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 [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]

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Lacenaire
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyJeu 28 Déc - 17:43

Les textouilles; pour ce qui est de Sidhes cultivant le Glamour chez les Communs, ça confine aux délires paranoïdes d'un Ranter sur le chemin du Bedlam :P :P :P

Lace', "je me la pète avec des termes super-techniques et obscurs"
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyVen 29 Déc - 15:01

ANNONCE: la fin Mardi ou Mercredi! cheers
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyVen 29 Déc - 16:02

pas trop vite, fait gaffe, sinon je te rebalance un stock d'images lol!
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyVen 29 Déc - 16:50

Fooooooonnnnnce! Wink cat :idea:
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMar 2 Jan - 15:10

ayyyyyyyyyyyyyyyéééééééééééééééééééé!!!
j'ai tout lu !!!!
cheers
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMar 2 Jan - 15:37

Ouaouh. Et? des questions, des félicitations, quelque chose à en redire? :P
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMar 2 Jan - 16:18

dans l'ensemble c'est bien, tres bien meme. Apres il y a le défaut de lire tout ca sur ecran, ce qui ne facilite pas. Au niveau littéraire je dirai qu'il y a 2 trucs qui m'ont géné comme je te l'ai déja dit : le fait que des fois cela parte un peu dans tous les sens meme si c'est recentré apres.
Deuxieme point.... les négation. Sur tout ton texte on arrive a quelque chose d'assez négatif, bouge pas je m'explique Wink
ce que je veux dire c'est que t'as pas mal de truc "pas triste du tout" "pas moins joyeux" "pas sans...." du coup meme quand tu exprime un truc positif sur la quantité de fois ou tu utilises la négation....bref voila en gros c'est super bien et surtout ca répond a la demande premiere avec style : passser l'ambiance et les infos. Smile
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMar 2 Jan - 16:38

Merciiiiii!

Pour le "problème de négation", je suis entièrement d'accord; c'était un des soucis de style que je "tentais de régler" (de travailler en le pratiquant à l'extrême... trop, c'es sûr) Wink
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMar 2 Jan - 16:44

faudra faire un pett listing des pnjs apparu je pense... histoire de recentrer un peu les infos Wink
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMer 3 Jan - 14:44

La suite!!! et la fin aujourd'hui!!

*

« Qu’est-il advenu aux sept autres Maisons ? Voilà une question digne d’intérêt. L’implosion d’Arcadie semble ne pas être totale, ou alors ces Lignées se sont éteintes lors du cataclysme de 1969. Difficile de se faire une idée à ce sujet : ce qui reste aux Sidhes de ces deux siècles d’exil se résume à de vagues rêveries. Le Brouillard, maudit soit son nom, a emporté toute cette parcelle de leur histoire. Et les Chemins menant à la Lune se sont refermés – ou effondrés –, impossible donc de partir en quête de la vérité. Varich, Daireann, Aesin et Beaumayn se résument pour nous à des patronymes, alors qu’autrefois ils étaient des nôtres, monarques aux oreilles pointues… »
« Maigre liste, au regard des sept Maisons perdues, le coupes-je. »
Le Régent me scrute, plus étonné que suspicieux.
« Bah, élude-t-il d’une bouffée de fumée. Nul besoin pour le moment de vous encombrer de détails. Penchons-nous plutôt sur les rouages de cette société, à la fois si fine et grossière, que vous rejoindrez bientôt. Comme vous devez vous en douter, Messire Albrecht, nos fondations sont celles de la féodalité ; un Seigneur, ses Fées-liges, qui elles-mêmes comptent à leur actif des vassaux. Une pyramide à la base de laquelle nous trouvons les Communs. Nous en avons la garde et devons pourvoir à leur sécurité. En retour nous n’attendons pas moins qu’une obéissance de principe ; s’ils respectent nos règles de fait nous les respectons. Il n’y a pas plus simple. Quand bien même la vérité diffère grandement, voilà un système politique que la Guerre Civile a fait évoluer. Depuis ces temps atroces le Parlement des Rêves a ajouté un poil de piment au quotidien. Nous ne sommes plus un pur modèle féodal, mais une monarchie parlementaire. Les représentant de la féerie sont libres de prendre la parole, de présenter des projets de loi afin de les soumettre au vote des parlementaires. Parmi les criminels certains sont jugés au sein de l’Hémicycle de l’Epiphanie, tant leurs forfaits sont terribles. Mais avant de scruter la surface de cette institution, il serait profitable que je vous décrive les quatre Grands Domaines qui chapeautent l’ensemble de notre peuple. Ce sont, de bien entendu, les Castels des Saisons. Chacun de ces bastions a une importance capitale, et pour cause : le dirigeant de ces Cours préside le Parlement le temps de sa saison. Il octroie le droit de parole et peut interférer dans les ordres du jour. Points névralgiques de la société des Changelings, les Grands Domaines dominent la scène politique ; sur le territoire qu’ils revendiquent il est rare de trouver un Sanctuaire qui n’y est pas inféodé. Il arriva, d’après les légendes, que les Châteaux des Saisons se fassent la guerre, autrefois. Fondés en Arcadie, ils régnaient sur ce tout ce qui deviendrait le Monde Automnal. Certains Pookas prétendent que la Cour de l’Hiver fonda celle du Printemps, quand le Prince du gel enleva une Sidhe dévouée à l’Eté. Mais ce n’est là que billevesées et mensonges.
Chaque Castel est dépositaire, selon le cycle naturel, de la flamme du Glamour.
Cet éternel brasero confère merveilles et enchantement à la Cour qui l’accueille. Sa venue, durant les équinoxes et les solstices, est prétexte à de grandes fêtes ; rares sont les réjouissances plus éblouissantes que celles-ci. Sous bonne garde, la flamme est portée d’une Cour à la suivante, pour y siéger trois mois durant. Sous sa tutelle les nobles du Domaine prospèrent et voient croître le potentiel des Rêveurs aux alentours. Ce sont des périodes de faste et d’exploits. La tradition veut que chaque souverain accueille le brasero au seuil de sa porte, sans quoi une abomination pourrait s’abattre sur ce monde et tous les autres. Aucune Cour ne fait semblable usage de la flamme du Glamour : chacune d’entre elles a un rôle bien défini, dans la trame des saisons. Celle du Printemps, située au-dessus de San Francisco, a pour charge de faire fleurir le Songe. Après de longs mois de froid et de glace, durant lesquels le Glamour s’étiole et se fane, il faut raviver les passions, enflammer un monde devenu trop morne. Voire mondain. Si ce n’est banal. Lorsque le brasero reprend des forces, les Fées du Printemps parcourent les environs de leurs Domaines, rendent l’inspiration et le sourire aux mortels. Des réjouissances s’improvisent, colorant à nouveau le gris du quotidien. Les jours rallongent, les fêtes s’éternisent. Aux premières douceurs des hérauts de la Cour – c’est un grand honneur que d’être élu à ce poste – s’en vont porter le Glamour aux quatre coins de Concordia ; sous les sabots, ou les serres, ou ce que vous voudrez, de leurs montures le Rêve éclot. Littéralement : romances, merveilles, quêtes épiques et drames sont moissonnés. Une nouvelle fois le peuple Fée se ravive, s’ébroue et s’active. Voilà la fonction, la nature devrais-je dire, de la Cour du Printemps. Traditionnellement échu à la Maison Fiona, ce Domaine comprend toute la côte Ouest, exception faite de Seattle, trop banale pour abriter un Sanctuaire. Les Nobles qui y résident sont versés dans la sorcellerie du Façonnage, ou Art du Rêve ; ces arcanes offrent à qui les maîtrise une perception aigue de la nature du Glamour, leur permettant d’édifier, de créer et de bâtir des merveilles chimériques à partir de rien. Voilà la seule magie des quatre Grands Domaines à se répandre en dehors du cercle du Printemps. Sinon la Cour est pour l’instant sous la coupelle du Roi Aeon, anciennement Duc et pupille de Fionn, son oncle disparu. C’est un musicien accompli, ainsi qu’un bretteur confirmé. Son appartenance à la Maison Fiona est plus qu’évidente : il répond à tous les critères de la dite Lignée. Et quand bien même les turbulences nauséabondes de L.A et l’afflux constant de nouveaux venus – Silicon Valley et le paysage artistique Underground obligent – l’inquiètent, il n’en reste pas moins Sidhe : il tient fermement les rênes de son Domaine.
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Lacenaire
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMer 3 Jan - 14:45

*Sifflote, heureux*

*

Lorsque le brasero nous revient, le Glamour explose.
Si le Printemps nous le rend, c’est notre devoir de le cultiver avec ardeur. Nous accompagnons les artistes, inspirons maintes folies, faisons vibrer le peuple féerique. Gwydion lui-même n’était-il pas le Seigneur de l’Eté ? Flamboyants et sans limites nous fondons les dernières parcelles de givre. L’inattendu est notre quotidien. Il ne s’agit plus de réguler et de rendre le Glamour au monde, non. Nous le faisons croître, jusqu’à en inonder tout Concordia. Certains nous disent guerriers – voilà qui est vrai. L’Eté est la saison des conflits. Verbaux, politiques, par les armes, qu’importe : nous portons à ébullition ce peuple si courtois, alors encore stupéfait de trouver le Printemps à sa porte. Nous le réveillons tout à fait. Sous notre règne le Rêve se multiplie, ainsi que le font les aventures ou les amours. C’est un ballet incessant, une agitation de chaque instant. On nous dit turbulents. Tant mieux : nous n’en remplissons que mieux notre rôle. A notre manière nous rappelons aux Fées que l’Hiver approche ; libres à elles de simplement profiter de l’instant. Notre message est simple : le Glamour est vivace, sa raréfaction est pour bientôt. Il nous faut armer les troupes, renforcer les déterminations et s’apprêter au combat. Quand bien même ces moments sont guerriers ils recèlent leur part de douceur. Qui aimer plus passionnément qu’une guerrière qui s’en va bientôt au combat ? Voilà le devoir dont la Maison Gwydion a fait son sacerdoce. Nous dirigeons depuis toujours cette Cour, tout le long de la côte ouest. Sous notre joug rien ne fleurit, mais tout resplendit. Nous sommes à ce point attachés à ces valeurs qu’une sorcellerie particulière nous est enseignée : celle du feu, que nous gardons jalousement. Voilà, entre autres raisons, pourquoi il nous est douloureux de remettre le brasero à la Cour de l’Automne.
Situé au centre du Grand Lac, son château n’est pas magnifique.
Il est au-delà des mots. Encerclée par Chicago, la Puante, et une ceinture d’autres villes rouillées, la Cour automnale flotte au-dessus des eaux polluées. Accumulation de créneaux, de donjons et de tours cuivrées, le bastion culmine à des centaines de toises. Imprenable, ce fort n’est ouvert que sur invitation. Jamais aucun intrus n’a quitté ce lieu vivant. Nobles et Communs confondus : tout voleur ou assassin qui oserait violer cette enceinte n’a qu’à bien se tenir. Et à distance respectable : les gardes ont des yeux d’aigle, ainsi que des arcs et des arquebuses plus que performantes. Pourquoi tant de précautions ? Parce qu’ici, nulle part ailleurs, peut se trouver une concentration inimaginable de Glamour. L’été durant le Rêve s’est développé, croissant plus vite que les champs de blé des mondains. Lorsque la Cour de l’Automne reçoit le brasero, celui-ci regorge de rêves. Ce n’est plus une simple torche aux reflets d’arc-en-ciel, c’est un incendie capable de raser jusqu’aux fondations de Pompéi. Une telle puissance mérite qu’on la protège avec ardeur – la première mission de la Cour Automnale. Devoir qui ne manque pas de piment : tandis que les arbres se meurent, doucement, alors que les pluies se multiplient, le Glamour se raréfie, le brasero est en grand danger. S’il venait à s’éteindre seuls les Thuata de Danaan seuls savent ce qui adviendrait du Songe. Il faut donc alimenter son ardeur, le calfeutrer à l’abri de la Banalité qui, pendant ce temps, gagne en force. Les Changelings de cette Cour parcourent les Domaines, récoltant sans cesse du Glamour, à fin de sauvegarder le brasero. Ils écument les vernissages, concerts et autres expositions, accumulant pour certains plus de rêves en une nuit que d’autres en une année. Mais toujours délicatement, pareillement à cette façon que la feuille rousse a de glisser jusqu’au sol. Cette Cour domine le cœur de Concordia, en contrôlant la majeure partie des Chemins. A l’instar de la Saison qu’elles représentent, ces Fées sont versées dans un Art troublant : il leur est possible de dissoudre les formes ‘construites’ du Rêve, ramenant les chimères à l’état de Glamour épars. Leur position géographique explique pourquoi ils entretiennent des relations cordiales avec chaque camp et faction : toutes et tous, un jour, nous sommes leur obligé. Actuellement le Castel de Cuivre est entre les mains d’une Sauvageonne de la Maison Dougal – Damoiselle Aine, Sidhe de son état. Sans lien de parenté avec la Reine Astarte, il semblait peu probable que cette tisseuse d’exception pose son divin fessier sur le trône ; la Reine de l’Automne n’avait aucun héritier, la place libre attisait toutes les convoitises. Voyez-vous, Damoiselle Aine a de nombreux amis Pookas, avec lesquels elle partage le goût de la plaisanterie. Au point, alors qu’il fallait au prétendant faire un pas en avant, de se lancer dans la course. Juste pour le fun. Les conséquences ne tardèrent pas : avec le soutien de la Lignée Gwydion et une ténacité qui nous surprit tous, elle se lança dans une campagne sans précédant. Humiliant ses opposants – il fallut des jours aux serviteurs Boggans pour nettoyer les murs peinturlurés –, brisant sur le vif les longues envolées lyriques de ses détracteurs – toujours avec le sourire et un clin d’œil –, invitant à danser l’assassin engagé par ses pires ennemis – dans une gigue épuisante peu respectueuse de l’étiquette –, elle acquit ce foutu trône. Depuis l’austérité et la délicatesse que l’on associe à la Cour Automnale sont battus en brèche. A grands coups de plaisanteries fines et de gags chimériques.
Ce que ne comprend pas la Cour de l’Hiver.
Fiers guerriers, autant par nécessité que par passion, les Changelings de ce Castel n’ont qu’un seul et unique objectif : retenir les hordes du Cauchemar. Durant les semaines qui suivent la Samhain harpies et gobelins se réunissent, sous la férule d’ogres et de kères. D’horribles créatures rejoignent ces groupes dispersés, avant de les mener au combat. Année après année, sans que jamais le flot ne faiblisse, ces vagues monstrueuses s’écrasent sur les remparts du Château de l’Hiver. La flamme du Glamour, régénérée par le cycle saisonnier et gavée par ceux de l’Automne, aide les nobles de la Cour à repousser les assauts incessants. Il est de bon ton pour tout soldat de participer au moins une fois à ces campagnes. L’adoubement parmi cette noblesse ne se gagne qu’au fil de l’épée. Leurs terres sont semblables à la saison éponyme : froides et quasiment dénuées de vie. On y trouve un calme incongru ailleurs. De nombreuses Fées en fin de vie se retirent ici, loin du vacarme des autres Cours, pour y méditer et y enseigner. L’Hiver a ce charme insolent que nous ne pouvons qu’apprécier : un mystère profond, jamais résolu mais toujours à porté de main. En cela la ville de Montréal lui correspond tout à fait. Sur les hauteurs de Mont Royal siège le Fort de l’Hiver, édifice aux proportions titanesques, qui clôt la Passe. Juché sur le flanc de deux montagnes cyclopéennes, cette Cour est faite de pierres brutes, bien plus anciennes que l’humanité. Un Dragon, Scaefang dit le Terrible, se repose sur son perchoir – le dit bastion ! –, l’enrobant de ses ailes. A ma connaissance la bête est le seul Dragon des Saisons à se trouver sous la tutelle de sa Cour. Blighterghast, gardien de l’Automne est porté disparu, à l’instar de ses autres frères et sœurs. Scaefang n’intervient quasiment jamais lorsque les hordes du Cauchemar prennent d’assaut la Passe. Il laisse faire les Fées sous sa charge, jusqu’à ce que la situation ne lui permette plus de pioncer. Sous son regard éternellement vigilant, deux yeux argentés, la Passe dort durant presque une année ; c’est une vallée encaissée, de rocailles noires et effilées, ceinte d’une paire de chaînes montagneuses que nul ne peut gravir. A intervalles réguliers des forts ont été dressés, reliés à l’état major par des tunnels à même cette roche acérée. Ainsi nulle attaque ne peut surprendre la Cour de l’Hiver, qui veille. En dehors de ces combats le Bastion n’est que très peu visité ; on dit les environs souillés par le Cauchemar ; les intrigues menées ici sont bien plus viles qu’ailleurs ; certains Seelies murmurent qu’on y cultive des herbes nocives, à l’ombre des ronces. Les plus aguerris des ambassadeurs seulement sont nommés à Montréal : tout débutant se trouverait en grand péril, à l’instar des intérêts de son parti. Heureusement une tradition veut que les simples visiteurs soient à l’abri des turpitudes locales, tant que l’invité respecte les règles et ne demeure pas plus de trois jours et trois nuits dans l’enceinte du Bastion. Ce Domaine est un des plus vastes : tout le Canada, une majeure partie de l’Alaska et les côtes nord des Grands Lacs lui sont inféodés. Autant de Sanctuaires et de titres. La Cour de l’Hiver n’est pas une voix que l’on ignore aisément. Il est bienvenu que ses dissensions internes, cultivées par des générations d’empoisonnement et de trahisons, minent son autorité. Le Fort est dirigé par deux têtes, ce qui n’est pas chose commune. Omnipotent, le chef des armées peut contrevenir à toute décision de son premier conseiller ; le généralissime a la charge des affaires internes, en ce qui concerne la guerre et l’amour – le Glamour comme les armes. Son adjoint s’occupe de relations extérieures et de représentativité au Parlement des Rêves. En théorie le soldat dirige et l’administrateur obéit. Seulement depuis un certain temps le Roi n’est plus qu’un pion, et pour cause : Sire Nathaniel de la Maison Eiluned, pupille de la Reine Horla, est un faible. Non pas d’esprit ou de corps : ses passions le prédominent. Il a beau manier la rapière et l’espadon de belle façon, rallier à sa cause à la seule force de ses mots et dominer plus d’une sorcellerie, il est dissolu. On peut le trouver partout où se trouvent les plaisirs, tandis que Sylla, Satyre et ambitieuse, se fait voix du suzerain. Parmi nous autres, monarques, traîne une rumeur : Nathaniel ap Eiluned serait Unseelie. Son comportement ne lui rend pas hommage, c’est un fait. Tandis que son adjointe refuse titre sur titre, ainsi que des alliances à se damner, il farfouille les jupons des servantes et se lance dans de grands concours de beuverie. Mais une fois venue l’heure de la bataille il est au premier rang, fort de cette magie des ombres, qui vous glace le cœur et annihile tout espoir – à l’opposé de nos arcanes flamboyantes. Qui dirige, dans cette Cour guerrière, si ce n’est cette Satyre ambitieuse ? Et, encore pour longtemps, les érudits de s’interroger : ‘à qui appartient ce blason érodé, à l’entrée du Fort ?’
Ce soleil sur fond noir, rogné par les ans… »
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Lacenaire
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMer 3 Jan - 14:46

Lalalala, la, lala... Rolling Eyes

*

« Les ans… »
Samson se tait, indécis. Je cherche une position plus confortable, patient. Le Régent reste, malgré toute l’étendue de sa puissance, un Boggan. Or les Boggans parlent, plus que de raison. Quoiqu’il ait sous son crâne, il le dira tôt ou tard. Nul besoin de se tracasser, donc.
« Savez-vous, mon ami, combien de bougies je soufflerai le mois prochain ? »
« Non, avoues-je. »
« Deux cent trente deux. Ni plus ni moins. »
Comme si cette révélation devait me choquer il marque une pause, ostentatoire à souhait. Pour une fois je ne joue pas son jeu, me contentant d’un pauvre sourire.
« Bah, j’imagine que d’autres merveilles s’accaparent votre attention, maugrée-t-il. »
Du chef il désigne de jeunes et très belles Sidhes, qui paraissent fleurir dans ce jardin, en contrebas.
« Ce qu’il faut comprendre, Messire Albrecht, c’est que l’âge est un adversaire implacable, sauf pour certains d’entre nous. Certes, au cœur des Sanctuaires, ou du Rêve Lointain, nous ne vieillissons pas. Mais de terribles dangers guettent nos esprits. Si par malheur une Fée ignore le monde des mortels, espérant échapper au fléau des années et de la Banalité, le Bedlam ne tardera pas à s’emparer de son âme. Une démence hautement contagieuse, qui se joue des sens et de l’entendement, fruit d’une exposition continue au Glamour. Certains Changelings, dont je suis, font fis du temps ; c’est une bénédiction, trop rare hélas, qui ne nous épargne point le Brouillard. Mais je n’ai pas à me plaindre : j’ai plus à raconter que n’importe quel Eshu… »

La Fée : sa vie, son œuvre

Lui aussi réajuste son fessier sur le rebord du lit. Un soleil, trop lascif à mon goût, s’est tout à fait figé. Les Demoiselles Sidhes font de même. Leurs gestes sont d’une incroyable lenteur ; un essaim d’oiseaux chimériques prend son envol, des heures durant.
« Toutes et tous, jusqu’à preuve du contraire, débutons notre existence féerique avec panache. La Chrysalide est un moment d’une intensité incroyable. Qu’importe l’âge de celui qui la vit, sa nature ou ses convictions : soudainement le Glamour jaillit. L’heure est venue, le moment n’est généralement pas propice, le tissu de la Banalité se distend. Des chimères transpirent, le Songe s’embrase – parfois au sens propre – et déjà tout un pâté de maison tombe dans une joyeuse démence. Finalement le Brouillard se déchire tout à fait ; de l’inconscient et du conscient du Changeling en devenir jaillissent mille folies. C’est pour cela qu’il arrive qu’une Fée se retrouve en possession d’objets et de familiers pour le moins étranges. Ils sont issus de son être, héritage d’années de rêveries et de fantasmes. Mais bien souvent d’autres choses s’extirpent de son être – névroses, traumas et consorts. La Chrysalide n’est pas de tout repos : tout ce que vous voudrez, sauf cela ! La vague de Glamour balaie tout sur son passage, attirant prédateurs et sauveteurs dans un bel ensemble. Si cet évènement vous paraît brutal, tant mieux. Car il est tout sauf cela. Souvent, avant que ne sonne cette heure bénie, le Changeling expérimente une phase longue et difficile. Il se forme autour de lui un cocon. Paradoxalement ce cocon n’est en rien une protection : le récipiendaire voit ses sens s’ouvrir. Il attendait patiemment que la classe soit finie, lorsque surgissait une douzaine de nobles cavaliers dans la cour de récréation, armes au poing, pour occire des Redcaps insurgés. Ou alors cette mère de famille qui, sortant de la crèche, note ô combien une des nounous porte bien les oreilles de panda et la truffe. Parfois ce sont de simples sons : vents lointains, qui caressent des cimes de cristal. Quelques fois il s’agira de paysages inimaginables, dans le lointain. Castels et forts perchés sur les nuages, par exemple. Les réactions à la Chrysalide sont variées. Rejet, confusion, total abandon, prostration et jouissance, pour n’en citer que quelques-unes. Tandis que le Glamour écrase la Banalité, pliant en quatre le Brouillard et s’accaparant l’attention de chacun, le Changeling se retrouve face à lui-même, tel qu’il est véritablement. Une parcelle du Songe, faite chair et esprit. Indépendante, capable d’exploits comme de vilénies, vouée au merveilleux et soumise aux contraintes d’un monde dual qui, pour une part, la rejette et la honnit. C’est plus qu’un choc, nous en conviendrons. Le terme ‘révélation’ est plus adapté, quand bien même cette utilisation est impropre.
Dès lors que la Fée a surmonté cette épreuve, les choses sérieuses peuvent commencer.
A savoir la Tutelle. Chaque Fée se voit confiée à une autre, plus âgée, afin de faire l’éducation du nouveau venu. Ce n’est pas une charge à prendre à la légère ; hormis l’avenir d’un Changeling c’est le devenir du Rêve qui est en jeu. Un être du Rêve qui disparaît, la faute à son apprentissage, arrache au Songe l’une de ses parcelles. Et nombreux sont les dangers, en ce monde Automnal. Qui forme qui, voilà une bonne question. Tout dépend qui récupère le Changeling après sa Chrysalide. De nombreux Communs remettent à la noblesse les leurs tout juste éveillés ; d’autres, les pires parmi la Roture, exigent un ‘salaire’. Autant dire une rançon. Il est des Maisons pour pratiquer cette forme amère de chantage, les Eiluneds en tête. Si tout va bien le nouvel arrivant est confié aux bons soins de sa Lignée. Là, les jeux d’influence prennent le relais. A qui va cette charge, au nom de quel mérite ou pour avancer quelle intrigue ? Dégageons tout de même deux catégories de Tutelle : les bonnes et les mauvaises. Dans le premier cas tout va pour le mieux ; un Tuteur ou une Tutrice motivé, un élève attentif, qui nouent des liens profonds, souvent soutenus par un Vœu ou deux. Pour ce qui est de cette seconde possibilité, il suffit de s’imaginer un professeur aigri, qui n’a que faire de son apprenti ; ce dernier subit l’enseignement sur le tas, puisqu’il est aux crochets de son précepteur, soumit aux aléas de sa vie. Ce sont là deux extrêmes, qu’il convient de feutrer : une vérité, toute relative, peut se trouver entre deux. Il arrive qu’un Tuteur adopte son pupille. C’est ainsi que s’agrandissent certaines Maisons. Enfin, après un et un jour d’enseignement, la Tutelle s’achève. Voilà une occasion que nous ratons rarement pour organiser une grande fête. Selon le rang du Changeling, son kith, ses accointances et ses affiliations, ce peut être un bal somptueux ou une débauche sans nom. Le Saining du Roi Lugh, qui a eu lieu entre ces murs, attirait les plus puissantes Fées reconnues, monarques et diplomates en grand nombre, donnant son ton à une célébration dantesque et épicée. Plus d’alliances furent forgées et brisées en une nuit qu’en un an ; la romance s’invitait à la minuit passée, une fois les Enfançons couchés ; quant aux empoisonnements, il fallut attendre le petit matin pour en établir un bilan raisonnable.
La Révélation reste un acte sacré auquel nulle Fée ne peut échapper.
Ce Changeling, qui quitte sa Tutelle, est soumis à un rite que seconde le Glamour lui-même ; un puissant sorcier, s’il en est un de disponible, détermine la véritable nature de la Fée. Qui elle était sa dernière vie durant, ce qu’elle est aujourd’hui et ce qu’elle accomplira à l’avenir, tout lui est révélé. Sur cette dernière prédiction, concernant le futur, il n’en ressort généralement que de vagues énigmes. Le Songe sait se préserver des augures et autres prophéties, il n’est pas idiot. Chaque Fée sait à quelle Maison, le cas échéant, elle appartient et quelle sera sa place, si une lui est échue. Après quoi le Changeling est soumis à la pire partie de son existence : la vie. Tant il est vrai que mourir reste ce qu’il y a de plus simple, juste une formalité dont il faut faire abstraction. En cela les Enfançons ont de nombreuses leçons à nous transmettre. Ces Fées sont les rares chanceux qui s’éveillent avant la puberté ; ils sont nos trésors et ne sauraient souffrir sans que justice ne soit faite. Tenus à l’écart, souvent ignorés, nos très jeunes sont turbulents et emplis de fraîcheur – un vent de folie tour à tour tapageur, curieux puis ravageur. Et je n’évoque que les Sidhes, à vous d’imaginer ce que peut être un Enfançon Eshu, par malheur Unseelie. Une créature capable d’effrayer une Sphinge d’un seul regard, si vous voulez mon avis. Lorsqu’un monarque s’abîme dans la Banalité, la faute à des années de règne, il est convenable de laisser une horde d’Enfançons excités pénétrer sa Cour. Et, sous bonne garde, de les laisser saccager l’étiquette et les convenances – quitte à y perdre en mobilier. Nos plus jeunes compagnons sont notre carburant. Il nous suffit de les observer, à leur insu, lorsqu’ils jouent pour comprendre que le Glamour repose sur leurs épaules.
Si ces jeunes fous sont le charbon, leurs aînés constituent la motrice.
Nous les avons baptisé ‘Sauvageons’, un terme qu’ils affectionnent peu. Le changement, la métamorphose, s’effectue entre la quinzième et la vingt-cinquième année, selon les individus. Une part de l’innocence s’étiole, s’envole vers d’autres cieux, pour laisser la place à une énergie infinie. Ils sont les plus nombreux, siègent dignement au centre de leurs Cours, dirigent et ordonnent. Ce sont nos princes et nos chevaliers, pour la plupart en quête d’un idéal. Ils savent que le temps leur est compté : l’âge est une maîtresse avec laquelle il n’est pas possible de rompre. Alors, quoiqu’il arrive, ils vivent. Qu’importe l’affliction ou la détresse : ils auront la vieillesse pour composer avec ! Plutôt que de s’arrêter un instant, contempler un ballet de féeries ailées, ils poursuivent des dragons ou fomentent un énième complot. Nulle route n’est à l’abri de leurs explorations, il faut au Glamour créer plus de Chemins inexplorés pour sustenter leur soif d’aventure. Des histoires d’amour à ne plus savoir qu’en faire, des débats incessants, les Sauvageons ne s’épargnent rien. L’excès n’est pas pour eux un vain mot, la fainéantise un défaut qu’ils n’acceptent pas : le temps est bien trop précieux. J’ai fais la rencontre de Sauvageons en quête d’un royaume où le temps serait suspendu ; ainsi, me précisèrent-ils, ils pourraient savourer les plaisirs de la chair une éternité durant. Par accident je leur ais indiqué la route d’une caverne, où moult trésors et dangers les attendaient. Ils revinrent ravis, sans pour autant oublier leur destination initiale. Jusqu’à preuve du contraire ils n’en sont toujours pas revenus. Cet épisode de la vie d’un Changeling est le plus long ; les Enfançons, selon leur kith et leur Maison, perdent trop tôt leur innocence. Et c’est trop rapidement que le Brouillard envahit un Ancien. Il s’agit également de la période la plus dangereuse ; tant d’activité ne va pas sans conséquences. Les compétitions sont nombreuses, les risques grands. A ceux de l’existence féerique s’additionnent ceux du monde Automnal, qu’il faut malgré tout côtoyer. Et les quêtes, les intrigues et les manœuvres politiques, les tensions et les gobelins en maraude… non, la vie du Sauvageon n’est vraiment pas de tout repos. Mais ce sont eux qui font avancer toute la machinerie, il faut bien l’avouer. Ils constituent la motrice, je crois l’avoir déjà dis. Lorsque l’avenir leur apparaît incertain, malgré leur manque flagrant de projection, ils s’en retournent vers nous, qu’ils pensaient obsolètes.
Si les Sauvageons sont la locomotive, nous constituons les rails.
Nous autres Anciens. Pour le plaisir de la rime, certains Enfançons nous surnomment les ‘Vieux Cons’, ce qui ne nous touche guère. La vieillesse, selon eux, est synonyme d’apathie. Il est vrai que, passée la quarantaine, les Fées ont une forte tendance au repli. Les Satyres ne savourent plus qu’occasionnellement leur passion ; les Sluaghs perdent en amour du secret et se renferment davantage ; rares sont les Vieux Redcaps encore en état de mâcher de la viande d’ogre ; si un vieil Eshu prend la route, on ne sait si il reviendra ; un Pooka âgé s’autorise quelques plaisanteries, à fin de donner le change aux plus jeunes ; les Trolls ridés se placent spontanément en première ligne, préférant à la retraite une mort glorieuse et flamboyante ; un Nocker, à cet âge avancé, frise la perfection, sans jamais l’atteindre – ses jeunes confrères tiendront ses dernières œuvres en très haute estime ; un Boggan dirigera une maisonnée, sans jamais abandonner sa tâche favorite, juste pour passer le temps ; le Sidhe âgé, lui, fera office de roc pour sa faction, un récif qui ne craint plus grand-chose. Nous sommes consultés, nos propres intrigues forment le sang de la société féerique, pour peu que le cœur soit les Sauvageons. Notre savoir, accumulé de longues décennies durant, est âprement quêté, notre avis et notre approbation sans cesse sollicités. N’avons-nous pas combattus, durant la Guerre Civile ? Assistés aux traités de paix, à la fondation du Parlement des Rêves ? N’est-ce pas sous nos yeux que Arcadie s’est fendue en météorites de pur Glamour ? Qui, de nos jours, peut prétendre avoir vu Scaefang repoussé par Sire Auron ? Et cætera. A vrai dire nous aimons ces nombreuses requêtes : elles nous offrent la possibilité de ressasser mille fois les mêmes histoires, de nous souvenir les gloires du passé. Peut-être, ainsi, pouvons-nous retarder la terrible échéance ? Car, un jour ou l’autre, le Brouillard fait son office. La Banalité ronge les Anciens, mon bel ami. Elle pétrît nos corps fatigués entre ses doigts crochus et glaciaux. Tôt ou tard nous tombons, sans rémission possible. C’est un évènement d’une telle tristesse que la majeure partie espère périr au combat avant cela. Nous n’y pouvons rien, malgré tout : l’éternité des Fées n’est plus qu’un souvenir, une utopie que certains recherchent encore. Un Changeling sur cinq atteint cet âge canonique, et personne parmi eux pour échapper à cette terrible conclusion : finalement, contre toute attente, la Banalité l’emporte. Cependant un espoir subsiste, une espèce d’illumination à la sauce bouddhiste ; il est dit qu’une Fée qui s’accorde et au Glamour et au Brouillard, un exploit en soi, peut prétendre à l’éternité et de grands pouvoirs. Billevesées ou vérité, nul ne le sait. Toujours est-il qu’il faut toujours se méfier de ses Anciens : ils en ont vus des vertes et des pas mûres, composé avec pire que tout et survécus pour le prouver. Rien n’est pire qu’un Duc Dray déterminé ou un Boggan Régent : ils savent comment et surtout pourquoi la société féerique tourne. Leur influence et leur sorcellerie sont sans pareilles. Ils dominent les débats, tout en douceur, sans brusquer qui que ce soit – des années de déboires suffisent à faire la différence ! Mais permettez que je vous laisse : j’ai une réunion d’importance. Tâchez de vous laver, nous partirons bientôt en guerre. Il va vous falloir faire preuve de courage : l’ennemi est insidieux, ses troupes cruelles. Cela vous le savez déjà, suis-je bête. Préparez-vous sans vous hâter, finalement : je vous sait déjà prêt.
Allons, à cœurs vaillant rien d’impossible ! »

J’en prend bonne note.
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMer 3 Jan - 14:47

... Musique d'ambiance, plus "musclée", avec vidéo sympa là:

https://www.youtube.com/watch?v=6NvntVb0Q_o

*

Il se retire, à nouveau il verrouille derrière lui. Engrenages minuscules qui s’imbriquent, coulissent, tournent. Je me redresse, soupire. Le temps, maudit soit-il, reprend son cour. Il se réajuste, vibration monotone. Une lumière aveuglante, de derrière cette fenêtre, m’inonde. L’échiquier, pions et têtes réunis dans un bel ensemble, m’observe ; a-t-on rêvé meilleur espion, je me le demande. Je clos mes yeux, inspire profondément. Sous ces paupières, plus lourdes que du plomb, j’aperçois Samson. Un Régent bougon, rongé par l’inquiétude, qui se dirige vers la Salle du Trône. Là, assis autour d’une table dressée pour l’occasion, patientent des grands de ce monde. Le Duc Dray, pareil à un mormon, flottant dans une toge immaculée, dévisage un Commun – Troll de son état, second de Messire Auron. Imperturbable, l’ambassadeur Eiluned de la Cour de l’Hiver médite. Un Nocker, incongru et maugréant, fait les cents pas. Une princesse Sluagh, non loin de là, sourit sans dévoiler son absence de dents.
Samson entre, impérial, tout le monde se lève.
Je rouvre les yeux, plus déterminé que jamais. Il est temps, le zénith est déjà loin. D’un bond je quitte les couettes et leur chaleur, m’approche d’une armoire. Les pièces de l’échiquier sursautent en chœur. Entre deux costumes miteux, au format Boggan, je fais main basse sur mes atours. Qu’une main habile a reprisé, blason compris. Mon épée traîne sous une commode, je m’en empare après m’être vêtu convenablement. Je dégaine, des protestations s’élèvent, chorale de Reines et de Fous. Je passe le griffon sur le tranchant de la lame, arrache cet emblème. Délicatement je dépose le morceau de tissu, non loin du plateau que déposait tantôt un Satyre. Mon attention se tourne vers la porte – aussitôt sa serrure s’enclenche. La faute à la rouille, un peu de Glamour oxydé par le Brouillard qui s’est niché entre les rouages.
« Il fuit ! s’égosille une Tour blanche. »
« Il s’échappe ! renchérît un Fou noir. »
« A la gaaaaaaarde ! »
D’un œil torve, que la langueur hivernale a recouvert d’une pellicule de givre, je fixe le plateau. Aussitôt le bois tremble de froid. Je pousse la porte. Des couloirs semblables à ceux de mes visions. Pierre finement ciselée, chandeliers éthérés – arcs-en-ciel capturés au petit matin – et tapisseries vivantes. Je m’engage, emmitouflé dans ma cape, la main sur la garde. Je croise à un carrefour des servants affairés, qui s’acharnent en courbettes et en bénédictions. Je les abandonne à ces simagrées, poursuit ma route. Des cuisines bruyantes, des remises poussiéreuses, oubliées de toutes et tous. Pas mal de portes en trompe-l’œil, des chausse-trappes et des passages secrets en pagaille. Les tréfonds de la Cour de l’Eté ne sont pas de tout repos ! J’y trace néanmoins ma route, l’oreille tendue, à l’affût de cet air de violon. Je dépasse de vieilles étagères, supportant des tomes que la seule reliure garde en un morceau, longe des cuvées datant d’Arcadie, pousse un dernier battant. Des féeries fossilisées s’ébrouent, mais juste pour la forme. D’un pas ferme je pénètre les écuries ; toutes plus magnifiques que les autres les montures se tournent vers moi. On a bien fait de séparer les griffons des équidés, qu’il s’agisse de licornes, de pégases ou de mon étalon – je n’aurais pas aimé être à porté de serres. Ces nobles chimères me jettent des œillades furieuses, tandis que je glisse sur le dos du destrier. Sa robe me rappelle les glaciers aux arêtes tranchantes, sa crinière le contact des premiers gels. Sa respiration est plus lente, presque mesurée. Une buée compacte s’échappe de ses nasaux. Il éclate son box d’une ruade, bondit hors des écuries, moi accroché à son encolure. Je sais la bête fougueuse et impulsive. Un palefrenier, Troll et Enfançon de son état, nous barre le passage. Une paire de sabot lui enfonce son poitrail épais. La carcasse du page s’en va rouler plus loin. Nous déboulons dans la cour du Château, où des Fées en arme attendent que finisse cette entrevue exceptionnelle – duellistes des Maisons Gwydion et Eiluned, arquebusiers Nockers qui s’invectivent et se lancent des paris. Tous se taisent, les plus vigilants dégainent.
Le temps d’un souffle je puis me mirer.
Grâce en soit rendue à cette fontaine centrale, à l’eau cristalline. Que vois-je ? Un beau diable, plus pâle que la faucheuse, affublé d’atours noirs. Mes yeux sont embrasés, un rictus méprisant ravage mes traits. Je suis tel que je me rêvais, sur ce foutu canapé. Hérault du désastre, oiseau de malheur. Une chevelure de braise parachève le portrait, longues mèches aux allures de cuivre. Une première javeline nous est destinée, je me penche davantage. L’étalon bifurque, accélère, manquant de me jeter à bas. En un clin d’œil nous dépassons la place, ces fantassins sur les talons – droit devant, le pont-levis. Entre lui et nous peu de résistance. Des flèches sifflent à mes oreilles, nous bousculons de rares guetteurs, des crânes rencontrent violemment mes bottes ferrées. Enfin Central Park, les herses qui retombent derrière nous, d’autres salves, éparses, d’archers qui ne le sont pas moins. Ma monture ne ralentit pas : au contraire, elle allonge ses foulées, laissant sur notre passage du givre et un froid évanescents. A l’ombre des arbres, de ce côte-ci du miroir mystérieux et au branchage inextricable, il me faut supporter les gifles et les assauts des feuilles. Puis vient la lumière. Non cette abondance solaire, qui blesse les pupilles et arrache des larmes, loin s’en faut ; un soleil rougeoyant nimbe Manhattan. Le feu couve sous chaque brique, le lierre se pare de sang, un jaune profond consume les ronces. Un crépuscule pour une vie nouvelle, le thème est des mieux choisis. Nous nous engouffrons dans les rues, la silhouette d’un griffon éclipse mon astre mourrant. La traque débute. Nous bifurquons, empruntons des venelles tout juste praticables, négocions des virages périlleux avec brio, mais rien n’y fait : la chimère, envergure déployée, nous suit à la trace. Autour de moi le paysage n’est plus qu’un grand flou, que je devine à peine. Il faut toute ma concentration pour ne pas chuter. Implacable, la bête ailée se rapproche ; d’abord vague silhouette, ensuite point grossissant, c’est maintenant un monstre tout en plumes, en serres et en muscles. Son bec acéré ne semble pas prêt à un quelconque compromis. Il navigue avec aisance entre les façades et à ras des toits. C’est un griffon royal, un des rapaces élevé par le Roi Lugh.
Je hurle un rire de défi.


Dernière édition par le Mer 3 Jan - 14:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMer 3 Jan - 14:47

... bis...

*

La chimère en retour mugit, bat plus ardemment ses ailes. Une rencontre est à prévoir, un duel bref et intense. Je dégaine, me redresse, ma monture fait le reste, menant notre barque avec panache. Puis c’est l’impact, le drame, la catharsis. Nous bondissons au-dessus d’un parapet, quelque part entre Grand Central et une église, le griffon referme ses serres à deux pouces de ma tête. J’assène un coup terrible, mon bras manque de se briser. Ma lame est fendue, le choc entame à peine le ramage de la chimère. Fatalement, un malheur ne s’invitant jamais seul, je chute. Poupée désarticulée je roule sur les pavés, l’étalon tombe à son tour, sur un hennissement frustré. Le griffon se pose, majestueux, sur un toit, ses yeux opalins posés sur moi. Je me redresse, empoigne mon épée tronquée, tandis que ma monture s’interpose. Tendu, le duo de chimères se jauge, j’avise pendant ce temps de potentielles issues. Hélas ni souterrains ni bouches du métropolitain. La misère. Sa majesté ailée pousse un cri perçant, s’envole haut, bien haut, trop vite à mon goût. Une fois au firmament la bestiole fond tout à fait. L’heure est venue, je brandis ce semblant d’arme, vaillant et imbécile. Puisqu’il s’agit de crever, pourquoi ne pas prouver à ces Seelies insolents qu’un Unseelie peut, lui aussi mourir avec bravoure ? Ce bec se rapproche, j’en entraperçois les contours tranchants. Un air de violon, une pluie de pétales noires, je suis aveuglé, jeté au sol, plaqué par des dizaines de mains crochues et de bras malingres. Je ne les ai pas vu venir, ces hordes de gobelins, que je croule sous leur masse. Grouillement de faces contrefaites, haleines fétides – il faut de tout pour faire un monde. Ils forment au-dessus de moi un nid nauséabond, un semblant de rempart. Leurs guenilles empestent, leurs piaillements me vrillent les tympans. Me débattre ? A quoi bon ? Des ongles sales écorchent mes poignets, de maigres crocs, parfois déchaussés, entaillent mes genoux. Je ne vois plus qu’eux, qui s’empaquettent les uns contre les autres, jusqu’à m’en couper le souffle. Les gobelins puent, c’est de notoriété publique. Mais cette puanteur ne dure pas : une serre d’or déchire le cocon de chairs, emportant au passage une douzaine de créatures. Aussitôt remplacés ! A peine un de mes sauveteurs est réduit en charpies que deux autres se joignent à la mêlée ! Encore un coup déchiquette la masse, m’aspergeant d’ichor. Cette fois-ci la serre m’a manqué d’un cheveu, je m’agite mais n’y puis rien : ils sont bien trop nombreux affalés sur moi. Des nausées me gagnent, la peur n’est pas très loin derrière ces spasmes. Un bec se fraie un chemin de sang, claque à deux pouces de ma gorge. Une seconde durant je puis me mirer dans ces yeux opalins. D’autres gobelins, toujours eux, se jettent dans la masse, s’y glissent pour mieux y mourir. Par grappes le griffon s’en saisit, les broies, creusant son chemin jusqu’à moi.
Enfin la lumière du crépuscule me revient.
L’ombre de la chimère me domine, les gobelins s’enfuient aussi vite qu’ils sont apparus – un simple clignement d’œil, un vague battement de sourcil, ils ne sont plus là. Ne laissant derrière eux que quelques défunts. Les autres feront un agréable festin. Ma monture gît, le flanc percé, à des toises de là ; elle tente de se remettre sur pied, en vain. Ses ruades aggravent ses hémorragies. Mon adversaire… que dis-je ?... Mon ennemi fait crisser ses ergots contre les pavés, en déchaussant deux par erreur. Son regard ne me quitte plus. Je suis sans arme, englué dans des viscères de gobelin, mon armure ne vaut plus rien. Si : elle m’alourdit et me gêne. Un grondement sourd, purement de protestation, franchit mes lèvres. La bête ne se formalisera point : je suis un parjure, un traître. Nul besoin d’épée au monstre que je suis pour être occis par une si noble créature. Une fois de plus, la messe est dite. D’ailleurs un orgue, dans le lointain, entame une marche funèbre, rapidement accompagné par un tambourin, discret mais insistant. Le griffon arme un dernier coup de patte, paraît savourer l’instant. La Maison Gwydion est ainsi : elle oublie vite ses défaites et goûte longtemps aux fruits ses victoires. Je ne ferme pas les yeux, bien au contraire, je les ouvre davantage, ultime défiance. Malgré les sucs gastriques qui engluent mes paupières. Un air de violon complète le concerto. A l’instar du griffon doré j’arque un sourcil. Un hallali s’abat sur nous. Une apocalypse de pétales de roses noires. Ce fichu ragnarok nous environne et nous presse, obstrue nos narines et bouche nos oreilles : il s’y mêle une cendre lourde, aux relents d’ancienneté. Puis le calme revient. Le tambourin et l’orgue se sont tus, le violon les imite. Il me fait dos, ce sombre Sidhe. Sa couronne d’or penche toujours, accessoire trop lourd pour une nuque si maigre. La chimère se reprend, fait craquer ses ailes. Sa respiration s’est alourdie, à ce point qu’elle semble pénible. Le noble rapace s’ébroue, vindicatif.
« Quelle méchante intention, maugrée le nouveau venu. »
Sa vois n’est plus celle qui chuchotait au creux de mon oreille. Non, ses intonations sont bien plus puissantes, son ton plus ferme.
« Je te bannis, oiseau de malheur : Samson et moi avions un marché ! »
Il brandit vainement son poing : la bête gronde. Elle pèse de tout son poids sur les pavés, gonfle le poitrail, menaçante. Si une certaine hésitation ne s’était pas insinué en son cœur nous ne serions tous deux plus qu’un tas de viande. Elfiques, tout de même, les morceaux de bidoche. On y aurait peut-être trouvé des oreilles pointues intactes ? Mais quel est ce doute ? Celui qui remue en moi… je revois ma vie. Si insipide, dénuée de beauté mais emplie de solitudes. Ce froid, lorsqu’au petit matin on ne trouve – comme d’habitude – personne contre son flanc. La vanité, celle qui anime le corps esseulé et le fait jaillir de sous les couettes glaciales. Enfin l’amour faussement partagé, promesse de compagnie, aussi mauvaise soit-elle. Remède pire que le mal et ses symptômes réunis. A quoi bon vivre, dans ces conditions ? Pourquoi ne pas préférer à la solitude ou à ses fausses prescriptions la fin ? Que ne vaut pas la mort, en pareille circonstance ? L’espoir ? Relégué aux oubliettes, celui-la. Alors autant se jeter sous les serres du griffon. Ça, au moins, ça a un sens.
Quel griffon ?!
Je rouvre en grands les yeux. Satanées paupières, qui se refermaient lentement, tandis que je glissais, abattu par ces pensées, sur le pavé. Tendrement, trop, le Sidhe pose sa main sur l’encolure de la chimère ailée. Elle frémit, incapable de composer avec les émotions qui l’envahissent soudainement. Pour elle c’est une première, alors que pour nous autres mortels c’est la leçon de toute une vie. Nous nous y faisons avec l’âge, le griffon ne peut que supporter et encaisser. Ses muscles se contractent, sa tête massive se dodeline, l’elfe dégaine une lame courte, aux reflets de Fer Blanc. Un dernier rayon de feu sur les façades, un gobelin finit de se vider de son sang sur le sol, l’anonyme glisse quelques mots à l’oreille dorée de la chimère.
« Désolé. Je n’ai rien contre toi, mais ton maître mérite une leçon. »
Simples murmures, qui résonnent tels un gong. Une lame s’abat. Un estoc, asséné avec force et maîtrise, sur l’échine. Le cuir au reflet métallique cède, flot d’or en fusion, l’épée pénètre l’os, le sectionne. D’un revers de main le Sidhe tranche la tête du griffon, qui tombe. Aussi simplement que cela. Un tour de poignet, une once de sorcellerie, le tour est joué. Maladroite, la carcasse s’écrase de tout son long, répand de son hémoglobine embrasée entre les pavés. En refroidissant il forme des veines d’or entre les pierres. Sombre, emplie de mystères et de chuchotements, la nuit tombe tout à fait. L’anonyme se tourne vers moi, une joie irrépressible transfigure son doux visage. Il approche, me remet délicatement sur pied, révélant son bras. Ce n’est guère qu’une branche noueuse, sèche, parsemée d’escarres racornis. Lorsqu’il me serre contre lui ses ongles crochus, noirs, s’enfoncent dans ma tunique, jusqu’à en chatouiller ma peau.
Une dernière vision m’assaille.
Samson, à bord d’un navire volant, qui ronge son frein. L’inquiétude ravine ses joues, il marmonne et jure dans sa barbe. Ses yeux s’écarquillent – nous nous fixons, par-delà les lieues, il réprime quelques pleurs. Je pourrais cracher à ses pieds, même symboliquement, avec perfidie lui sourire. Non, me résoudre à de telles bassesses serait trahir le sang qui coule dans mes veines, réduire à néant mon rang. Nous nous fixons, tout simplement. L’adieu de vieux compagnons d’arme, silencieux et discret. A quelle occasion faisions nous front commun ? Il y a très longtemps de cela, lors de l’Exode des Sidhes, je soutenais le Boggan contre des hordes de Redcaps et de Trolls, à ce point mécontents qu’ils agressaient les elfes sur le départ. Belle bataille, je dois bien l’admettre. Pendant que les Seelies prenaient la poudre et l’escampette, nous repoussions – sorcellerie et lame côte à côte – les Communs désireux de massacre. Me semble-t-il nous partagions même un Vœu, peu de temps avant que les Chemins vers Arcadie ne se ferment. Un Vœu d’amitié, auquel j’accordai peu de crédit. La Banalité a érodé cet engagement futile, à l’époque déjà je me doutai des ravages que causerait le Brouillard. Un vœu caduc, qui forcerait le futur Régent à m’accueillir et à me protéger lors de mon retour. Nous ne doutions pas qu’un jour les Chemins se rouvriraient. Ensembles, seuls mais si distants, nous nous remémorons. Autour de Samson des membres d’équipage s’agitent, activité abracadabrantesque de Nockers et de Satyres. Des Sidhes en arme s’entraînent. Finalement, plus par courtoisie qu’autre chose, je lui souris. A ma grande surprise il fait de même, me tire son chapeau. Sa grimace résume sa pensée, que je cerne si bien : « nous nous retrouverons, dit-il sans prononcer une parole. Et alors nous réglerons nos comptes. » Mes lèvres ne s’en étirent que davantage.
Atroce, une douleur s’abat sur moi.
Mon être tout entier se convulse, je manque de briser l’émail de mes dents, tant mes mâchoires se crispent. Aigue, la souffrance balaie mes pensées, m’arrache à la vision de Samson. Elle s’étend depuis mes yeux jusqu’aux plus lointaines extrémités, bafoue mes sens et m’arrache un cri d’agonie. Mon sauveur resserre son étreinte, murmure à mon oreille des mots aigres-doux que je discerne trop mal. Une flamme dévore mes paupières, ma peau se noircie ou se craquelle, au choix. Puis plus rien. Sans lui je glisserais au sol sans pouvoir me relever, proie facile pour l’expédition que dirige le Régent. Aussi vite apparus, aussi vite évanouis, les puits de souffrance ne laisseront dans ma bouche qu’un goût âcre et persistant. Il me caresse les cheveux, me berce contre son sein. Sa couronne, négligemment suspendue à une masse capillaire, m’écorche le front.
« Laisse-toi aller, mon beau Comte, dit-il doucement. Ce n’est rien, rien qui vaille la peine de s’y attarder. Te voilà aussi déformé et contrefait qu’un digne Balor se doit de l’être. Un seigneur de guerre en devenir, plus noir que l’obsidienne sur le champ de bataille. Terrible menace sur les Seelies, qui plane, insidieuse, au-dessus de leurs têtes couronnées. Tes yeux brûlent avec assez d’ardeur pour consumer ton corps. Jamais plus tu ne dormiras : tes paupières ne sont plus. Eternellement vigilant, tu verras venir la Nuit Eternelle, pour mieux y régner. Mes alliés de ta Maison seront ravis de leur voir revenir un héros si illustre ! Qu’on se le dise, le terrible Comte Albrecht est de nouveau des nôtres ! Que sonnent les cornes de la Lignée Balor, que se réjouisse la Cour des Ombres ! Il est de retour ! »
Enfin sa voix s’élève, fait trembler les étoiles et se fendre les toits. Je ne suis plus qu’un bout de charbon entre ses bras, d’entre les plis de sa robe un archet me chatouille l’abdomen. Mais, alors, à qui appartiennent le tambourin guerrier et l’orgue funèbre ?
« Voilà ton Saining, mon magnifique prince, poursuit l’anonyme. »
Timbre suave, qui se glisse jusqu’en mon cœur, le ravivant.
« Nous te confierons à un des nôtres, pour mieux compléter ce que ce maudit Samson t’a enseigné. De ce côté-ci du miroir les saveurs ne sont pas les mêmes. Tu comprendras bientôt, après que je t’ai ramené aux tiens. Je devrais être de cette fête, les Balors ne sont pas de si mauvais bougres que cela. Ne t’inquiète donc pas : les plaies que tu accuses ne sont pas de véritables blessures, juste l’héritage du sang que tu charries. Allons, partons : je sens déjà cette Cour de l’Eté, usurpatrice, qui pointe le bout de son nez. »
Des ombres s’épaississent, un Chemin improvisé s’ouvre sous nos pieds. Des créatures s’y dessinent, formes abscons, toutes en griffes et en gueules, à l’affût d’une intrusion. Nous tombons sans anicroche, entre ces bêtes voraces, énormes. Je jette un dernier regard, douloureux, aux cieux : il y a bien, entre la Voie Lactée timide et des constellations maquillées, un navire qui trace sa route, mollement, cheminées crachant. Jamais, non, jamais, je n’avais été si bien. Mon âme s’éteint, je sombre dans une douce inconscience, malgré mes yeux éternellement ouverts.
Bon gré mal gré.

FIN
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMer 3 Jan - 15:49

excellent !!! c'est carrément trop bon !
Félicitations... bon je crois que tout le monde aura compris que je suis addict à ce cher Lac' ! Embarassed
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMer 3 Jan - 15:55

Tu y as cru? Twisted Evil remusique d'ambiance (avec bass, donc avec du son, sioûplait.). Un groupe que j'aime beaucoup beaucoup, mis en image sur du Métropolis, là:

https://www.youtube.com/watch?v=ZyL9GCAfTjw

*

Hein, quoi ? « Fin » ?
« Et puis quoi, encore ?! s’emporte un Redcap. Plutôt me bouffer les bijoux de famille ! Restons corrects, putain de bordel de trou à chiasses ! »
A l’entendre, c’est sûr, on croirait ouïr un Nocker mal luné. Ou pire encore ! Non, ce n’est qu’un Redcap, Enfançon de son état, qui jure et crache, sur la place. Il a tout vu, tout entendu. Il aurait bien aimé intervenir, mordre jusqu’à ce que mort s’ensuive ces deux elfes, là. Histoire de leur faire regretter une telle trahison ! A quoi ressemble-t-il ? Rien de plus qu’un nabot aux atours décrépis, exception faite de sa batte de baseball dorée et de ses rollers du même acabit. Pourvu en dents acérées et longues, nombreuses, le nain de jardin. Et pas seulement pour la déco : il sait y faire, le Gamin à la Batte, lorsqu’il faut dévorer des récalcitrants ou des criminels. Voilà pourquoi il seconde la Prévôté, l’Enfançon. A but affiché de se remplir la panse et de se faire les dents. Un Redcap Seelie trouve toujours une raison pour se baffrer.
« Trou de pute viande à foutre fiente syphilitique mormon décati couille putride ! »
Il s’essouffle, grogne, rajuste sa casquette. Plutôt que de courir rejoindre Samson, qui atterrit deux avenues plus loin, l’informer de ce qu’il a entendu – Balor, Cour des Ombres et cætera – il avise les corps des gobelins. Celui du griffon l’intéresse peu : pas assez tendre à son goût. Il lui faudra attendre quelques années pour apprécier la saveur, trop rare, d’une telle chimère. Par contre, la viande de gob’, il ne dit pas non. On peut l’agrémenter d’épices diverses et variées : boulons, rouille, sauce béchamel, marinade d’hydromel, aux cèpes, vin d’arc-en-ciel, beurre persillé, c’est une chair plus raffinée qu’il n’y paraît. Fondante et résistante à la fois – à cause des nerfs, que l’on y trouve en grand nombre – elle fait le régal des gourmets. Trop rare, hélas : le gobelin est une créature lâche, qui laisse rarement derrière elle ses morts. Normal : il y a peu de mets plus raffinés. Du coup le Gamin à la batte hésite, se tâte. Prévenir derechef le Régent, ou savourer en bonne compagnie un tel plat ? Poêlé, c’est encore meilleur. Son pied fluet bat la mesure, il se frotte le menton. Finalement il s’empare d’une dépouille, se lèche les babines, distendues. Les révélations attendront, sacrebleu ! Il est déjà trop tard pour niaquer du Sidhe, son plat de prédilection. Autant se gaver de gobelin, c’est tout aussi savoureux.
« Et puis, autant le dire, là où il y a une lumière il y a des ténèbres. Proverbe coréen, je crois, sourit l’Enfançon. »
Comme pour justifier et son estomac et sa conscience, tous deux coupables. Il traîne la carcasse, quitte la place. Plus loin, à peine la passerelle est sortie, Samson et ses acolytes jaillissent du navire volant. Une forme immense, mais titubante, s’approche ; Sire Auron, groggy, s’effondre à leurs pieds. Sauf, malgré tout. Sa captivité ne doit pas avoir été des plus terribles.
« Morale à deux balles – une pour la Banalité et une pour se donner bonne conscience… »
… pour toute conclusion, un très jeune Redcap se justifiant, donc.

That’s all, folks ! : -p


Dernière édition par le Mer 3 Jan - 15:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMer 3 Jan - 15:56

sans moi la lecture aujour'hui lol!
tchoum !!!!! Sleep
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyLun 15 Jan - 21:57

lu la moitié... je me pose une question : est ce que tu sais différencier l'est et l'ouest ? Twisted Evil

Citation :
Nous dirigeons depuis toujours cette Cour, tout le long de la côte ouest.
Twisted Evil
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMar 16 Jan - 12:10

Ha ouais, mince... C'est la faute à Nihiloth... :P
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyMar 16 Jan - 12:21

non j'ai l'impression que c'est un virus d'auteur sunny
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyLun 29 Jan - 15:03

... et pendant ce temps, nulle trace des autres dragons, dont le nom, lentement, tombe dans l'Oubli...

Ceci était un message à caractère informatif de la Maison Eiluned. Suspect
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MessageSujet: Re: [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC]   [Changeling: The Dreaming/ chronique NYC] - Page 4 EmptyLun 29 Jan - 15:05

oui je sais j'ai pas fini de lire , mais bon t'as pas fini non plus ta premiere partie de racontage loup garou alors Twisted Evil
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