

Place aux sociétés plus ou moins secrètes.

La Lame de Beltaine est un « club » semi secret, presque entièrement constitué de Sidhes, fondateurs du mouvement Traditionaliste. De source sûre un des dirigeants est le Duc Dray en personne, qui organise réunions et conférences dans son lointain Château, au sein du Rêve Profond. Organisation au nom évocateur, la Lame est « réputée » pour passer outre les décisions du Parlement, si ce ne sont les débats. Toujours discrète, l’organisation agit dans les ombres et mine en sous-main les rares pouvoirs de la Roture.

A l’exact opposé nous avons les Ranters, Communs à 100%. Terroristes, assassins, agitateurs, ce groupuscule révolutionnaire s’atèle à déstabiliser le règne de la Noblesse Il est dit que ce sont eux les responsables de la mort du Seigneur Dyffel. Si le mouvement est en perte de vitesse, c’est un peu la faute aux Modernistes, qui présentent une façade raisonnable…

Le Cercle de Cristal n’est que peu impliqué dans la politique féerique. Il s’agit d’une cabale de sorciers compétents, reconnus par leurs pairs, capables de merveilles. Très fermé, mystérieux pour ne pas dire mystique, ce regroupement accueille des gens de toutes origines et espèces, Nobles et Communs. On en sait que très peu de choses à son sujet. Certains de ses membres sont néanmoins réputés : Samson, entre autres. Il n’est pas inhabituel de voir surgir un de ses adhérents lorsqu’une situation s’envenime. Les rumeurs veulent que ces gens lancent de grandes expéditions dans le Songe Lointain.

Le « Cat’s Craddle », Jeu de Ficelle en français, est une société étonnante. Son objectif est on en peut plus simple : réhabiliter le rôle des femmes dans la société Changeling. Et toc. Principalement Seelie, néanmoins ouverte à tous les horizons, la société n’emploie que des méthodes « douces ». Pressions, chantages, coups d’éclat etc, etc.

... et c'était juste comme ça, en passant... et c'est loin d'être complet...
Revenir en haut Aller en bas
fablyrr
Big Boss
Big Boss
fablyrr


Nombre de messages : 5925
Age : 47
Localisation : paris
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyMer 27 Déc - 17:50

pfiou... je progresse, j'en suis là :

Citation :
D’après nos sources il tenta de couvrir la fuite des Communs ralliés à sa cause, seul contre tous. Un poignard, de fer blanc, lui perça le flanc.
Mettant un terme à la Guerre Civile. »
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fablyrr.com
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyMer 27 Déc - 18:59

Soon, la fin. Comme ça je pourrais mettre en forme un fichier background 100%, coco" et un doc' "la Totale", pour les aficionados. garantis sans corrections!

Vous m'aimez, hein? Rolling Eyes
Revenir en haut Aller en bas
fablyrr
Big Boss
Big Boss
fablyrr


Nombre de messages : 5925
Age : 47
Localisation : paris
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyJeu 28 Déc - 16:16

"j'en suis a politique et sucrerie "
je décroche un peu pour quelques questions :

est ce que des Dross rassemblés dans un meme lieux peuvent créer un Sanctuaire?

Est ce qu'il est possible de piquer du glamour à une fée de la meme facon qu'on fait sur les mortels Wink ?
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fablyrr.com
Lacenaire
blizzard des lettres
blizzard des lettres
Lacenaire


Nombre de messages : 1930
Localisation : Orsay Isle Scharde Resort
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyJeu 28 Déc - 16:29

Une accumulation de Dross ne constitue jamais un Sanctuaire.
Des rumeurs veulent que certaines fées (Sidhes, dit-on) cultivent le Glamour chez des Changelings comme ils le font chez les mondains; mais ce ne sont que des rumeurs...

Ca te plaît? silent
Revenir en haut Aller en bas
fablyrr
Big Boss
Big Boss
fablyrr


Nombre de messages : 5925
Age : 47
Localisation : paris
Date d'inscription : 10/11/2005

[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 EmptyJeu 28 Déc - 16:35

de quoi, le texte ou le fait que les sidhes cultivent le glamour chez les commons Wink
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fablyrr.com
Contenu sponsorisé





[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty
MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 3 Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
[Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]
Revenir en haut 
Page 3 sur 4Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4  Suivant
 Sujets similaires
-
» [changeling] les 2 pjs de la chronique de lacenaire
» [Changeling] Casting de Rêve
» [Changeling] La campagne newyorkaise
» [WoD²]Changeling: The Lost
» [changeling : campagne NYC] Le parlement des rêves

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: Les parties à raconter :: Monde des ténèbres :: Changeling-
Sauter vers: